07-11-2018 07:45 - Gourmo Abdoul Lo : Bref aperçu de la question nationale en Mauritanie…

Gourmo Abdoul Lo : Bref aperçu de la question nationale en Mauritanie…

Adrar-Info - La dénonciation du chauvinisme, désormais organiquement associé au racisme du régime, par les forces démocratiques et patriotiques, a suivi la courbe d’intensité des politiques identitaires suivies depuis l’ accession de notre pays à l’indépendance formelle en 1960.

Le régime de Mokhtar Ould Daddah, héritier certes toujours récalcitrant du colonialisme, a mis en œuvre la vision française dominante en matière d’identité de l’Etat : uniformité, unicité, assimilation.

C’ est la même idéologie française qui va s’implanter partout, dans la quasi-totalité des États anciennement sous domination française: refus systématique de reconnaissance du multiculturalisme, rejet parfois brutal de la diversité, déni éhonté des réalités communautaires ethnolinguistiques.

Dans nombre de ces pays, pour ne pas dire, partout, cette approche assimilationniste ira jusqu’ à la négation pure et simple des langues africaines qualifiées dans le meilleur des cas, de » langues vernaculaires » ( c’est- à dire folkloriques) au profit du français, langue de l’ élite en grande partie néo-colonisée, au service d’ États structurellement soumis et dédiés à une emprise étrangère multiforme.

Le régime de Mokhtar Ould Daddah, pour sa part, dés avant même l’indépendance, sera soumis à une logique spécifique, imposée par l’ exigence de « partage du gâteau » entre les membres d’une élite multiculturelle, aspirant chacun, au nom de » sa » communauté, à accéder à la rente étatique que consistent les hauts postes de l’ administration publique.

C’est le début de la course à l’ échalote, où les candidats à ces postes juteux ( prestige, biens matériels) se bousculent pour » représenter » leurs communautés, leurs tribus et/ ou castes sans être mandatés par aucune de ces communautés, étant donné que le système politique nouveau n’était pas démocratique mais au contraire de type autoritaire classique.

Pour s’en sortir et éviter les problèmes sans fin de » cohabitation » au sein du groupe dominant multi- ethnique, les hommes politiques de l’époque vont finir par instaurer une régle non écrite de » partage » du pouvoir, suivant des quotas, entre les arabes ( à l’exclusion des hrattines socialement rejetés par tous) et les négro- africains (3/4 pour les uns et 1/4 pour les autres) avec bien sûr une fluctuence plus ou moins grande suivant les circonstances.

Mais cette politique de partage du pouvoir de l’élite sera constamment sous surveillance des uns et des autres puisqu’il s’agit d’une alliance globalement instable, dominée par une sourde rivalité de type hégémonique.

Alliance et rivalité: telle sont les deux formes essentielles des rapports entre les membres des communautés ethniques auto- cooptés et auto-proclamés représentants de ces communautés.

La fameuse » Question Nationale » fut donc à l’origine ( Congrès d’Aleg etc ) une question posée par les rapports de partage de pouvoir au sein de l’élite dominante du pays.

Voilà la raison pour laquelle elle va d’abord revêtir une forme bureaucratique ( quels postes et à qui) et culturelle ( en quelle langue l’État devrait- elle s’exprimer?). On comprend, dans ces conditions, quel enjeu central va représenter le problème de la langue officielle et de son usage dans la vie publique.

Dans les autres pays voisins, le français. En Mauritanie, la question sera au cœur de la problématique de la coexistence nationale et alimentera peu à peu, la dynamique de crise de l’unité nationale du pays qui ira en s’amplifiant, du milieu des années 60 à nos jours.

( à suivre)

Gourmo Abdoul Lo



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Commentaires (6)

  • leguignolm (H) 07/11/2018 19:26 X

    Le malheur de de ce petit peuple, il croit pour survivre qu'il faut arracher les autres citoyens de son pays de leurs libertés. Le ces de ces "Jouha" "Laila est enceinte et que personne s'ose dire qu'elle est est enceinte".

  • hadhad (H) 07/11/2018 13:08 X

    De quelle cohabitation parlez-vous,celle qui exclut l’élément arabe de Mauritanie ?.Pour vivre ensemble,il y a une logique qu'il faut accepter,Gourmo,un point c'est tout.

  • medabdul (H) 07/11/2018 11:36 X

    un discours éculé archaïque;c'est fou que des soit disants intello doctorants en baratins sont idiots dans ce pays.au congre d'aleg les negros n'ont pu s'entendre pour proposer un premier ministre noir a mokhtar daddah a cause de leurs petits ego surdimensionnées de complexe;le malheur de negros vient de negros .

  • mystere1 (F) 07/11/2018 11:11 X

    Lô a frappé encore ! la vérité n'est pas agréable comme l'on dit !

  • mseyke le martyr (H) 07/11/2018 09:48 X

    merci de cet article, sauf que le pourcentage avancé est un peu élevé, car si les haratines ont un pourcentage presque sur de 55%, ce qui restera c 10%. l'essentiel vous les négro laissez votre ego, et haine anti hratine et aligner vous derrière ces derniers si vous voulez remettre en cause l'ordre social établit.

  • mohamed hanefi (H) 07/11/2018 09:13 X

    Loin du congrès d’Aleg, du chauvinisme de Moctar ould Daddah, des partages de postes, il y a le phénomène sournois et pernicieux d’un peuple (toutes couleurs confondues), qui est resté coincé dans ses vapeurs d’arrogances, de mauvaise foi dans ses interrelations. J’indexe particulièrement les intellectuels et les hommes de décision.

    Si d’un côté chez quelques maures, il subsiste cette grave tendance à exclure les autres, pour s’accaparer des postes de commande, des bien et de l’influence, il y a de l’autre côté un groupe, non moins dangereux, qui au nom du negro-mauritanien, attise les forges et multiplie les menaces et les promesses d’enfer pour ce pays. Comment voulez-vous cicatriser ces plaies que vous ouvrez à la chaine, quand le moindre mot est un « réveil brutal », « il ne perdent rien pour attendre », « Elle verra cette pourritanie ».

    Pensez-vous que l’autre vous confiera les clés de l’état-major ou le magasin d’armement quand déjà vous lui promettez la mort ?

    C’est la confiance qui est perdue dans cette danse hypocrite de frères ennemis, qui guettent mutuellement le moment propice pour se couper la gorge.

    Quand on ajoute à cette soupe dégueulasse, les puces et les virus du net, tapis lâchement dans l’ombre pour jeter les uns sur les autres et pour que jamais une paix ne s’installe, on devine aisément que Dieu a destiné ces acteurs de l’apocalypse à une douleur intenable… et ils l’auraient bien méritée.

    Ceux qui excluent et ne nomment que les leurs, ne représentent nullement les maures et ceux qui manigancent et complotent ne sont pas l’âme, ni la mentalité du noir. Il y a des mauritaniens qui accomplissent une injustice qui ne nous représente nullement et de laquelle la plupart d’entre nous (maures) est victime. Et une autre entité qui use et abuse d’insultes de menaces et de promesses apocalyptiques, qui ne représente nullement les noirs.

    J’ai assisté à 89. De graves choses se sont passées. Mais sommes-nous à l’abri de ce genre de catastrophes ? Nous ne sommes que des êtres humains, sujets à toutes les éventualités. Devons éternellement enfoncer le clou, pour dégager toute convalescence de ce peuple ?

    Il y a lâcheté du gouvernement et du peuple mauritanien de ne pas avoir été à la hauteur de réparer, s’excuser, rétablir dans leurs droits et dans leur dignité ceux qui ont été affligés dans ces graves évènements. Sans vengeance. Car tout le monde était coupable. Vous l’avez mis sur le dos de Muawiya. C’est la responsabilité de votre conscience. Ce que j’ai vu et vécu c’est qu’au Sénégal, comme en Mauritanie, le musulman égorgeait son frère, en plein ramadan. Cette action est passible d’un séjour éternel en enfer selon Dieu et son prophète. Ce jour est inévitable.

    Dans ces évènements, mon grand-père, qui est negro-mauritanien (entre parenthèses), a été chassé de son pays, pour lequel il a tout donné, pour mourir ailleurs. Pourtant toute la Mauritanie chantait sa générosité : « Ali Boubou Diaramé ». vous vous souvenez ? c’est lui. Un mauritanien 20 sur 10.

    Je ne garde de rancune pour personne. Je dis seulement « Dis ! il ne m’arrivera que ce qui est écrit. » et je prie pour que ces journées noires ne se répètent jamais chez moi.

    Salutations Lo.