17-03-2018 13:51 - Implantation de l’UPR : Sur fond de succession ouverte

Implantation de l’UPR : Sur fond de succession ouverte

Le Calame - L’Union pour la République (UPR), principal parti de la majorité présidentielle, démarre, dans quelques jours (le 15 Mars 2018), une campagne de réimplantation ; autrement dit, d’adhésions à la structure.

Contrairement aux précédentes opérations, celle de cette année intervient dans une situation politique, économique, sociale et sous-régionale particulièrement délicate, non seulement, pour le parti mais, aussi, pour le pays.

L’ambiance générale est marquée par une morosité ambiante, une espèce de malaise et de mal-être, à tous les niveaux et pour la majorité des Mauritaniens. Nous sommes à quelques encablures des élections locales de 2018, d’abord, et de la présidentielle de 2019, ensuite.

Les premières vont permettre d’élire, pour la première fois, des conseils régionaux, renouveler les conseils municipaux et l’Assemblée nationale, désormais chambre unique du Parlement, depuis la suppression du Sénat, en Août dernier.

Ces scrutins devraient également permettre à l’opposition dite radicale (FNDU et RFD) de tenter de conquérir quelques sièges, si, bien entendu, elle n’opte pas pour le boycott. Une occasion de solder la tension permanente où s’électrise – se court-circuite ? – la démocratie mauritanienne, depuis Août 2008.

Elles devront également, ces élections, lever un coin du voile sur les véritables intentions du pouvoir d’Ould Abdel Aziz. De la crédibilité de ces consultations dépendra la présidentielle de 2019.

Incertitude politique

Officielle fin du second et dernier mandat de l’actuel président à la tête du pays – il aura dirigé le pays pendant une décennie – elle devrait en effet voir celui-là soutenir un candidat. Ses déclarations en ce sens occasionnent, depuis quelques temps, des manœuvres de positionnement pour sa succession.

Son choix n’est pas encore arrêté, a-t-il déclaré tout dernièrement à Jeune Afrique, et les spéculations vont bon train. D’abord, sur sa place et son rôle après l’élection de 2019 ; puis sur son probable dauphin. Des supputations également sur l’attitude de l’armée, vis-à-vis des manœuvres en cours.

C’est probablement à elle que reviendra le dernier mot, tant l’opposition peine à s’unir et à imposer une alternative. Les manœuvres en cours pour redonner vie et place à l’UPR prêtent à penser qu’Ould Abdel Aziz se chercherait une planque pour garder la main sur les leviers du pouvoir, après son départ du Palais gris.

Nombre de membres de l’UPR y croient dur comme fer. Les modifications des textes du parti visent-elles à le tailler sur mesures de son futur patron qui, comme toutes les instances, sera élu ‘’démocratiquement’’ ?

Autre facteur aggravant les tensions, les relations entre le parti et le gouvernement ne sont pas des meilleures : le Premier ministre et le président du parti n’émettent pas sur les mêmes longueurs d’ondes.

La fondation d’un comité, rassemblant ces deux hommes, le président de l’Assemblée nationale, celui du groupe parlementaire « Majorité présidentielle », et diverses autres personnalités, colmatera-t-il les brèches ? Avec le lourd passif du gouvernement, un des plus impopulaires de toute l’histoire de la République Islamique de Mauritanie, dont les membres ne seront guère écoutés par les Mauritaniens, en tout cas sans grande conviction ni enthousiasme, la réponse est des plus indécises.

Grave morosité économique

La campagne de l’UPR intervient surtout dans une morosité économique sans précédent. Les prix des produits de première nécessité ne cessent de grimper, l’emploi se raréfie, la croissance dont on nous vante les exploits ne profite qu’à une infime partie de la population.

Cette situation affecte notablement les missions de sensibilisation de l’UPR dépêchées à l’intérieur du pays. On ne sent pas l’enthousiasme et la mobilisation que pareilles randonnées offraient, par le passé, aux cadres et populations. Une situation accentuée, sinon aggravée, par une année de sécheresse aigüe.

Le plan d’urgence pour renflouer le programme Emel tarde à porter ses fruits. Il y a quelques jours, on a annoncé l’arrivée de sucre dans ses boutiques de Nouakchott, produit qui en avait disparu, depuis longtemps. En diverses zones du pays, l’aliment de bétail annoncé reste comme l’Arlésienne.

On se demande quel discours pourrait tenir les responsables du gouvernement et des acteurs politiques pour convaincre les populations dont les préoccupations sont ailleurs. Une situation sociale difficile contre laquelle l’opposition (FNDU), les militants d’IRA et récemment des étudiants manifestent.

Sécurité incertaine ?

Les manœuvres électorales et successorales interviennent dans un environnement sécuritaire incertain. Le départ du président Ould Abdel Aziz, fondateur du G5 Sahel et, très probablement, initiateur d’accords secrets mettant le pays à l’abri d’attentats terroristes, laisse nombre d’observateurs songeurs.

Certes, l’ambassadeur de France à Nouakchott a laissé entendre que le successeur du président mauritanien poursuivra l’action de celui-ci, respectant l’engagement de la Mauritanie. Mais que dire des lenteurs, dans la mise à disposition de la force conjointe, d’un contingent mauritanien ? C’est tout récemment que le commandant de cette troupe a été désigné et son PC installé à Nbeiket Lahwach.

Alors que les attentats se multiplient au Mali et au Burkina… Politique, économie, social, sécurité en points d’interrogation, la campagne d’adhésions à l’UPR aura donc bien du mal à apporter des réponses cohérentes, encore moins globales, à une situation dont l’opposition ne devrait pas manquer d’ajouter une bonne couche, en jouant les trouble-fête.

DL



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Commentaires (7)

  • HAKUN AMATATA (F) 17/03/2018 18:43 X

    A Nouadhibou les témoignages sont nombreux : Latou meimou , Darjalha Elbeid, Mouhidine Cheine, Cheikh abbe El Hamedy, les jeunes aussi, Abdellahi Babe, Kema Awlad,Sidi Med Med Cheikh,Abidine Kleib, Meima Boukoum,Mhaine Med Lemine,Fatma Bobbatt, Sidi Med Abdi, Aminetou Taleb, et Monsieur Communication de la jeunesse de Noudhibou Mohamed Hawya...Tous ces jeunes ont contribué efficacement dans la réussite du grand meeting de sensibilisation de Noudhibou, présidé par Isselkou Ahmed Izid Bih.

  • bihibihi (H) 17/03/2018 18:07 X

    Les discours sont incohérents. Un seul discours était soutenu et salué par les militants de l 'UPR. Selon El Ghassem Belal, Ahmed Bezeid Beirouk, le Député Thiam, Larimeim DAHOUD, Abdellhi Ould Neme, BRAHIM Bakar, Med El Mamy Ahmed Bezeid, Mohamed Aye, Roujeiba Doghui, Eghleiwe Ene, Limam Limam, El Hameoui, Lemeime Beraye, Sidi Nagi, Cherchar......

  • Observateur Nat. (H) 17/03/2018 16:06 X

    L’injustice et l’inégalité que le président Aziz a fait régner dans ce pays depuis son accession au pouvoir est devenue chez certains responsables et les populations plus grave que le crime de 1989 – 1991, il faut savoir que ce pays est complètement malade à cause des dirigeants actuels, nous sommes pire que la Gambie de Yahya Jammeth, nous avons besoin d’un changement en profondeur et un tamisage des esprits et des comportement, pour régler les crimes économiques, des jugements et des tribunaux avant de continuer, Aziz présent ou partie, des changements auront lieu avec des sanctions.

  • Observateur Nat. (H) 17/03/2018 16:05 X

    Il faut savoir que l’UPR à diviser ce pays en mille morceaux et mille régions, tribus, communautés de tel sorte chaque entité veut sa part du gâteau, aucune communauté ne veut plus servir de support à l’autre, tout le monde veut figurer sur la liste, en se disant pourquoi pas moi et pourquoi l’autre, ils diront tous sans exception OUI au départ mais le jour du vote ils choisiront un autre camp plus sincère, Aziz doit changer les dirigeant de l’UPR, faute de quoi il devra assumer ses responsabilités face à l’histoire, qui ne le pardonnera pas.

  • Observateur Nat. (H) 17/03/2018 16:05 X

    L’UPR en parti normal devrait se reconstituer sans l’appui du gouvernement et du président de la république qui se doit se situer au-dessus de la mêlé, mais malheureusement il a fallu même pour poser les premiers pas que le président se prononce pour réveiller un peu les esprits qui le classe comme du passé et à juger demain. Aziz ne fait plus peur parce que il est incapable de changer le visage politique de ce pays son départ programmé, il se trompe s’il croit avoir demain la main sur les institutions civiles et militaires, il doit savoir qu’il n’est pas le seul homme de ce pays, même s’il croit avoir en face et sous sa main des homme-lettes et des généraux d’armé sans cervelle et sans ambition pour ce pays.

  • NDIEWO (H) 17/03/2018 15:55 X

    Où sont les 3 pays qui prônaient le nationalisme arabe, ils ont disparus comme poussière (Irak, Syrie et lybie). (***)

  • LE PARRAIN (H) 17/03/2018 14:06 X

    La solution des problèmes de ce pays serait entre les mains des rares cadres intègres de la République. Les lascars doivent disparaître. Le peuple réclame la justice,l'équité, la transparence, et l'égalité citoyenne. L'entourage familial et politicien du Président Aziz est malheureusement pourri. Le pays doit changer positivement.