04-06-2018 13:51 - Sécurité : Alger et Rabat ne communiquent plus

Sécurité : Alger et Rabat ne communiquent plus

Jeune Afrique - Alors que la coopération est indispensable en matière de sécurité, il semblerait que le dialogue entre les services de renseignements algériens et marocains soit rompu.

« L’échange d’informations ? Nous y sommes prêts, dès demain. Encore faut-il qu’il soit réciproque.» C’est par cette litote que les responsables sécuritaires marocains répondent quand on les interroge sur l’absence totale de coopération avec l’Algérie dans le domaine de l’antiterrorisme. Une situation qui confine parfois à l’absurde.

Début décembre 2007, Abdellatif Hammouchi, patron de la DGST, fait parvenir au général Mediène, chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) algérien, une information sensible : deux véhicules 44 en provenance du Mali, avec à leur bord des individus fichés comme jihadistes, font route vers le nord.

Hammouchi transmet à son correspondant les numéros des plaques minéralogiques et l’identité présumée des passagers. Réponse : « Merci, ne vous inquiétez pas, on a l’habitude. » Quelques jours plus tard, deux véhicules piégés explosent à Alger, faisant une cinquantaine de victimes.

Depuis, les canaux de communication directe entre les deux voisins se sont bouchés un à un.

Des éléments incontrôlés du Polisario

Rabat s’en préoccupe d’autant plus que le phénomène de porosité entre une fraction de la jeunesse sahraouie des camps de Tindouf, en Algérie, et les réseaux jihadistes sahéliens est désormais une évidence.

Certes, des éléments incontrôlés du Polisario ont été repérés depuis 2005 au sein de cellules islamistes armées, en Mauritanie tout d’abord, en Libye à partir de 2011 et surtout au Mali et au Niger.

Le plus connu d’entre eux est l’émir autoproclamé de l’« État islamique dans le Grand Sahara », franchise régionale de Daesh, Abou Walid al-Sahraoui, de son vrai nom Lahbib Ould Abdi Ould Saïd Ould El Béchir.

À son actif : le raid sanglant sur Arlit en 2013, l’embuscade qui a causé la mort de quatre militaires américains à Tongo Tongo en octobre 2017 et sa récidive trois mois plus tard.

Apparition de cellules jihadistes et séparatistes

La nouveauté réside dans l’apparition de cellules mixtes, à la fois jihadistes et séparatistes, à l’intérieur même du Maroc et plus particulièrement dans ses provinces sahariennes. Leurs appellations – « combattants du califat au Maghreb, wilaya de Laayoune », « Front du jihad sahraoui », « Les nouveaux mourabitoune »… – sont significatives d’une volonté d’ancrage local.

L’arrestation il y a trois mois, à Laayoune, de l’un de leurs leaders, Ahmed Salek Tobali, natif de Tindouf, a permis d’en savoir plus sur leur genèse. Un imam de la tribu des Reguibat Souaad officiant dans une mosquée improvisée du camp dit de Boujdour, non loin de Tindouf, jouerait ainsi un rôle clé dans l’endoctrinement et l’envoi au front d’apprentis terroristes. Pour les services marocains, cet imam est désormais une cible.

Par François Soudan





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Source : Jeune Afrique
Commentaires : 0
Lus : 1908

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (0)