19-12-2018 08:30 - L'Editorial du Calame : Jusqu’à quel mur ?

L'Editorial du Calame : Jusqu’à quel mur ?

Le Calame - A moins de six mois d’une présidentielle décisive pour l’avenir du pays, la situation est tout, sauf claire. Ould Abdel Aziz, qui achève son second et dernier mandat, ne cesse de s’empêtrer dans des déclarations parfois contradictoires.

Un jour, il respecte la Constitution et se retirera à la fin de sa délégation ; un autre, il y reviendra, dès que le texte fondamental le lui permettra. Avec, tout dernièrement, cette trouvaille : « je ne quitterai pas le pays, je continuerai à y jouer un rôle politique et, pourquoi pas, diriger mon parti et organiser ma majorité ».

Ou l’art de s’ingénier à garder le pouvoir, tout en le quittant formellement. De quoi donner le tournis au plus intrépide des laudateurs. Son dauphin ? Il n’a toujours pas choisi. Ould Ghazouani ?

Un ami fidèle parmi d’autres. Pourtant celui qu’on présente comme son alter ego paraît le mieux placé – au sein de l’actuelle majorité, en tout cas – pour reprendre les commandes. Réputé calme et pondéré, il bénéficie d’une image favorable dans l’opinion publique, y compris dans l’opposition envers laquelle l’actuel président n’affichait guère de respect et ne manquait aucune occasion de le lui faire savoir, en termes à peine voilés. Cela dit, Ould Abdel Aziz n’entend pas lâcher prématurément le moindre lest. Annoncer un peu tôt vers qui penchent ses préférences, c’est risquer voir ses flancs se dégarnir. Il en est conscient, et habitué, militaire dans l’âme, à vivre entouré de ses troupes, compte rester maître du jeu, jusqu’à la dernière minute. Mais il arrivera bien un jour où lui faudra rendre tablier. Et les comptes avec ?

C’est déjà ce que sous-entend Boubacar Sadio, commissaire de police à la retraite, dans son pamphlet a priori réactif à la publication, par le président Macky Sall, de son auto-satisfecit : « Sénégal au cœur » ; mais dont on peut aisément entendre le caractère transnational… comme en témoignent les divers sous-titres qu’il a donnés à sa diatribe : des contre-vérités et des mensonges ; de la fourberie et de la tromperie ; des reniements et des abjurations ; de la parole donnée et trahie ; des promesses mutilées et des engagements oubliés ; des détournements de deniers publics ; de la vassalisation de l’Assemblée nationale ; de l’instrumentalisation de la justice ; de l’éloge de la transhumance ; des faux rapports de présentation ; du délit d’initiés dans l’attribution de blocs pétrolifères ; du favoritisme et du clanisme ; de l’ethnicisme dans les nominations ; de la politisation outrancière de l’administration ; du bradage des réserves foncières ; de la négation des valeurs positives ; de la répression comme mode de gestion ; de la restriction des libertés publiques ; de l’impunité et de la non-redevabilité ; de l’arrogance et de l’indécence ; de l’achat de conscience ; des délinquants économiques protégés ; de l’insécurité grandissante ; de l’éducation chahutée et de la santé méprisée ; des intellectuels et des patrons de presse stipendiés ; des populations réduites en bétails électoraux ; du processus électoral vicié et vicieux ; des marchés de gré à gré sur des montants astronomiques ; de l’incompétence et de la médiocrité.

Mauritanie et Sénégal, même combat ? En tout cas, l’ardoise s’annonce, ici et là, particulièrement salée. Et si l’on ne compatit pas forcément aux soucis de ses débiteurs, on comprend leur obstination à garder, tête baissée, les mains sur le guidon… jusqu’à quel mur ?

Ahmed Ould Cheikh



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Commentaires (6)

  • foutatoro (H) 19/12/2018 16:55 X

    Sans faire l’avocat du diable, je dirai que ce que dit ce Sadio Boubacar, n’engage que lui. A quel point, ce qu'il dit est-il vrai étant entendu que ce commissaire à la retraite, est un soutien inconditionnel de Khalifa Sall… en prison ? Remarquons simplement que le Sénégal vient de recevoir des promesses de la part des PTF pour le Plan Sénégal Emergent/PSE plus de 7800 milliards CFCA alors qu’il en demandait que 2800 milliards plus que le double. Près de 4 000 milliards de MRO (on n’est pas encore habitué à la nouvelle monnaie !!!) Soit 14,5 milliards $ sur cinq ans. Quand nous savons que les investisseurs n’investissent que si la confiance règne ! Bientôt, ce pays aura son train express régional dernier cri, sans parler de l’incroyable Diamniadio, ville nouvelle ultra moderne, qui me rend jaloux de la réussite de ce pays. Si je pense tristement à…CHAMI (sic !) Les infrastructures en cours de construction au Sénégal impressionnent… pendant que nous, nous sommes à la recherche, désespérément, d’un…. ETAT !!!

  • diargua (H) 19/12/2018 16:25 X

    Dans toutes ces diatribes énumérées (ça donne froid au dos) ayant le même dénominateur commun qui agit dans le sens parallèle et perpendiculaire il faut y ajouter les notes salées des Organismes de développement sur la gouvernance de notre pays qui en détient le triste record et le cadeau de fin d’année (et de règne de dix ans)de Trump sur l’Agoa a notre gouvernement

  • Nouvelle-Mauritanie (H) 19/12/2018 14:00 X

    Nous sollicitons ,un plans d'action et des propositions de solutions pacifiques." Alahouma Sali Wo Selim alla Séyidina Mohamed". Président unificateur des Mauritaniens/es.

  • habouss (H) 19/12/2018 13:02 X

    Juste une question, par quel argument ou diatribe allons-nous adopter quand on veut former des groupements de Gilets Vert, Jaune, Rouge en Mauritanie ? Décidément avec ces maux bien listées de notre ami Boubacar Sadio, il faut croire que le Sénégal et la Mauritanie sont plus que des pays frères, mais de vrais jumeaux !

  • Ksaleh (H) 19/12/2018 12:52 X

    Demandez à Boidiel Ould Houmeid le Vice Président de l'assemblée, si Aziz ne va pas rempiler pour un 3ème mandat, comme c'est un homme véridique le pachyderme vous dira la vérité. Surtout s'il n'est pas derrière l'Initiative des Élus du Trarza pour un 3ème mandat qui aura lieu le 20 décembre au palais des congrès !

  • Observateur Nat. (H) 19/12/2018 09:45 X

    En toute réalité, les deux pays vivent les mêmes climats politiques avec Khalifa Sall en prison et Karim Wade exilé par Maky Sall, Biram Dah Abeïd en prison et Bouamattou exilé par Aziz, pour Maky Sall son bilan est positif et un deuxième mandat est presque obligatoire, ces deux adversaires, Khalifa et Karim seront amnistiés s’il gagne les élections, sinon il resterons en prisons. Pour Aziz ces réalisations depuis 10 ans sont un fait qui ne lui permet pas encore de laisser sa place à quelqu’un d’autre, et que le général n’est plus sûr, ces deux adversaires, Biram et Bouamattou ne peuvent l’empêcher de se présenter pour le premier sera gracié si son poulin passe au premier tour en 2019 et le second doit sera amnistié des impôts. Le commissaire à la retraite Mr Boubacar Diallo décrit, la même situation des deux présidents dans les deux pays voisins, tous les deux vont droits au mur, pour des promesses non tenues envers leurs peuples, pour le président Maky, il est l’apôtre de la gestion sombre et vertueuse et pour Aziz, le président des pauvres, en Mauritanie, la pauvreté cours les rues, mais entre les deux hommes chefs d’état, il y’a l’argent qui est leur problème.