03-11-2018 21:00 - Education : Pourquoi c’est possible avec Naha

Education : Pourquoi c’est possible avec Naha

Le Courrier du Nord - Ce que je vais dire va certainement provoquer des réactions mitigées. Je le sais. Je sais aussi que certains peuvent mal interpréter mes propos, y voir même un brin de flagornerie.

Et, ils auront tort ! Un vieux prof comme moi, à cinq ans de la retraite, ne peut être tenté par ce qu’il n’a pas fait en trente ans de carrière. Bref. Le problème du ministère de l’Education est qu’il est le terreau où se manifeste le tribalisme à tous les niveaux : cabinet, directions, services…

Tous les ministres nommés se sont appuyés, à des degrés divers, sur la « famille » (la tribu) pour des considérations de « sécurité » (confidentialité) de leurs agissements, et de « placements » politiques à faire-valoir en période électorale. Au ministère, l’on cite par leurs noms les « collaborateurs » les plus proches de tel ministre ; qui seront déclassés à l’arrivée d’un nouveau maître des lieux.

C’est ce système digne de la mafia sicilienne qui a toujours été le Mal de notre éducation. Le pourrissement de la tête finit par se transformer en gangrène de tout le corps. La première chose à laquelle pense un professeur (ou un instituteur) c’est : comment trouver quelqu’un du « milieu » pour venir au ministère, être affecté à Nouakchott, pour, ensuite, disparaître dans la nature ?

C’est au niveau de l’éducation, de la santé et des finances que la tribu travaille à plein régime. Les dysfonctionnements sont l’effet de ces pratiques maffieuses qui ont fini par gagner en « normalité », mettant en échec toutes volontés politiques de les combattre. On se rappelle de la façon dont l’espoir d’une reprise en main, avec le passage de Nebghouha Mint Haba, avait été tué dans l’œuf, justement, parce qu’à l’intérieur du ministère de l’éducation, une « résistance » s’est organisée très vite.

Cet espoir peut renaître aujourd’hui avec Naha Mint Mouknass qui a le même profil de « dame de fer » que Nebghouha, avec, en plus, cette expérience de longue gestion de la chose politique.

L’autre atout de la nouvelle patronne du MEN est qu’elle est moins marquée « tribalement », comme d’ailleurs tous les « gens du Sahel » (nord), ce qui explique la percée de son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès (UDP) dans la Vallée, et les bonnes relations qu’elle entretient avec des barons de la politique locale. Une éducation et un mode de vie qu’elle tient sans doute de feu son père Hamdy Ould Mouknass qui reste, à ce jour, la référence de la diplomatie mauritanienne.

Deux conditions sont cependant nécessaires pour que le « sauvetage » de notre système éducatif soit possible : Que Naha soit, réellement, « missionnée » par le président de la République, pour mettre en œuvre le projet de réforme engagée en 2015 (année de l’éducation), mais qui a buté sur la même « résistance » rencontrée par Nebghouha (comme si les hommes du Ministère sont tous misogynes), et qu’on lui accorde le temps nécessaire pour venir, voir et agir.

Sneiba Mohamed



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Commentaires (7)

  • mystere1 (F) 05/11/2018 12:32 X

    Par l’Aide Divine, oui nous comptons sur l’expérience de Naha, son nouveau ministère important pour l’avenir d’une jeunesse, elle saura certainement le maitriser, car son ex-poste de ministère des femmes récemment qu’elle a quitté ne la convient pas, d’ailleurs elle ne l’aime pas et ce n’est pas sa classe ! Vu qu’elle est hautement gradée, donc on compte sur son rôle pour jouer l’action dans le développement de l’éducation et les enseignants aussi l’attendent en retour avec espoir ! Personne ne le doute, malgré son visage antipathique, avare de sourire, elle doit être sans aucun doute une iron lady !

  • Belle Plume (H) 04/11/2018 07:00 X

    ..motiver davantage le personnel. C'est par de vrais états généraux, faisant fi de la démagogie, qu'on peut espérer aboutir à une stratégie qui peut tenir.

  • Belle Plume (H) 04/11/2018 06:57 X

    Il fait vraiment lui donner sa chance. Le secteur à besoin de réformes courageuses et profondes. L'année 2015 est restée un slogan creux. Quel bilan en a-t-il été tiré ? Absolument rien ! Il ne doit pas y avoir seulement l'excellence (très peu) et la médiocrité (dominante). Entre les deux, il y a un large spectre. On a voulu généraliser l'enseignement et ce fut la médiocrité générale. Une classe par ci, une mini-école par là. Il faut regrouper, créer des internats, mieux former et motiver d'avanage

  • tidra (H) 04/11/2018 02:05 X

    Un point de vue instructif d'un observateur du MEN. Je confirme que la nouvelle ministre agira autrement cette gangrène qu'est le tribalisme n'aura pas droit de citer avec Naha .j'espère qu'elle mettra en place une équipe bilingue et diverses pour l'accompagner dans sa mission .

  • cccom (H) 04/11/2018 00:05 X

    Sneiba Mohamed , hélas, comme la totalité de vos collègues de l'enseignement en retraite ou en exercice, vous n'avez pas frôlé le diagnostic ni la solution du drame de Education Nationale. Comment attendre un résultat d'un systéme qui dépense 50 milliards d'UM/an pour enseigner 700h/an soit 87,5 h moins de 3 mois/12? Notre pays pouvait s'inspirer de la Corée du Sud qui enseigne jusqu'à 2800h/an ou s'inspirer du systéme Cerveaux Oasis de Maaden qui a enseigné gratuitement 2400h/an pour réaliser un nombre annuel de bacheliers scientifiques supérieur à 3 lycées publics qui encadrent 100 écoles primaires voisines de Maaden durant 11 années successives (1998 à 2008, archives officielles comparatives disponibles). Mme la Ministre ne vous laissez pas prendre par le staff qui vous entoure encore moins des autres car la problématique de l'Education est bien plus complexe. Pour servir le pays, je sollicite votre honorable audience pour vous exposer l'itinéraire technique qui propulse immédiatement l'Education Nationale de son état actuel destructeur de l'avenir scolaire de la quasi totalité de nos enfants. cheikhany_ouldsidina@yahoo.fr Tel 44155715 .

  • bleil (H) 03/11/2018 23:50 X

    Les anges thuriféraires … C’est quand même drôle que des gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire chier le monde … la bonne dame ne fera pas plus que celle qui l'a précédé; rien ... l’éducation nationale a toujours été et restera toujours le domaine pauvre de toute allocation de ressources faite par des idiots de thuriféraires des régimes putschistes qui ont ruiné le pays dans ce qu’il a de plus vital pour sa survie … Ould Taya et Aziz même combat pour la décrépitude morale de la Mauritanie et ce pour la raison évidente qu’ils n’ont pas beaucoup de culture !

  • abraham (H) 03/11/2018 21:22 X

    Dans ce que vous écrivez, il n'y'a point de flagornerie ni de "griotisme". Vous ne faites qu'exposer des évidences qui ont commencé avec la fameuse réforme de 1979 qui a mis à bas l'éducation nationale en vue d'une arabisation totale. Dans le coran il est dit"que les pires manigances retombent sur leurs auteurs".C'est ce qui est arrivé à ce pays:la volonté d'arabiser n'avait pour seul objectif que d'éliminer l'élite francophone mieux formée que celle l'arabophone. Il ne nous reste que nos yeux pour pleurer et l'espoir que cette dame, qui a de qui tenir,sorte ce ministère de ce trou d'ignorance et de médiocrité. Ibrahima Niass.Le Bordelais.