08-12-2017 09:12 - Mauritanie: la fête d'indépendance relance le débat sur le passif humanitaire

Mauritanie: la fête d'indépendance relance le débat sur le passif humanitaire

Le360 - La célébration du 57e anniversaire de l'indépendance de la Mauritanie le 28 novembre dernier, dans la ville de Kaédi, relance le débat sur le passif humanitaire dans le pays.

La célébration du 57e anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie à Kaédi, dans la vallée du fleuve, relance le débat sur l’épineuse question du "passif humanitaire", mots pudiques désignant les exécutions extrajudiciaires de plusieurs centaines de militaires négro-africains en Mauritanie entre 1990 et 1991.

Commentant la valeur symbolique de l’organisation de cet événement dans la grande ville du Sud, le ministre mauritanien de la Défense, Diallo Mamadou Bath, déclarait il y a quelques jours que «l’Etat est dans une logique de résolution de la problématique du passif humanitaire pour mettre le pays sur la voie d’une véritable réconciliation nationale».

Une déclaration saluée par le PMRC Arc en ciel, un parti de la mouvance nationaliste noire se réclamant de l’opposition dite modérée, dans une déclaration publiée jeudi.

Un document dans lequel les camarades de Ba Alassane Soma, président du parti, expriment «leur satisfaction au sujet de l’approche adoptée par le gouvernement pour le parachèvement du règlement du passif humanitaire».

Ce parti «exhorte le gouvernement à la mise en place de tous les mécanismes adéquats pour une solution consensuelle et légitime à ce dossier dans l’esprit compris de l’aboutissement à une véritable réconciliation nationale».

Réseaux sociaux à fond dans ce débat

Sur les réseaux sociaux, le débat anime à nouveau les discussions. Le Pr Lô Gourmo, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP), un parti d'opposition, rejette la démarche des autorités. Ce haut responsable estime en effet que «réduire la question des crimes de masse contre les militaires négro-africains en 1990 à une question de sous à verser aux ayants droit, c’est rendre leur blessure encore plus purulente et leur douleur plus vive. C’est les mépriser et mépriser tous ceux qui, au sein de notre peuple, toutes races et ethnies confondues, luttent avec détermination pour que soit dite enfin, toute la vérité, avant tout autre démarche de l’Etat».

Au contraire, Diallo Kadiatou Malick, ex-députée de l’UFP, perçoit «quelque chose de positif dans la réaction du pouvoir, qui semble avoir compris que ce dossier n’est pas clos, contrairement à une annonce faite il y a un an par le président Mohamed Ould Abdel Aziz à Nouadhibou. Il essayera comme la dernière fois de jouer sur la vulnérabilité des ayants droit. Mais cette fois, l’expérience passée devrait servir de leçon».

Quant à Sid’Ahmed Ould Meiloud, il admet que «le Professeur Lô Gourmo a raison. Mais les veuves doivent accepter tout geste venant d’un pouvoir dont les mains ne sont pas trop souillées par les tueries de novembre 1990, en continuant à réclamer le reste, c’est-à-dire la reconnaissance, et une demande de pardon, car c’est à ce moment que ces indemnisations auront un sens».

Ces crimes à caractère ethnique ont été commis par le régime du président Maouya Ould Sid’Ahmed Taya (1984/2005). Toutes les plaintes et réclamations des proches des victimes auprès de la justice mauritanienne sont restées sans suite.

A l’arrivée au pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz, certains ayants droit ont perçu des enveloppes dans le cadre d’une vaste opération nationale visant à indemniser tous les militaires chassés de l’armée à partir de 1981. Une démarche non exclusive aux crimes des années 1990.

Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya




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Source : Le360 (Maroc)
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Commentaires (2)

  • ngaari aalam (H) 08/12/2017 20:50 X

    Le régime n'est pas sérieux, c'est une répétition eternelle. Le président cherche a enterrer le dossier de génocide dés haalpulaar par des nègres de services haalpulaar (ministre de la défance, de la justice) pour préparer l'élection de son dauphin ou sa propre election qui ne pourra aboutir qu'avec le soutien sans faille dans le sud, car dans le nord du pays l'electorat est divisè. Tout celui celui qui croit que c'est une bonne chose de reouvrir ce dossier, c'est qu'il n 'a rien compris comment nos régimes fonctionnent. C'est une nouvelle manipulation dans le sens d'un troisième mandat.

  • Bilal Muezzin (H) 08/12/2017 11:32 X

    J’avais lu l’interview madame Houlèye Sall sans réagir, mais cette fois-ci je voulais apporter ma contribution sur cette situation qui prévaut dans ce dossier ou certains ont utilisés de l’influence pour intimider les veuves, ce qui n’est pas normale et doit être condamner par les ONGs des droits de l’homme. Je salue la position du PMC Arc-en-Ciel, je salue aussi la lucidité de son bureau Exécutif et la clairvoyance de son président monsieur Balas, il ne manque jamais une occasion pour se faire entendre dans des circonstances pareils, Balas est un homme politique du centre qui manié le langage politique le bien et le mal, il félicite et dénonce à la fois. Cette position de réconcilier les mauritaniens est une bonne chose et je sais que le PMC Arc-en-Ciel est un grand parti, c’est-à-dire son bureau exécutif et ses militants, ils savent appréciés et jugé une situation politique et judiciaire, il faut compter sur eux pour l’unité nationale et la cohésion sociale, merci Président Balas.