25-07-2018 07:30 - Mauritanie : une ancienne esclave au Parlement ? L'oeil de Damien Glez

Mauritanie : une ancienne esclave au Parlement ? L'oeil de Damien Glez

Jeune Afrique - Réunis en coalition, le mouvement abolitionniste IRA et le parti panarabe Sawap présentent comme candidates aux législatives de septembre une esclave libérée et la veuve d’un militaire négro-africain assassiné.

Si les professionnels africains de la politique voient d’un mauvais œil les candidatures d’activistes à « leurs » rendez-vous électoraux, les organisations de la société civile ont compris, depuis longtemps, la portée communicationnelle d’une campagne politique. Les routes qui mènent aux scrutins sont de formidables caisses de résonance pour débattre de certains tabous. En Mauritanie, deux sujets demeurent habituellement sous le boisseau.

Le premier est celui de l’esclavage officiellement aboli en 1981, criminalisé depuis 2007. Il y a juste un an, la juriste Marie Foray et la journaliste indépendante Tiphaine Gosse affirmaient avoir été expulsées de la République islamique en raison de leurs recherches sur cette question. Le directeur général de la sûreté nationale indiquera qu’« il n’y a pas d’esclavage en Mauritanie ».

Le second tabou, censément lié au premier, est celui des discriminations subies par la population noire de Mauritanie, dénoncées comme des actes de ségrégation par des formations politiques comme le parti Arc-en-ciel.

Deux candidats atypiques

Les prochaines élections régionales, municipales et législatives du 1er septembre 2018, le mouvement anti-esclavagiste IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) entend s’en saisir pour projeter une lumière crue sur ces sujets sensibles.

Pour avoir accès à un maximum de visibilité, il convient de présenter des candidatures. C’est ainsi que le leader du mouvement anti-esclavagiste, Biram Ould Dah Ould Abeid, avait été candidat, en 2014, à une présidentielle boycottée par la quasi-totalité des partis de l’opposition. Mais pour obtenir 8,67 % des suffrages – un score remarqué qui l’avait placé en seconde position après Mohamed Ould Abdel Aziz–, le présidentiable poil à gratter avait dû concourir sans étiquette. En effet, l’aile politique de l’IRA, le Rassemblement pour une Action Globale, n’a toujours pas été reconnue officiellement par les autorités.

Pour les élections législatives, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste mise sur une coalition avec le parti panarabe Sawap, alliance formalisée le 30 mai dernier. C’est ainsi que deux candidats atypiques sont déjà dans les starting-blocks, présentés lors d’une récente conférence de presse commune. La députée potentielle Habi Mint Rabah, aujourd’hui militante anti-esclavage, est une ancienne esclave libérée en 2008, grâce au mouvement IRA, après trente-cinq ans de captivité. Adama Sy, autre candidate de la coalition Sawap-IRA, est la veuve d’un militaire assassiné, parmi d’autres négro-africains, au cours des années 90.

Par Damien Glez, dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Source : Jeune Afrique
Commentaires : 1
Lus : 3181

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (1)

  • mystere1 (F) 25/07/2018 10:32 X

    Waw ! une sacrée caricature de cet artiste dessinateur caricaturiste international ! s'en est une 1ère du pays, évidemment que cela ne plaira pas à beaucoup dans ce peuple ! ça sera un cauchemar et un deuil pour eux ! mais c'est le temps, tout va changer peu à peu ! vive la révolution, il faut de l'éveil populaire enfin, afin que cette Mauritanie, renait de nouveau, sainement.