02-11-2018 10:35 - Mauritanie: quelles sont les premières pièces du puzzle de l'après Ould Abdel Aziz

Mauritanie: quelles sont les premières pièces du puzzle de l'après Ould Abdel Aziz

Le360 - Après les élections législatives, régionales et locales 2018, et un changement encadré du gouvernement, les premières pièces du puzzle de l'après Aziz se mettent en place, selon l'avis quelques analystes mauritaniens.

Explications. La Mauritanie a vécu des élections générales en septembre dernier et la liste du gouvernement a été rendue publique mardi dernier. Un fait est particulièrement marquant: l’arrivée au ministère de la Défense nationale du général de division, Mohamed ould Cheikh ould Mohamed Ahmed El Ghazouani, un proche du président Mohamed ould Abdel Aziz, cité comme dauphin possible, et qui était jusque-là Chef d’Etat Major Général des Armées (CEMGA).

Les figures historiques de l’opposition mauritanienne, à l’image de Mohamed ould Maouloud, leader de l’Union des Forces de Progrès (UFP), et Ahmed ould Daddah, président du Rassemblement Forces Démocratiques (RFD), plusieurs fois candidats malheureux à une élection présidentielle, refusent de donner une importance particulière à l’arrivée de Ghazouani au gouvernement.

Cette lecture tranche cependant avec l’avis de nombreux analystes, qui estiment que ce fait ne peut être politiquement «anodin».

Pour Moussa Hamed, ancien DG de l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI), un organe du gouvernement, « le placement de Ghazouani au ministère de la défense nationale représente une des pièces du puzzle dans la perspective de l’après Aziz. Contrairement à ce que pensent certains, en devenant ministre de la Défense, ce général conserve également son poste de Chef d’Etat Major Général des Armées (CEMGA), dans le cadre d’une formule inspirée du modèle égyptien, et que rien n’interdit d’un point de vue légal et militaire».

Dans le décryptage des éléments favorables à Ghazouani, ce même analyste relève cet épisode d’une sorte de "journée portes ouvertes" aux civils, organisée à l’état-major, après la publication de la composition du nouveau gouvernement. Ainsi, de nombreuses personnalités issues des hautes sphères et des arcanes de la République, sont venues féliciter le nouveau ministre de la Défense.

Des honneurs largement supérieurs à ceux dont auraient été entourés le néo-Premier Ministre et les "bleus" de son équipe. Cette affluence massive a d'ailleurs étrangement ressemblé à un exercice de prestation d’allégeance, selon Moussa Hamed.

Et pour Sneiba ould Kowry, journaliste, la grille de lecture semble également favorable à une montée en puissance de Ghazouani, qui fait, plus que jamais, figure de dauphin possible. Il insiste sur le fait que le nouveau ministre de la Défense conserve également le poste de CEMGA.

Par ailleurs, ce journaliste relève le fait que Ghazouani s’est "choisi comme adjoint au poste de chef d’état major, le nouveau général de division, Mohamed Cheikh ould Mohamed Lemine, dit Broua, un officier issu de l’ensemble tribal des Mechdouf, natif de l’Adrar (Nord). Ce militaire est considéré comme un véritable fidèle à Ghazouani, et il sera chargé de garder la maison en expédiant les affaires courantes, pendant que le chef aura son bureau au ministère de la défense".

Par ailleurs, il faut également ajouter à ces récentes nomination gouvernementales, celle de maître Sidi Mohamed ould Maham, président de l’Union Pour la République (UPR-principal parti de la majorité) au Ministère de la Culture, de l’Artisanat, et porte-parole du gouvernement.

Ce parti avait, en effet, remporté une large majorité à la faveur des élections législatives, régionales et locales 2018.

Bodiel ould Houmeid, vice-président de l’assemblée nationale, dont le Parti « El Wiam » qui se réclamait de l’opposition modérée, vient d’intégrer l’UPR, est, de son côté, pressenti pour prendre les commandes de la formation présidentielle, à l’issue d’un congrès qui ne devrait pas tarder.

Ainsi, après les élections générales de septembre 2018, Mohamed Ould Abdel Aziz semble progressivement mettre en place les différentes pièces du puzzle de la présidentielle de 2019, et continue à imprimer son rythme à la marche du pays, par l’intermédiaire de ses hommes de confiance.

Dans ce contexte, l’opposition est montée au créneau pour exiger, à cinq mois de la présidentielle, de nouvelles règles et plus de transparence pour le processus électoral, qu’elle qualifie de «vicié» par la désignation d’une très consensuelle Commission Electorale Nationale Indépendante.

Reste à savoir si un tel appel du pied sera entendu par le pouvoir, et s'il est désireux de créer les conditions d’une élection présidentielle apaisée en 2019...

Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya





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Source : Le360 (Maroc)
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Commentaires (3)

  • ASSOCIATION MAIN PROPRE (H) 03/11/2018 13:14 X

    Nous sommes convaincus que l'armée mauritanienne ne laissera jamais tomber le peuple mauritanien. Si vous voulez voir de vraies patriotes allez dans les casernes, dans les frontières...Etc. pour voir ceux et celles qui sont prêt à se battre et donc à mourir pour la Mauritanie. (Celui, celle) qui aime sa patrie, se met à son service, prend les armes pour sa défense, voila le comportement de vrais patriotes.la question qui se pose aujourd’hui est la suivante : Mohamed Ould abdel aziz peut-il obtenir démocratiquement un troisième mandat ? Evidemment oui si le peuple le décide. Quand on a en main une solution ou une combinaison qui fonctionne, on ne la change pas sans raison. Il faut la conserver de manière à en tirer le plus de réussites et de bénéfices possibles. Regardez le Rwanda qui apparaît depuis quelques années comme un modèle de développement pour toute l’Afrique au point que les Nations Unies classent Kigali au même niveau que les grandes métropoles occidentales en termes de confort de vie, grâce à Paul Kagame qui a été réélu pour un troisième mandat, le RWANDA est devenu un model de bonne gestion pour les pays voisins, et enchaîne les distinctions internationale. Mais en Mauritanie ; il y’a des vrais malades qui ont perdu tout sens de discernement à cause de l’aversion qu’ils ont à l’endroit du Président Mohamed Ould abdel aziz. Mais ces haineux, jaloux et sournois doivent savoir que si le peuple veut que le président Mohamed Ould abdel aziz fasse un troisième mandat, il le fera INCHA ALLAH. C’est le peuple qui décide et c’est le peuple qui vote pour son chef. C’est ça la vraie démocratie. VIVE AZIZ ET VIVE LA NOUVELLE MAURITANIE

  • bleil (H) 02/11/2018 11:34 X

    Tout régime démocratique implique la présence de forces d’opposition...pour la bonne gouvernance ; chez nous les militaires « putschistes » se taille une majorité de thuriféraires face à une minorité exclue du pouvoir ! Mais figurez-vous tant que la légitimité du pouvoir n'est pas résolue définitivement nous continuerons de pisser dans le violon et de récolter ... nos misères ! QUELQUE SOIT LE PLAN A, B ... La dénonciation PAR L4OPPOSITION des conditions actuelles de vie de nos paisibles populations s’inscrit dans un contexte plus large, lié à la critique d’un modèle de développement générateur de contre-productivités (sur le plan social et environnemental) et à une réflexion sur ce que pourrait être une société plus juste, dans laquelle les règles ne seraient pas déterminées pour le seul bénéfice d’une minorité de personnes.

  • Salem Vall (H) 02/11/2018 11:05 X

    Après Ould Abdel Aziz, c'est Ould Abdel Aziz bis repetita. L'unique plan B qui vaille, à leurs yeux, après moi, c'est le déluge!"La main de Allah au dessus de leurs mains".