21-01-2018 08:29 - Mauritanie: que vaut la loi anti-discrimination adoptée jeudi ?

Mauritanie: que vaut la loi anti-discrimination adoptée jeudi ?

Le360 - L'Assemblée nationale a examiné et adopté un projet de loi réprimant le phénomène de la discrimination au cours d'une séance plénière qui s'est déroulée jeudi. Un texte qui pourrait tendre un peu plus les relations entre les autorités et la mouvance antiesclavagiste.

Dans un contexte tendu entre les autorités, les organisations antiesclavagistes et les ONG de défense des droits humains, la Mauritanie a décidé de légiférer sur la discrimination. Ainsi, l’Assemblée nationale a examiné et adopté un projet de loi sur la question au cours d’une séance plénière qui s’est déroulée jeudi après-midi.

Dans sa mouture, le nouveau texte comporte 28 articles répartis en quatre chapitres, «dont le premier se rapporte à l’ensemble des dispositions générales consacrées aux définitions permettant de lutter contre la discrimination.

Les deuxième et troisième chapitre prévoient les sanctions pénales applicables aux crimes de racisme et de discrimination, alors que le chapitre 4 aborde les dispositions finales», selon les explications fournies devant les députés par le ministre de la Justice, Dia Moctar Malal.

Ce projet de loi s’inscrit dans le contexte de mise en chantier d'«un plan d’action visant à prévenir et combattre la discrimination. Celui-ci comprend une série de mesures politiques, économiques et sociales». Le texte, adopté jeudi par la représentation nationale, est la dimension judiciaire et juridique de la démarche.

Ainsi, la nouvelle loi «définit les concepts de discrimination, en particulier les discours de haine et les groupuscules identitaires spécifiques. Elle vise également à aggraver les peines applicables en matière de crime, de racisme et de haine en les considérant comme des infractions imprescriptibles et en leur appliquant l’article 36 du Code pénal».

Cette disposition prévoit une condamnation en matière criminelle de 5 ans et plus et comporte des peines complémentaires et de sûreté permettant de priver les individus condamnés de tous, ou partie de leurs droits civiques, politiques et familiaux pour une période de 5 ans.

Toutefois, «le projet de loi tient compte de l’exception prévue par les dispositions légales protégeant certains groupes tels que les journalistes qui ne peuvent être emprisonnés». Pour de nombreux observateurs, l’adoption de ce nouveau texte devrait crisper davantage les relations entre le pouvoir de Nouakchott et les ONG de droits humains et antiesclavagistes, à l’image de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), régulièrement stigmatisé comme «un groupuscule extrémiste et sectaire» et qui ne cesse de dénoncer «l’esclavage, la discrimination et le racisme».

De manière générale, l’histoire de la Mauritanie a été marquée par le phénomène de l’esclavage domestique. Mais cette question reste encore au centre d’un débat polémique. Par ailleurs, le pays a connu des remous identitaires pendant les années 1980/1990, entraînant de graves crimes à caractère ethnique.

Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya




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Source : Le360 (Maroc)
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Commentaires (3)

  • sraghaa (H) 22/01/2018 11:22 X

    Si cette loi ne peut pas mettre en prison tout celui qui incite à la haine raciale ,elle ne servira pas à grand chose

  • Bertrand (H) 21/01/2018 12:39 X

    Ce qui s'est passé en 1980/1990 s'était des mauritaniens utilisés par des étrangers qui se sont donné la mort. S'était presque une guerre civil nourrie par les chauvinistes de part et d'autre.Chacun tuer croyant se protéger devant la détermination de l'autre de tuer. Cette guerre civile avortée avait même toucher les mauritaniens au Sénégal qui ont souffert le martyr.

  • Kanou_matam (H) 21/01/2018 10:24 X

    La discrimination est un phénomène multiforme. En Mauritanie, certains concepts de discrimination sont tout simplement culturels. Il est très courant de demander à une personne rencontrée par hasard le nom de sa tribu ou son sante. En premier lecture, c’est une simple demande innocente mais le problème est qu’on ne respecte pas le droit de cette personne à garder son origine surtout que ce genre de requête remonte au moyen âge. Ce genre de reflexes devrait être banni, tout particulièrement dans les lieux du travail où l’employeur tombe souvent dans les travers qui consistent à traiter ses employés suivant leur rang social. L’autre jour, j’ai assisté à une scène intrigante. Au marché, j’ai entendu un homme de couleur dire « je ne suis pas un hartani ». Un autre lui a répondu « hartani ou kori vous êtes tous des balck…vous pensez que les français ou les anglais feront une différence entre vous ? ». Personnellement, je pense que les sobriquets « nar, kori ou hartani » portent un sens péjoratif à connotation raciste et doivent disparaître du vocabulaire local.