07-02-2018 11:17 - L'Editorial du Calame : Et pourtant elle tourne…

L'Editorial du Calame : Et pourtant elle tourne…

Le Calame - Occultée quelques temps, la question du troisième mandat revient au-devant de la scène. Et pas n’importe où : à l’Assemblée nationale, s’il vous plaît ! Un député, spécialiste du retournement de boubou, a demandé, ouvertement, au président de la République de violer la Constitution, en se présentant à la prochaine présidentielle.

L’élu, qui a bénéficié, il y a quelques mois, d’un quota de poulpes (cédé à un opérateur, contre monnaie sonnante et trébuchante), veut, sans doute, rendre la monnaie de la pièce à son bienfaiteur. Bien qu’Ould Abdel Aziz a dit et redit qu’il n’y consentirait pas.

Même si ce n’est pas l’envie qui lui manque. « Le pouvoir a un de ses goûts ! », disait feu Mokhtar Ould Daddah. Et, en effet : entre notre guide éclairé et le pouvoir, c’est une longue histoire d’amour. Principal auteur du coup d’Etat de 2005, Il y resta d’abord dans l’ombre, tirant les ficelles. En 2007, il propulse un civil à la tête de l’Etat et se propulse général chef d’état-major à la Présidence.

Y prenant tant d’aises que ledit civil dut s’enhardir à le limoger, avant de se voir à son tour limogé, illico presto, par l’étoilé furibard de tant d’audace sans armes. Bizarre, ce pays où des généraux démis ne se trouvent pas mieux, pour justifier leur coup, que d’accuser le Président d’avoir « décapité » l’armée.

Enfin, bref, voilà le pays désormais à la botte du général… qui s’empresse de changer de chaussure et profil, histoire de paraître civilisé. En 2019, il aura totalisé onze ans de pouvoir.

Ce qui, comparé à certains dinosaures arabes et africains, n’est pas grand-chose, vous en conviendrez. Mais notre pays a cette particularité d’avoir verrouillé la Constitution, pour éviter que, débotté ou non, nul ne puisse se prétendre indispensable.

L’opposition affûte déjà ses armes et la rue, qui commence à en avoir assez de ces années de disette, acceptera difficilement qu’on la trompe de nouveau. Après les slogans tapageurs de 2009, « lutte contre la gabegie », « fin des inégalités » ou « justice sociale », qui se sont révélés vaines et creuses promesses, elle aspire désormais à un mieux-être, une éducation de qualité, un système sanitaire fiable, de vraies infrastructures, plus d’emplois et justice effectivement équitable.

Autre donnée incontournable : les partenaires au développement veillent au grain. Ce n’est, en effet, pas un hasard si le représentant de l’Union européenne et, en suivant, l’ambassadeur de France, ont, tous deux, insisté, dans des interviews au Calame et à Al Akhbar, sur la promesse solennelle d’Ould Abdel Aziz à ne pas requérir un troisième mandat, et l’en ont félicité.

Des propos qui n’ont apparemment pas plu au porte-parole du gouvernement dont l’ire était perceptible, lors de sa rencontre hebdomadaire avec la presse. Le ministre ne voulait peut-être pas que des étrangers évoquent un sujet « tabou ». La question n’aurait, pourtant, jamais dû jamais se poser, dans un Etat se réclamant de Droit, respectueux de ses institutions et de sa loi fondamentale.

Il existe une Constitution, elle est en vigueur et prévoit deux mandats, point final. Appeler à la violer doit valoir, à son auteur, de lourdes peines, amende et inéligibilité. De quoi fermer le clapet à ces oiseaux de mauvais augure qui, pour des intérêts bassement mercantiles, ne veulent pas que le pays avance. Ou vive une alternance pacifique.

Le pays en a assez d’être pris en otage par une junte. Au Mali, Niger et Burkina, pays sur la même ligne de front que nous, dans la lutte contre le terrorisme, des régimes militaires, parfois beaucoup plus ancien que le nôtre, ont cédé la place à des civils.

Et la terre a continué à tourner. Certains, il est vrai, s’entêtent à la croire plate et seraient tout-à-fait enclins à jouer les inquisiteurs. Mais, pourtant, elle tourne, notre bonne vieille Terre… et la roue du temps, aussi !

Ahmed Ould Cheikh



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 6
Lus : 2683

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (6)

  • bleil (H) 07/02/2018 22:00 X

    Encore des idioties ! Ould Taya est un SDF à Doha ... Thuriféraires du pays, n'allez pas vite en besogne, le pauvre Aziz ne souhaite certainement pas le même sort: s'éloigner de cette contrée que nous considérons comme patrie ... les mauritaniens (nous n'avons plus de statistiques fiables depuis belle lurette et pas d'institut de sondage) veulent que le président se retire et avec lui les militaires du pouvoir et ouvrir la voie à un pouvoir civile légitime ! pour la simple et bonne raison que cela facilitera le progrès socio-économique ... Il n'y a pas réellement d'opposition ni de majorité, en réalité des idiots qui ont faim et qui vendraient leur mère pour avoir de la pitance ! et des illuminés qui rêvent debout - ce qui n'est pas interdit - pour que le pouvoir soit au moins préoccupé du sort de nos paisibles populations ...

  • Mackmanaman (H) 07/02/2018 19:07 X

    Cela devient stressant de lire l’édito de AOC sur Cridem à cause de certains commentateurs qui sont à l’affut de ce document. Toujours prêts à tirer à boulets rouges sur AOC qui, malgré tout, reste néanmoins sur sa lancée. Bravo et du courage ! Soulignons que les cimetierres sont remplis de personnes que l’on croyait indispensables. Mais, bon Dieu, pourquoi a-t-on opté pour la limitation à deux des mandats présidentiels ? Pensions-nous à l’époque que nul n’était irremplaçable ? Aujourd’hui, Aziz est-il devenu irremplaçable ? Mais alors, sans lui souhaiter aucun mal (Dieu m’est témoin), s’il était empêché du jour au lendemain, d’une façon ou d’une autre, d’exercer ses fonctions à la tête du pays, qu’allons-nous devenir ? N’y a-t-il personne en Mauritanie capable de continuer le travail engagé par le président actuel ? Il y a forcément des hommes ou des femmes susceptibles de gouverner le pays. Il est très difficile de gouverner un pays ; ce n’est certainement pas un travail que l’on peut faire toute la vie. Houphouet Boigny, en son temps et contrairement à Senghor, avait négligé sa succession et nous avons vu ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire après sa mort. Aziz, le principal concerné, n’a pas dit ouvertement qu’il était candidat à sa propre succession ; il a dit qu’il respera la Constitution. Alors, au lieu de nous battre pour savoir s’il va ou non briguer un troisième mandat, restons plutôt dans l’esprit de la Constitution en vigueur et cherchons pour l’instant celui qui sera à même de continuer le travail.

  • ASSOCIATION MAIN PROPRE (H) 07/02/2018 14:18 X

    Ahmed Ould Cheikh , vous pondez presque chaque jour le même morceau, vos mensonges sont toujours les mêmes mais ce n'est pas grave, personne n'y croit. Pondez nous un vrai contenu car jusqu'à présent aucun contenu intéressant, vous avez un style très décevant, c'est toujours la même chanson. VIVE AZIZ ET VIVE LA NOUVELLE MAURITANIE

  • KANTAKI (H) 07/02/2018 13:55 X

    Le président Mohamed Ould Abdel Aziz ne fera pas de parjure car ce n’est pas lui qui ira chercher un autre mandat à la fin du mandat en cours … Ce sont les mauritaniens qui iront le chercher pour lui et la constitution sera respectée en tous points : la chambre législative pourra voter à la majorité des deux tiers un changement du texte fondamental et il ne sera guère recouru au votre populaire direct, pas nécessaire… Maintenant, ce que nous voulons que le président puisse se présenter autant de fois que possible, donc on va laisser la porte ouverte et rayer les clauses contraires à cette option démocratique s’il en est ! Pour le reste, cet article qui n’en est guère un, il est mal écrit, mal inspiré et surtout trop tendancieux ne sert pas le journalisme professionnel et cale cette feuille de choux qu’est devenu le Calame sous le mandat interminable « et anticonstitutionnel donc » de M. Ahmed Ould Chekh, eternel rédacteur en chef et maître exclusif des lignes du journal. Je crois que nous devons militer pour retracer le crédo des journalistes dans un texte à faire voter par le parlement et qui pourra consacrer un carre juridico technique digne d’une presse respectable et qui comprend que le journalisme n’est pas la liberté de tout dire impunément et surtout que le journalisme engagé est une chose et que le clientélisme en est une autre !

  • ELVALLI (H) 07/02/2018 12:41 X

    Aziz a juré par Allah, la main sur le Saint Coran de respecter la Constitution de ce pays. S’il n’a aucun respect pour le pays et sa constitution, il serait quand même indécent de sa part de faire un parjure aussi grotesque ! Une tentative de troisième mandat lui coutera cher en crédibilité ! Un fauteuil présidentiel peut être éjectable surtout pour les dictateurs ! Les ministres profiteurs, les députés élus uniquement par la junte et son système pour leur aptitude à chanter à gosier grand-ouvert les louanges du chef du moment, envoient des ballons d’essais sur ordre du dictateur pour voir la réaction ou entendre l’opinion du peuple. Peuple qui agonise ou qui enterre ses morts ; dans cette année difficile Aziz devrait nous divertir autrement que par la compromission de nos acquis démocratiques et le détournement de nos richesses nationales et jusqu’à l’aide internationale.

  • aminatat (H) 07/02/2018 12:11 X

    Encore des supputations! N'allez pas vite en besogne. En effet, la majorité des mauritaniens veulent que le président aziz reste au pouvoir mais pour de bonnes raisons .D'une part la Mauritanie est sur la voie du progrès et d'autre part l'opposition n'est pas à la hauteur. Et aucun mauritanien ne confiera la gestion de son quartier à un des responsables de l'opposition actuelle. Quand à l'opinion internationale sur la question du maintien au pouvoir de M le président, la Mauritanie est un pays souverain et n'a pas de leçons à recevoir de quelque pays que ce soit. Je vous conseille d'éviter de faire des analyses fondées sur des mensonges