Ely Abdellah - Aujourd’hui, vendredi 24 août 2018, dans une imprimerie de la place, des jeunes gens sont venus demander à l’imprimeur de leur reproduire en grande quantité les bulletins distribués par la CENI comme spécimen pour les besoins de la sensibilisation.

Munis de règles et de typomètres, ces jeunes ont expliqué à l’imprimeur qu’ils voulaient avoir des bulletins strictement identiques aux spécimens : mêmes dimensions, mêmes couleurs, même papier etc, etc..

Interrogés par les personnes présentes en ce moment là dans l’atelier, ces jeunes gens avaient évité de donner une réponse claire et étaient sortis, mettant brusquement un terme à leur entretien avec l’imprimeur et à leur visite.

Après leur départ, les personnes présentes dans l’imprimerie (dont des candidats aux élections de Septembre 2018) ont échangé au sujet de l’usage pouvant être fait d’une quantité industrielle de bulletins. Chacun a essayé, au début, d’y aller à sa manière mais, à la fin, tous ont redouté que cette opération ne soit destinée à doter les électeurs inscrits de bulletins préalablement "cochés" pour leur demander de les introduire dans l’urne et de ramener le bulletin remis par le bureau de vote tel qu’il est.

Tous étaient unanimes à dire que c’est une manière subtile qui a le double avantage d’éviter de perdre des voix et de contrôler le choix fait par l’électeur. J’avoue, moi, que les Mauritaniens sont naturellement enclins à la fraude, que, pour faire passer leurs candidats, ils ne reculent généralement devant rien. Un autre indice sur le caractère frauduleux de l’opération envisagée par ces jeunes est le fait qu’ils soient des proches à un grand homme d’affaires connu pour avoir plus d’un tour de main dans le sac.

Si cette opération frauduleuse arrivait à être mise à exécution, pensez-vous qu’elle pourrait échapper à la vigilance des membres des bureaux de vote? Est-ce que ce n’est là l’un des multiples inconvénients du bulletin unique qui étaient pour certains la solution magique contre l’achat des consciences? Je ne sais.

J’ai voulu simplement partager avec vous ce que j’ai vu, dans l’espoir légitime de susciter la vigilance de tous contre la fraude dont le spectre n’arrête pas de planer sur le pays.