03-12-2018 00:00 - Lettre à Mes Amis du Sénégal | Par NGam Seydou, directeur du Musée Bagodine de Nouadhibou

Lettre à Mes Amis du Sénégal | Par NGam Seydou, directeur du Musée Bagodine de Nouadhibou

NGam Seydou - De retour au pays, après deux mois passés sous le toit de la térranga, j’adresse à mes amis du Sénégal cette modeste lettre de reconnaissance et de remerciements. Une lettre dont la sève d’amour vient du cœur, pour dire toute ma fierté au peuple sénégalais.

Certes, le Sénégal en pays pauvre, est doté d’un peuple laborieux et debout. J’ai vu un pays dépourvu de ressources naturelles, mais combien riche de cerveaux affranchis intellectuellement, et de muscles au service du développement.

Durant ma grande boucle à la découverte du Sénégal profond, J’ai été accueilli par le visage souriant et débordant de générosité du sénégalais dans la chaleur de sa térranga légendaire. Un bel label d’hospitalité, de rencontre et de partage à la sénégalaise, dont le souvenir continue de hanter mon esprit.

En silence, je me pose l’éternelle question : « Quelle est la recette du sénégalais ordinaire, bien qu’avec ses poches vides, il reste souriant, de bonne humeur et toujours élégant ? »

Oui, le Sénégal est pauvre, mais combien riche de sa baraka fraternelle, pour accueillir l’Afrique et le reste du monde dans sa diversité.

Mon séjour au Sénégal m’a permis de voir l’éventail d’effort et d’innovation, pour sortir le pays de la sous-perfusion financière internationale, et surtout pour oser des projets audacieux, dont les infrastructures routières constituent les vaisseaux sanguins de l’émergence.

Le plateau médical de ses hôpitaux, dont l’excellence de compétences africaines et de médecins venus d’horizons divers, reste un acquis à mettre au compte de l’intégration africaine.

A propos de cette première immersion dans la profondeur du Sénégal, je noterai que le sénégalais est de nature pieuse, fin, débrouillard, sympathique, inventif, accueillant et généreux, mais un peu bavard, pour vanter la recette démocratique de son pays.

Durant mon séjour, le Sénégal m’a séduit, et les sénégalais m’ont ouvert leurs maisons et leurs cœurs.

J’ai eu ainsi l’opportunité et l’honneur de visiter :

- Le Musée Sangawatt à Djeimbering,

- L’Hôtel de Ville de Djeimbering,

- Le Puits d’El Hadj Oumar Tall à Djeimbering,

- L’Hôtel de Ville de Ziguinchor,

- L’Office Régional du Tourisme de Ziguinchor,

- Le Village Artisanal de Ziguinchor,

- Le Musée Ethnographique de Ziguinchor,

- Le Centre Culturel de Ziguinchor,

- La Maison de la Paix à Ziguinchor,

- La Grande Mosquée de Ziguinchor,

- La Cathédrale de Ziguinchor,

- Le Cimetière Mixte de Ziguinchor,

- La Station Régionale RTS4 à Ziguinchor,

- Le Stade Aline Sitoé Diatta à Ziguinchor,

- Le Musée des Armées du Sénégal à Dakar

- Le Musée de la Gendarmerie à Dakar

- Le Musée de la Femme à Dakar,

- La Maison des Esclaves à Gorée,

- L’Hôtel de Ville de Gorée,

- L’Institut de l’IFAN à Dakar,

- Le Monument du Centenaire à Dakar,

- Le Monument de la Renaissance Africaine à Dakar,

- La Mosquée de la Divinité à Ouakame Dakar,

- La Grande Mosquée de Dakar,

À travers les couloirs de ses Musées, j’ai voyagé d’une époque à l’autre, du passé au présent, pour comprendre le secret d’un Sénégal émergent, qui puise son énergie dans l’abondant grenier de son histoire, et dans l’ancrage de sa foi :

- Serigne Ahmedou Bamba,

- El Hadj Oumar Tall,

- El Hadj Malick Sy,

- Thierno Mohamed Saidou Bâ,

- Cheikh Ibrahima Niass,

- El Hadj Seydou Nourou Tall, etc…,

La liste est longue et dénote les figures religieuses, qui ont défrichés et bénis la terre Sénégalaise. Ces érudits et sages chefs religieux ont laissé au peuple sénégalais, un legs de tolérance, du respect de l’autre, du partage et du vivre ensemble, dans la foi du travail bien fait.

Ainsi pour comprendre la bonne cohabitation entre musulmans et chrétiens, il faut remonter la pente de l’histoire, pour fouiller les archives d’un passé glorieux dont le temps et le climat n’ont pu altérer l’héritage. Oui, j’ai beaucoup entendu et lu, le message, tant chanté et écrit par le président-poète Léopold Sédar Senghor, qui faisait l’éloge de son peuple caractérisé par la trilogie :

- Du Mougne,

- Du Diome,

- Et du Kerssa.

J’ai tendu l’oreille à mon ami Gassama, pour comprendre la teneur et le secret de ces mots. Des mots thérapeutiques portés sur le dos du destin, pour allaiter l’enfant sénégalais, bercer la femme sénégalaise, et surtout armer le vaillant citoyen au cœur du lion.

Et mon ami de répondre :

- Le Mougne c’est la patience,

- Le Diome c’est la dignité,

- Et le Kerssa c’est la pudeur.

Enfin, j’ai compris la valeur et le poids des mots, qui ont soignés et continuent de galvaniser le grand peuple de la Terranga. Cette compréhension, loin d’être suffisante, car il fallait que je traverse le fleuve, à la découverte du Sénégal, avec la curiosité de savoir où s’arrête la frontière entre la légende et la réalité.

Certes, j’ai appris le Sénégal sur les rayons des bibliothèques, par les plumes fécondes de ses illustres écrivains :

- Cheikh Anta Diop,

- Cheikh Hamidou Kane,

- Mariama Bâ,

- Aminata Sow Fall,

- Abdoulaye Sadji,

- Sembène Ousmane,

- Aoua Bocar Ly Tall,

- Amadou Lamine Sall,
etc….

Et souvent bercé par la mélodie de ses poètes, dont la Femme Noire de Senghor, justifie aujourd’hui mon amour à la poésie, pour me noyer dans l’ivresse de ses verres.

Pour calmer la fièvre de ma curiosité et le désert du doute, qui me séparait de ce pays, il fallait que je m’y rende, pour conjuguer le passé au présent.

Au cœur du Sénégal, j’ai eu le sentiment que les sénégalais n’ont pas perdu du temps, pour travailler et surtout forcer la main du destin, en plaçant leur pays au-dessus de tout intérêt.

Des prouesses que certains critiques justifient par l’héritage colonial, et par le legs que la France a donné à son fils ainé sous le toit de la colonisation. C’est bien clair, car on peut hériter de l’Or avec ses parents et le laissé fondre sur les fourneaux de la paresse, et les exemples ne manquent pas dans cette Afrique rongée par les dictatures.

Bref, le plus beau souvenir que je ramène du Sénégal, c’est la constance et la fidélité de mes amis, la chaleur et l’accueil de son peuple souriant et généreux. C’est l’heure de vous quitter sur cette note de reconnaissance, je remercie mes amis de Ziguinchor :

- Lansana Gassama et Famille pour la chaleur de l’accueil,

- L’Imam de la Grande Mosquée et l’Abbé de la Cathédrale pour leurs prières, la grande leçon et l’exemple sacré sur le dialogue Islamo-Chrétien.

- Diabone Charles Lamine Mangaye, de l’Office du Tourisme de Ziguinchor, pour la feuille de route de mes visites, et les supports des sites à visiter,

- Henry NDecky, de la Maison de la Paix, pour son combat dans la dynamique du vivre ensemble et dans la quiétude,

- Le jeune historien Sembiane de l’Université Hassane Seck, pour l’immersion dans le vécu des Us et Coutume Diola,

- Le Secrétaire Général de la Commune de Ziguinchor,

- L’Attaché Culturel Sidibé auprès de la Commune, pour les échanges,

- La Secrétaire du Maire de la Commune de Ziguinchor,

- La Directrice du Marché artisanal, pour sa disponibilité,

- Le Coordinateur du Centre Culturel de Ziguinchor,

- Le Directeur de l’Ecole Privée Paoula Montal de Ziguinchor,

- Le Conservateur du Musée du Patrimoine africain de Ziguinchor,

- Ousmane Diatta dit Karfa, Conservateur du Musée Sangawatt,

- Le Secrétaire Général de la Commune de Djeimbering, pour l’accueil lors de notre visite au puits d’El Hadj Oumar Tall, et les échanges sur les facettes culturelles de sa commune.

- La Mère Khady Sagna, pour son humilité et sa générosité,

- Le Commandant de Bord du navire Aguène et son équipe médicale, toute une nuit à mon chevet durant mon terrible premier voyage en bateau (Ziguinchor – Dakar),

Je n’oublie pas mes amis de Dakar, qui ont pris le relais :

- Ousmane Seydou Bâ et Daouda Tamba pour leur hospitalité,

- El Hadj Kébé, pour l’honneur du grand repas arrosé à l’eau de Zem Zem,

- Le Cdt Seydou Diallo, pour le grand diner de retrouvaille,

- Didi Bâ pour le grand repas familial,

- Le Conservateur Général du Musée des Armées du Sénégal,

- Les gardiennes du temple du Musée de la Femme Henriette Bathily,

- Le Directeur de l’IFAN et le Chef de Service Archive Photos et Audio,

- Les Responsable de la Bibliothèque de l’UCAD,

- Le Directeur du Musée des Civilisations Noires,

- Le Conservateur de la Maison des Esclaves,

- Le Maire de Gorée,

- Thierno Cherif Sy de la Télévision Future Média,

Et tous ces sénégalais anonymes qui m’ont tendus la main, pour m’orienter dans mon pèlerinage culturel, au détour d’une rue, pour retrouver un musée, une adresse et un point de repère.

Encore une fois, du fond du cœur, je vous remercie, pour toutes ces heureuses rencontres, les échanges fructueux, les plaisirs partagés, les nouvelles amitiés tissées, et les liens fraternels retrouvés.

Merci pour tout !

NGam Seydou, Tel : +222 46 43 35 30

E.mail : ngamseydou@yahoo.fr

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Source : NGam Seydou
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