25-05-2018 12:33 - Appel des oulémas à un 3e mandat du président mauritanien

Appel des oulémas à un 3e mandat du président mauritanien

Editions Le Pays - Abdel Aziz cédera-t-il aux sirènes des Raspoutine ?

Alors que l’on était tenté de donner le bon Dieu sans confession à Mohamed Ould Abdel Aziz, voilà que des érudits et religieux viennent de lancer ‘’un cri du cœur’’ qui risque de porter un coup de sabre au processus démocratique en Mauritanie.

En effet, en marge d’une audience que leur a accordée le chef de l’Etat, le mercredi 23 mai dernier, ces croyants n’ont pas trouvé mieux que de demander à leur hôte de rester au pouvoir au-delà de 2019 qui marque la fin de son mandat.

Une curieuse sollicitation de la part des hommes de Dieu, qui incitent à l’installation d’une dictature en règle en Mauritanie dont le procédé serait lourd de conséquences pour le pays. En termes clairs, en exprimant ce vœu, les oulémas veulent que le président Abdel Aziz tripatouille la Constitution pour s’offrir un troisième mandat.

Une éventualité qui ne va pas manquer de provoquer une tempête socio-politique dans le pays, pour ne pas dire le faire basculer dans une profonde crise démocratique, avec son lot de violences.

Certes, ces érudits de l’islam ne sont pas les premiers à entonner le chant de sirène à l’endroit du président mauritanien dont ils ont loué les mérites dans la lutte contre le terrorisme. D’autres forces vives ont, précédemment, laissé entendre le même son de cloche, comme si c’était l’homme providentiel.

Mais quand on sait que la question du troisième mandat est généralement source d’implosion sociale, les oulémas mauritaniens censés semer les graines de la paix, seraient en train de réunir les ingrédients d’un « printemps arabe » qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Encourager un chef d’Etat à violer la Constitution pour se maintenir au pouvoir ne saurait être une volonté divine.

Rien ne dit qu’Abdel Aziz n’est pas le principal scénariste de cette vaste comédie

Il est vrai que Abdel Aziz dit à qui veut l’entendre qu’il ne briguera pas un troisième mandat et que, pour l’heure, parmi les vastes réformes constitutionnelles qu’il a engagées contre vents et marées, la durée du mandat présidentiel n’a pas encore été inscrite à l’ordre du jour.

Mais il n’empêche que l’homme est à surveiller comme du lait sur le feu. En ce sens que rien ne dit qu’il n’est pas le principal scénariste de cette vaste comédie l’encourageant à porter un coup de marteau au verrou limitatif du mandat présidentiel.

Entré par effraction au palais, c’est-à-dire par un coup d’Etat en août 2008, mettant ainsi un coup d’arrêt au régime de Cheikh Abdallah démocratiquement élu, l’homme fort de Nouakchott s’était pourtant lancé dans des réformes pour tenter de mettre la Mauritanie sur les rails de la démocratie.

Les choses allaient plus ou moins bien pour le meilleur de la démocratie mauritanienne, jusqu’à ce que certains de ses compatriotes doutent de ses « ambitions » prenant des proportions inquiétantes avec cette histoire de réformes institutionnelles tous azimuts.

Si jusque-là, Abdel Aziz est dans la posture d’avoir un sursaut patriotique en voulant sortir par la grande porte du palais, à la fin de son mandat en 2019, il y a que les sirènes des Raspoutine inquiètent.

Il est à se demander s’il y cédera au risque de subir le même sort que son propre cousin, Mohammed Vall, a réservé à Ould Taya en le contraignant à l’exil. Ou s’il voudra entrer dans la prestigieuse cour des grands hommes d’Etat, qui se sont gardés de se jouer de leur peuple pour s’éterniser au pouvoir. A lui de faire le choix.

Drissa TRAORE



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 4
Lus : 2267

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (4)

  • kalidou gueye (H) 26/05/2018 01:10 X

    Nous n avons pas des oulémas, mais des charlatans qui ne connaissent rien de la religion. Ya t il un ouléma qui a dénoncé les assassinats du genocide de 89/90/91 ou des injustices que subit les pauvres ou l esclavage? Au lieu du pays au mille poètes nous sommes dans un pays au mille mounafighs.

  • ASSOCIATION MAIN PROPRE (H) 25/05/2018 17:51 X

    Mohamed Ould Abdel AZIZ a gagné son pari avant même la fin de son deuxième quinquennat .Son bilan est à féliciter même si certains internautes mettent en cause toutes ces merveilleuses choses entreprises et faites par l'Etat. Aujourd'hui, nous sommes fiers de ses huit ans à la tête du pays. Vivement un nouveau mandat pour lui en 2019 VIVE AZIZ ET VIVE LA NOUVELLE MAURITANIE

  • doudou19 (H) 25/05/2018 13:55 X

    A mon sens, si j'en ai encore, si tel est la cas vaut mieux rattacher: 1°- Au Sénégal : le Trarza, le Gorgol, Brakna et le Guidimakha 2°- Au Mali: les deux hodhs et l'Assaba 3°- Au Maroc: Nouakchott, Dakhlet-Nouadhibou et l'Inchiri 4°- A l'Algérie: Tiris-Zemour, l'adrar, le Tagant Que diront les autres oulémas apolitiques de cette proposition qui basculera le pays dans le chaos. Il n'y a plus d'homme que Aziz? La vie va s'arrêter s'il quitte le pouvoir? Donc, s'il meurt (je lui souhaite une longue vie), le pays va disparaître de la carte et il ne pourra plus être dirigé? Quelle hypocrisie?

  • KANTAKI (H) 25/05/2018 13:40 X

    le président doit rester, la dictature (même avérée) vaut mieux que l'inconnu et l'aventure....De plus, le président doit finir le boulot et en particulier de faire les élections régionales qui seront le prélude à une autonomisation culturelle et économique avant de voir s'il ne faudra pas aller plus loin en remisant la forme de la carte actuelle qui met en scène des populations souvent liées à leur pays d'origine, en ambitionnant des reformes irréalistes ou impossibles à faire, y compris d'ailleurs les populations du Nord Est...