03-10-2018 09:54 - L'Edito du Calame : Et pourtant, elle tourne !

L'Edito du Calame : Et pourtant, elle tourne !

Le Calame - « Je soutiendrai un candidat en 2019 » ; « je ne modifierai pas la Constitution » ;

« les députés peuvent voter des amendements constitutionnels mais pas nécessairement relatifs au mandat » ; « si vous voulez un troisième, un quatrième mandat ou, même, un royaume, donnez une majorité écrasante à l’UPR » ; « je ne laisserai pas la Mauritanie retomber entre les mains de ceux qui lui ont déjà fait tant de mal, par le passé »
:

le moins qu’on puisse dire est qu’en quelques mois et quelques mots, Ould Abdel Aziz nous a donné le tournis. A six mois d’une élection majeure, décisive pour l’avenir du pays, personne ne sait à quoi s’en tenir. Le Président le sait-il d’ailleurs lui-même ?

Entre hésitations, atermoiements et déclarations contradictoires, il n’a apparemment pas encore fait le deuil de la Présidence. Son désarroi est visible, lorsqu’il évoque la question des mandats. Malgré deux conférences de presse en moins d’un mois, il n’a toujours pas convaincu.

Ni ceux qui lui demandent, ouvertement, de fouler au pied la Constitution et de « continuer son œuvre de construction nationale », encore moins ceux qui gardent encore un faible espoir de le voir raison garder et de ne pas s’aventurer sur un chemin si dangereux, pour lui et pour le pays. Il maintient visiblement le flou… en attendant une éclaircie qui permettrait de faire avaler cette couleuvre ? La caution de la France ou le feu vert de l’Armée ? Deux impondérables qui lui tiennent à cœur. L’avis de la population ? Il n’en a que faire.

Il tient en si petite estime ce pays, son peuple et sa classe politique qu’il n’a pas hésité à renverser un président élu, changer son hymne national et sa monnaie, piétiner ses symboles, falsifier son histoire et l’appauvrir encore plus. Dans un contexte où, il est vrai, tout lui a souri mais jusqu’à quand ? La roue tourne et l’on ne peut rester éternellement du bon côté.

« Le pouvoir », disait feu Moktar ould Daddah, « a un goût ». Il faisait allusion, dans un style qui lui est propre, aux tentations et à l’impossibilité de s’en défaire volontairement. Jamais cette formule n’a trouvé autant de sens qu’avec Ould Abdel Aziz. L’homme, qui a pris le pouvoir parce qu’un président de la République, chef suprême des forces armées, a usé de ses pouvoirs régaliens, ne veut plus rien lâcher.

Il se considère, désormais, comme notre tuteur sans lequel ce pays serait parti, depuis longtemps, à vau-l’eau. Rappelons-lui, s’il l’a oublié, que c’est à partir de rien qu’Ould Daddah mit en place les fondements de l’État, dirigea celui-ci pendant dix-huit ans, Maaouya vingt-et-un. Ils sont partis, la Terre n’a pas arrêté de tourner et la Mauritanie avec, à son rythme…

Ahmed Ould Cheikh



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Commentaires (4)

  • leguignolm (H) 03/10/2018 14:22 X

    Oui! On l'a vu changer le drapeau, l’hymne national, la monnaie, bientôt le nom et le vise du pays ;baye baya: honneur fraternité et justice!

  • ELVALLI (H) 03/10/2018 12:33 X

    Les dictateurs finissent mal, mon général. La mort de Ceausescu (Roumanie), en Afrique celle de Doe (Libéria) et de Kadhafi (Libye) sont des exemples de la fin souvent tragique de tous ceux qui maintiennent leurs peuples sous la dictature, leurs opposants en prison et leurs hommes d’affaire sous l’épée de Damoclès du Fisc. «Sic transit», est-on tenté d’ajouter en guise d’épitaphe. Maintenant que nous savons que Aziz ne briguera pas de 3èm mandat, nous osons espérer de ne pas avoir à revivre cette actualité chez-nous. Wait and see.

  • aminatat (H) 03/10/2018 10:59 X

    M ahmed ould cheikh toujours égal à lui même:mauvais esprit, manipulateur et aigri. Le président a été clair:il ne modifiera pas la constitution. Vous devriez vous en réjouir et louer la probité de cet homme au lieu de voir le mal partout. Par ailleurs, pour votre gouverne, le président aziz n'attend le feu vert de personne, il agit en homme d'état réfléchi, responsable et patriote. C'est pour cette raison qu'il soutiendra le candidat qui sera à même de diriger la mauritanie c'est son droit le plus absolu.

  • Bertrand (H) 03/10/2018 10:27 X

    Les 5 premiers paragraphe du billet son vrais et découlent d'une analyse objective. Les 3 derniers reflètent un point de vue politique qui peut être partagé ou non, selon le cas.