07-12-2017 01:30 - Service minimum pour Macron à Alger

Service minimum pour Macron à Alger

Mondafrique - L’escapade d’Emmanuel Macron en Algérie, ce mercredi 6 décembre, ne durera que quelques heures. Le temps d’aborder la question prioritaire pour le président français de la sécurité au Sahel.

L’heure n’est plus aux relations privilégiées entre Paris et Alger telles qu’Emmanuel Macron les avait laissées entrevoir lorsqu’il s’était rendu en Algérie pendant la campagne présidentielle, porté par un discours courageux sur les responsabilités françaises dans les crimes du colonialisme.

Attendu ce jeudi au Qatar, le président français ne passera que quelques heures dans la capitale algérienne, lors d’un déplacement présenté de part et d’autre comme une simple “visite de travail”!

Cette formule minimaliste retenue arrange les deux capitales. A Alger, une visite d’Etat protocolaire aurait mis mal à l’aise les autorités algériennes”, compte tenu, note le quotidien “El Watan”, “des difficultés évidentes du président Bouteflika d’assumer les charges d’un protocole laborieux et exigeant du fait de sa maladie.” Autant dire que le chef d’Etat algérien devenu l’ombre de lui même, n’est évidemment plus à même de recevoir les hôtes étrangers.

Prudence de la France

Du coté français, personne ne souhaite non plus que le séjour s’éternise. En privé, Emmanuel Macron ne se privait pas de dire, ces dernières semaines, qu’il “n’irait à Alger, tant que les deux Présidents ne sont pas en mesure de tenir une conférence de presse commune”. Pourquoi l’Elysée prendrait-il date avec un chef d’Etat dont les jours politiques sont comptés et qui n’a en rien préparé sa succession?

Espérons simplement qu’Emmanuel Macron ne commettra pas le même faux pas que son prédécesseur François Hollande, qui en sortant d’une rencontre avec Bouteflika, avait confié à la presse combien le président algérien était en pleine possession de ses moyens.

Le Sahel, seul véritable enjeu

Pour autant, Emmanuel Macron ne pouvait pas se priver d’une telle échappée à Alger. Ne serait-ce que pour ne pas donner prise aux reproches récurrents des Algériens de favoriser le frère ennemi marocain, Mohammed VI.

Surtout la seule obsession de l’Elysée dans cette partie du monde est échapper au guêpier malien et plus généralement de remettre les clés de la sécurité au Sahel aux chefs d’Etat africains du G5, ce groupe d’Etat qui comprend le Niger, le Mali, le Burkiba, la Mauritanie et le Tchad.

L’objectif est autant financier, réduire la note salée des “opérations extérieures” de l’armée française, que stratégique. Comme Emmanuel Macron l’a affirmé à Ouagadougou et à Abidjan, il s’agit de refonder le partenariat entre la France et l’Afrique sur d’autres bases que militaires.

Le malheureux ministre des Affaires Etrangères, Jean yves Le Drian, qui participe au voyage en Algérie, devra assister en direct à l’enterrement de la politique qu’il menait au ministère de la Défense sous le règne de François Hollande.

La certitude d’Emmanuel Macron est qu’il a besoin d’Alger pour jeter les bases d’une nouvelle politique sécuritaire. Or la force anti terroriste que la France et l’Europe tentent de mettre en place à travers le G5 peine à trouver ses marques notamment parce que l’Algérie, puissance militaire dominante de la région, n’a pas vraiment appuyé l’initiative.

Autre illustration du rôle central de l’Algérie, les accords de paix qui ont été signés à Alger en 2015 entre le pouvoir de Bamako et les groupes armés du Nord Mali ne seront vraiment appliqués là encore qu’avec la bénédiction de l’Algérie.

L’entrevue qu’Emmanuel Macron aura avec l’actuel Premier ministre Ahmed Ouyahia, qio est aussi un ancien ambassadeur à Bamako, pourrait bien le point d’orgue de cette rapide visite de travail en Algérie.

Par Nicolas Beau



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Source : Mondafrique
Commentaires : 2
Lus : 1977

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (2)

  • leguignolm (H) 07/12/2017 10:09 X

    A quand Macron en Mauritanie, il a fait plusieurs fois le Mali,il a fait le Sénégal, il fait le Maroc et en fin l’Algérie mais qu'est ce qui le fuir de la Mauritanie? Il pareil que « La France ne fait pas de diplomatie publique » sur la situation des Droits de l’homme en Mauritanie. Je interpelle notre camarade Mohamed Ould Massaoud le grand activiste pour la question d'esclavagiste d'ouvrir ses yeux, lui qui cherche toujours les autorités Françaises s'ingèrent dans la question esclavagiste en Mauritanie.

  • jakuza (H) 07/12/2017 06:19 X

    Article de bonne facture de l'ami Nicols, que je commence à trouver presque...Beau! Surtout qu'il évite pour une fois de s'en prendre à Aziz! A mon avis, Macron est dans une opération "soldes de tous comptes" en Afrique où la Chine a ravi à l'ancienne puissance coloniale sa position dominante. Il reste à faire bonne figure et comme l'expliquais Macron lui-même, faire en sorte que les problèmes des africains soient réglés par les présidents africains! Ces derniers saisissent-ils ce message ... d'adieu?