08-03-2018 00:30 - Jean-Marc Steyaert: C’est notre 1er concours d’entrée à l’Ecole polyethnique de Paris, en Mauritanie

Jean-Marc Steyaert: C’est notre 1er concours d’entrée à l’Ecole polyethnique de Paris, en Mauritanie

Alakhbar - Pour la première fois, la Mauritanie accueille le concours de recrutement à l’Ecole Polytechnique de Paris. Il a été organisé les 3 et 4 mars 2018 dans la capitale, Nouakchott, par les promoteurs du Prix Yahya Ould Hamidoune en collaboration avec l’Ecole Supérieure Polytechnique de Nouakchott (ESP).

Dans cette interview à Alakhbar, Jean-Marc Steyaert , professeur émérite d’informatique à l’Ecole polytechnique de Paris (Voir photo), explique le choix de la Mauritanie: « Plutôt que de transporter quelques étudiants à Dakar, il a été décidé d’installer à Nouakchott une partie des épreuves de sélection pour le concours de l’Ecole polytechnique.

S’il n’y avait pas le concours Hamidoune cela serait peut-être fait un jour, mais sans doute beaucoup plus tard »
. (Interview).

Alakhbar - Le concours se passe désormais en Mauritanie. Est-ce que cela augmenterait les chances de réussite des étudiants mauritaniens ?

Jean-Marc Steyaert : Dans le principe du concours de recrutement de l’école ce qui compte c’est la valeur comparée. Ce ne sont pas des quotas qui seraient accordés à tel ou tel pays ou à une région du monde. Ce qui nous intéresse, c’est d’avoir les meilleurs étudiants. Il ne s'agit pas de prendre tous les meilleurs étudiants d’un pays; mais d’offrir une possibilité de venir étudier chez-nous à de très bons étudiants.

Alakhbar - Quels sont les cirières du concours ?

Jean-Marc Steyaert: Il faut d’abord des connaissances et un esprit clair et rigoureux. C’est le plus important. Autre chose, qui est assez important, mais pas toujours mis en avant dans les études supérieures, c’est savoir interagir avec son environnement.

Ici en l’occurrence avec un ou deux examinateurs. En fait, l’examinateur n’est pas là pour sanctionner les fautes, mais pour tirer le meilleur du candidat et d’essayer de faire qu'il sorte ses connaissances et les exploite au mieux.

C’est quelque chose de très caractéristique dans l’enseignement à l’Ecole Polyethnique. Les étudiants sont mis, autant que possible, devant des problèmes aussi concrets que possible, même s’ils sont très théoriques. On leur demande aussi de trouver leur chemin tout seul.

Alakhbar - Quels sont vos conseils aux étudiants mauritaniens qui veulent réussir au concours?

Jean-Marc Steyaert: Nous leur répétons qu’il faut être autonome et travailler les choses à fond. Il ne faut pas se décourager ; c’est très important de tenir jusqu’au bout et de se surpasser, quand c’est possible.

Le meilleur exemple, très certainement, c’est en leur montrant qu’il y a un monde extérieur et que c’est n’est pas entre eux que se tient la compétition, mais avec le monde extérieur.

C’est avec le monde extérieur qu’ils vont construire leur vie et développer des activités du pays. Aujourd’hui, ils ont trop tendance à jouer au football ensemble, mais la cour des grands elle est ailleurs. Il faut qu’ils y aillent.

J’ajouterais qu’il faut que les jeunes filles prennent conscience de cela et participent à ce mouvement, même si cela n’est pas facile, parce qu’il y a toutes les habitudes culturelles et familiales: le fait qu’une jeune fille aille terminer des études à l’étranger avec tous les risques. Elle peut, par exemple, tomber amoureuse à l’étranger.

Alakhbar - Voire même se marier à l’étranger

Jean-Marc Steyaert : Se marier. Oui. Pourquoi pas. C’est dommage que Madame la maire de Tevragh Zeïna ne soit pas ici ; parce que j’ai déjà eu des discussions intéressantes avec qu’elle sur ce juste (Rire).

Alakhbar - L’organisation du concours est la conséquence voire même une continuité du Prix Yahya Ould Hamidoune. Comment vous évaluer ce prix après plusieurs années d'existence ?

Jean-Marc Steyaert : Ce prix est utile. Il fait travailler des étudiants ce qui est vraiment bien. Il a parfois un peu de mal à s’intégrer dans le cursus scolaire. Certains élèves ou des étudiants de l’université trouvent aussi que c’est empli.

J’ai même entendu des étudiants de l’Université dire qu’on favorisait les étudiants de l’Ecole Supérieure Polytechnique de Nouakchott (ESP), parce que l’Ecole polytechnique française est active dans l’organisation du concours. C’est totalement faux. Honnêtement, je peux vous dire que je suis en train de corriger les copies d’informatique de l’épreuve de ce matin.

Mois, je ne sais pas reconnaître à l’écriture un étudiant de l'ESP d’un autre de l’Université. Je traiterais rigoureusement de la même manière l’un comme l’autre ou l’une comme l’autre.

Le plaisir dans tout ça c’est de prendre des jeunes gens, de les mettre dans des laboratoires qui ne sont pas mauvais et de leur monter comment on travaille ailleurs. On a décidé donc de récompenser, par cette bourse de stage à l’extérieur, les premiers prix pour montrer que, quand même, il faut avoir un très bon niveau pour avoir la récompense. Ça a marché pendant plusieurs années.

Ça devrait pourvoir continuer comme ça sans faire de l’ombre au concours de recrutement de l’Ecole Polythechnique. Et il faut le dire, il n’y a pas que l’Ecole Polythechnique francise qui recrute sur concours.

Vous avez aussi un bon nombre d’écoles ingénieurs ou d’universités - c’est ce qu’on appelle les instituts polytechniques en France qui ne sont pas l’école polytechnique - qui recrutent des étudiants mauritaniens dont certains réussissent parfaitement, même s’il y a quelques échecs. Il n’y a pas de succès sans échec.



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