15-06-2018 11:11 - Questions à Bala Touré Secrétaire Général du Parti RAG (Parti Radical pour une Action Globale)

Questions à Bala Touré Secrétaire Général du Parti RAG (Parti Radical pour une Action Globale)

Le Calame - Questions à Bala Touré Secrétaire Général du Parti RAG (Parti Radical pour une Action Globale) : "En dix ans, personne de ceux qui nous critiquent aujourd’hui n’a remarqué que SAWAB n’était pas fréquentable".

Le Calame - Vous venez de signer une alliance électorale avec le parti SAWAB. On avait parlé de Moustaqbel, de l’UFP et d’UNAD. Pourquoi plutôt SAWAB, parti d’obédience baath, à qui tout semblait pourtant vous opposer ?

Bala Touré : Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour l’occasion que vous me donnez de m’exprimer sur cette question qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, depuis quelques jours.

Avant d’y répondre, je voudrais, également, adresser une pensée militante à nos camarades Abdallahi Maatala Saleck et Moussa Bilal Biram, détenus injustement, depuis bientôt deux ans, au bagne de Bir Moghrein, à mille deux cents kilomètres au Nord de Nouakchott.

Revenant à votre question, je dirai que ce résultat est l’aboutissement positif d’une vieille démarche. Ayant remarqué le grand engouement suscité par les activités d’IRA auxquelles adhèrent, dans tout le pays, des masses compactes, très engagées et conscientes de ce que la solution, à toutes les questions de droits humains que nous posons, est impossible sans volonté politique exprimée, sans ambiguïté, par le tenant du pouvoir qu’il sera alors, inéluctablement, nécessaire de conquérir, nous avons mis en place une branche politique à notre association : le Parti RAG (Parti Radical pour une Action Globale) que les autorités mauritaniennes se sont empressées d’interdire.

A l’approche des élections locales de 2013, nous avons entrepris de négocier avec divers partis de la place, en vue de trouver un cadre nous permettant de participer aux élections. Malheureusement, ces démarches n’ont pas pu aboutir, en raison d’intrusions malsaines d’officines à la solde des autorités.

Durant ces trois derniers mois, nous avons approché plusieurs partis avec lesquels nous avons une convergence de vues, sur les questions nationales majeures. Mais ces nouvelles négociations ont traîné, se soldant, à chaque fois, par un échec, jusqu’à ce que nous rencontrions les responsables du parti SAWAB – une formation politique nationale fondée en 2005, bien après la chute d’Ould Taya.

Avec eux, c’est bien au-delà des aspects électoralistes que nous avec pris tout notre temps, pour visiter, en profondeur, les grandes questions nationales.

Et nous accorder sur nombre de celles-ci, notamment : le caractère pluriel de l’identité mauritanienne; le droit à la différence ; la nécessité impérieuse de promouvoir les langues peul, soninké, wolof et hassanya, en vue de les développer et les hisser au statut de langues officielles, au même titre que l’arabe ;

le règlement, sur la base de l’accomplissement des devoirs de vérité, de justice, de mémoire et de réparation, du lourd dossier de la tentative de génocide perpétrée, par les autorités, contre des populations noires de Mauritanie, durant les années de braise ; la nécessité d’un règlement définitif de la problématique de l’esclavage dans le pays ; le développement d’une culture de solidarité avec les générations futures, par la promotion et le respect de normes environnementales...

Nous avons, ainsi, pris la décision, loin de toute passion, de fusionner notre branche politique avec le parti SAWAB – une décision majeure que nous assumons. L’histoire et le peuple mauritanien en jugeront de la pertinence.

- Cet accord s’inscrit dans la perspective des élections locales en vue. Biram serait-il tête de liste de SAWAB pour les législatives?

-Oui, le président Biram Dah Abeïd dirigera la liste nationale législative. Nous nous sommes également entendus, sur le fond et la forme, en ce qui concerne toutes les élections (législatives, municipales et régionales) et plus des deux-tiers des postes électifs reviendront aux cadres issus de notre branche politique. Notre ambition est de pouvoir être candidats dans la plupart des deux cent dix-huit communes du pays.

- Les autorités ont d’abord refusé d’autoriser votre conférence de presse, avant de l’accepter. Savez-vous pourquoi ? Ne craignez-vous pas que ces mêmes autorités reviennent à la charge pour bloquer la mise en œuvre de votre accord ?

- Le secrétaire général du parti fut informé, par le hakem, de l’interdiction de la conférence de presse. Le président Abdesselam ould Horma et son adjoint Ahmed ould Oubeïd ont alors réagi, en rendant visite au wali de Nouakchott-Ouest. C’est à la suite de leur réunion que l’interdiction a été levée.

Quant à la mise en œuvre de notre accord, nous ne sommes pas en mesure de prédire les comportements futurs des autorités. Ce dont nous sommes sûrs est que nous restons fidèles à nos principes et à nous-mêmes, prêts, de façon pacifique mais ferme et sans concession, à faire face à tout acte des autorités tendant à violer nos droits constitutionnels, à savoir d’association et de liberté d’expression.

-Votre alliance avec Sawab a suscité des réactions hostiles, de la part, surtout, des anciens d’IRA et d’autres amis ou ex-alliés. Comment les avez-vous accueillies? Les comprenez-vous ?

-Nous sommes surtout surpris de ce regain d’intérêt, de la part de certaines personnes qui ont subitement retrouvé la mémoire. SAWAB est un parti de ce pays. Fondé en 2005, il a toujours mené ses activités, individuellement ou en partenariat avec les autres partis de l’opposition.

Au lendemain du coup d’État militaire, perpétré par le général Mohamed ould Abdel Aziz, contre le président élu Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi, SAWAB s’engagea dans la lutte contre le putsch, en tant que membre du FNDD où il côtoyait tous les partis de l’opposition.

Après les accords de Dakar, Mohamed Ould Abdel Aziz s’est fait élire dans des conditions troubles. Quelques temps après cette élection, la COD (Coordination de l’Opposition Démocratique) fut mise en place, avant le FNDU (Forum National pour la Démocratie et l’Unité). SAWAB fut de tous ces regroupements, en partenariat avec les autres partis d’opposition.

Plus récemment, APP et El Wiam formèrent, avec SAWAB, la CAP (Coalition pour l’Alternance Pacifique). Pour mener la campagne contre le referendum du 5 Août 2017, visant à changer la Constitution, c’est avec le FNDU, le RFD, les FPC, l’UNAD, El Watan, IRA- Mauritanie et Touche pas à ma Constitution, que SAWAB a fondé le G8.

Tous ont signé des documents communs avec ce parti, ont organisé des manifestations communes avec lui (conférences de presse, marches, sit-in…). Tous les fronts, coalitions, forums et groupes se sont formés sur la base d’accords écrits, en forme de mémorandums consensuels explicitant, à chaque fois, une vision partagée de la situation passée et présente de la Mauritanie.

De 2008 à ce jour, SAWAB s’est donc situé en partenariat, rapproché, avec toute l’opposition politique, au gré des alliances. En dix ans, personne de ceux qui nous critiquent aujourd’hui n’a remarqué que SAWAB n’était pas fréquentable.

Personne n’a dénoncé, à aucun moment, ses alliances avec les partis politiques nationaux. De cela, il ressort, clairement, que ce n’est pas SAWAB que visent ces remous : il s’agit, tout simplement, d’une volonté manifeste de nuire à IRA-Mauritanie et à son président.

Ceux qui nous critiquent, sans fondement aucun, ne sont, en réalité, que des personnes mécontentes et, même, malades des nombreux succès de notre organisation. Elles sont de cette féodalité nostalgique du passé, fortement mise en cause par les actions réussies d’IRA-Mauritanie. Elles deviennent, de facto, les voix audibles des services de renseignement mauritaniens qui traquent, partout, les promoteurs de notre mouvement.

La plupart de nos détracteurs vivent à des milliers de kilomètres de la Mauritanie, en Europe et en Amérique du Nord. Ils ont choisi le bavardage, quand nous avons fait le choix de l’action, à l’intérieur du pays, dans la pauvreté et les privations, avec le risque élevé d’être réprimé sévèrement et d’aller en prison.

C’est le choix de l’action qui nous a fait accomplir, malgré les risques accrus de répression aveugle, le devoir de mémoire envers nos martyrs, assassinés massivement, par lâcheté et racisme des éléments de forces armées et de sécurité nationale. Nous avons initié et conduit les pèlerinages aux fosses communes d’Inal, Sorimalé et Wothié.

Aucune vocifération ne nous arrêtera. Notre volonté de conquérir le pouvoir politique en Mauritanie reste intacte, dans l’intérêt des populations mauritaniennes, et nous invitons toutes les personnes et groupes épris de justice, d’égalité et de paix, à se joindre à ce projet national où seule l’action intelligente compte.

Propos recueillis par DL



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Commentaires (5)

  • pannel (H) 20/06/2018 03:18 X

    SAWAB, est un rejeton du parti de l'Avant Garde, qui est couvert de sang des martyrs de la tête au pied.Nie cela ou vouloir occulter le passif des membres de SAWAB relèvent d'un cynisme manifeste.

  • Noirhartani (H) 15/06/2018 12:57 X

    L’histoire à toujours montrer que ceux qui sont bannis, haïes, tromper, torturé finissent toujours par gagner, regarder ce qui se passe en Europe et plus particulièrement en Espagne et en Italie, les partis ou les personnes chassées dans les années 80 reviennent de force devant la scène politique et gouvernent, le gouvernement d’Aziz pensent que c’est la répression et les emprisonnement qui font reculés les hommes, mais non, c’est plutôt le dialogue et le droit à la différence, si le RAG et SAWAB parlent ensemble de l’officialisation des langues Nationale et à l’éradication de l’esclavage, voilà ce que cherche les populations noires de ce pays et ils rateront pas l’occasion de faire leur choix politique, mais cela montre aussi que beaucoup de chose ont changés depuis et que les esprits ont changés, seulement le racisme est une maladie incurable, même après un mariage noir et blanc pour donner naissance à un métis, mais IRA/RAG et SAWAB ont le calmant et ils trouveront l’antidote.

  • Noirhartani (H) 15/06/2018 12:56 X

    Les cadres militants d’IRA et RAG font un travail merveilleux avec même les partis de la majorité et de l’opposition, parce que ces partis savent que l’avenir de la Mauritanie est entre les mains de ceux qui résistent à l’oppression du système, les cadres se cachent pour ne pas se faire arracher et détruit par le système, même ceux qui critiquent, ils ne le font que de façade pour garder leur avantage, mais en réalité ils sont tous IRA et membres cachés de RAG, parmi eux, des anciens ministres, des directeurs centraux actuels, des directeurs de directions qui ont apportés leurs soutiens aux négociations avec SAWAB, des chefs de tribus et autres personnes qui marchent la nuit et parlent avec des numéros étrangers, voilà ce qui forment dans le secret et avec le pouvoir la force d’IRA - RAG et SAWAB.

  • Noirhartani (H) 15/06/2018 12:55 X

    Un grand discours politique rassembleur qui met à nu l’ensemble des critiques et vociférations des gens mal intentionnés et de mauvaise foi, cela montre que les plus grand cadres de ce pays sont avec Biram, mais dans l’ombre pour ne pas se faire écraser par le système, il faut bien relire cet interview beaucoup de choses sont dites à l’intérieur, il y’a un message clair pour dire que SAWAB et RAG feront des surprises dans le paysage politique mauritanien, ce qui est dangereux dans la politique mauritanienne est que les vrais militants de ces partis sont dans le gouvernement, l’administration, la fonction publique et les corps militaires qui dirigent cette répression aveugle contre Biram et ses hommes, il faut savoir que le mauritanien est faux à 100% politiquement il cherche ses intérêts, il suffit demain que les candidats de Biram trouve 10 députés et 25 communes pour se voir courtiser par tout le monde qui lui veulent le mal qu’il vit maintenant.

  • bleil (H) 15/06/2018 12:12 X

    SAWAB n'est pas fréquentable et vous non plus ... les idées qui font avancer le monde vous font défaut et quoi qu'il en soit l'association d'extrémistes restera toujours un extrémisme rétrograde dans votre cas !