22-12-2018 09:12 - Si le Président savait !

Si le Président savait !

Le Rénovateur Quotidien - La Mauritanie est une nation plurielle fruit d’une cohabitation séculaire et d’un savoir vivre ensemble cimenté par une religion commune et des valeurs sociales marquées par des similitudes dans les modes de vie tant nomades que sédentaires.

Cette image que les générations passées avaient jalousement préservée s’est écornée au fil des années au point de se dégrader du sommet à la base de la pyramide sociale et politique. Les sirènes de la discorde sont passées par là attisant les passions et l’animosité. Mais c’est surtout l’Etat qui a failli à son devoir de fédérateur et de juge impartial.

Bafouant les règles et principes du fonctionnement correct des institutions de la République, les hommes censés restaurer l’ordre normal des choses, par leur incurie, leur calamité débile ont en véritables pyromanes dirigé le pays. Si bien que l’image de l’Etat à travers ses incarnations et ses démembrements reflète fidèlement cette dynamique de destruction des rapports communautaires pérennisant et consacrant dans la pratique flagrante et éhontée la suprématie des uns sur les autres.

Comme si la constitution n’a pas à leurs yeux la moindre importance. Comme si la Mauritanie est un Emirat qu’ils gèrent capricieusement comme d’un héritage patrimonial. Comme si les principes d’un Etat moderne respectueux des droits élémentaires de la dignité humaine relèvent d’une chimère s’est incrustée dans leurs schèmes mentaux frelatés par leurs comportements schizophrènes.

Si des régimes autocratiques ont joué aux fossoyeurs de l’unité nationale dont ils ne veulent entendre parler et qu’ils dédaignent comme du camembert l’exception du pouvoir actuel dirigé par Mohamed Ould Abdel Aziz a confirmé la règle. Des épisodes se suivent et se ressemblent depuis l’avènement de son règne. On a jamais assisté autant à une marginalisation des franges issues des communautés noires du pays qui n’ont droit qu’à une part congrue des postes nominatifs, des redistributions d’avantages économiques et de privilèges sociaux.

Les fauteuils de président de l’assemblée nationale et du sénat qui revenaient traditionnellement à ces communautés ont été remis en cause. Tournant banalement la page des accords entre les fondateurs de la nation mauritanienne. Les rares acteurs encore en vie, témoins séniles de la création d’une Mauritanie plurielle versent des larmes de regrets et de douleurs de voir leur héritage saccagé par des pilleurs des valeurs qu’ils ont gracieusement laissées à leurs enfants et petits enfants.

L’armée est tombée dans l’escarcelle des tribus qui se disputent rageusement la succession à la tête de l’Etat. Les purges ethniques des années 90 ont débarrassé les casernes d’une partie importante de sa cavalerie liquidée sans autre forme de procès. Les hauts gradés rescapés de cette hécatombe et encore sous le drapeau se comptent au bout des doigts, relégués à l’arrière plan du commandement. Ce tableau très sommaire des inégalités trouve sa logique morbide dans une politique d’exclusion cynique des composantes noires du pays.

Il suffit que dans une administration publique et curieusement dans les institutions non –étatiques que des cadres ou agents subalternes se retrouvent en nombre important pour que cela provoque un tollé épidermique. Et si c’est le contraire cela est normal !

Quand c’est le Président qui admoneste une Directrice d’hôpital aux compétences avérées au point de la pousser à la porte de sortie, là où partout ailleurs tout est monocolore, ou «monofamilial» la logique de deux poids deux mesures traduit bien la complexité de la pathologie. Surtout le manque de discernement et de résistance face aux manipulations politiciennes et raciales.





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Commentaires (4)

  • diargua (H) 22/12/2018 18:53 X

    Ça alors. Avec le temps il est arrivé qu’on ait oublié ces Chefs d’Etat arrivés au pouvoir en treillis et bottes et que l’on ne reconnait plus dans leurs nouveaux costumes taillés chez Yves Saint-Laurent ou Aziz Fashion. Ils sont passés sans bruit pour des civilisés parmi les civilisés pour s’ériger en donneur de civilité. Je repense ici à Senghor qui expliquait pourquoi le Sénégal est une spécificité qui échappe jusqu’ici en Afrique aux coups d’Etat : « Nous avons des officiers de haut rang, formés dans les plus grandes écoles militaires du monde. Des officiers instruits, cultivés, maniant même le Latin et le Grec à merveille. À ce niveau, on ne fait pas des coups d’Etat.

  • mseyke le martyr (H) 22/12/2018 17:51 X

    ce qui est déplorable le peu de cohabitation qui existait ces dernières années a volé en éclat, aujourd'hui plus que jamais les communautés se regardent en chien de faïence et désormais l'avenir de la cohabitation n'est guère possible. demain n'est point loin pour celui qui y sera et qui vivra. vera.

  • Ksaleh (H) 22/12/2018 12:29 X

    Il faut dire que la réaction du Rais était comme l'hôpital qui se moque de la charité ! Si le ridicule tuait Ould Abdel Aziz serait déjà mort après cette sordide sortie contre cette jeune cadre, renvoyée aux gémonies parce quelle était Peulh et femme. Elle est à féliciter, car personne n'ose dire la vérité crue en ce moment à notre demi Dieu, comme elle l'a fait. Et dire que c'est Aziz qui reproche à quelqu'un qui fait travailler ses parents ! Faut-il lui rappeler qu'étaient les Ghadda, les Tfeil, les Zine Abedine et consorts, tous les " hauts responsables" dans les administrations, dans les ambassades etc. ....., avant son coup d'état malheureux d'il y a 10 ans ? La honte, aussi c'est de provoquer cette réaction, avec un scénario ourdi d'avance. Nous nous sommes réveillés tous les matin embaumés dans la honte que nous sommes maintenant incapables de sentir nos propres senteurs. A Allah nous plaçons notre entière confiance.

  • Steve Biko (H) 22/12/2018 10:19 X

    Si Aziz avait trouvé l’hôpital tout blanc, personnel et malade, il ne se posera jamais la question, en ce moment c’est normal, pourtant Aziz ne remarque pas que la Mauritanie a d’autres couleurs, mais il ne voit qu’une seule, la blanche, la belle, l’agréable, la couleur noire est mal vu dans le cercle de son entourage. Aziz savait avant de venir à l’Hôpital mère et enfant, le système lui a dit, il a fait ce que veut le système et il a dit ce que veut le système, mais il est tenu par un système esclavagiste, raciste et d’exclusion qui l’entoure et qu’il est obligé de respecter, voilà ce que voulait expliqué le Pr Hanefi de Koweït dans son histoire de mouton et de chien, le mensonge tout formé et véhiculer par une classe politique qui se partage le pouvoir. La vidéo d’Aziz qui fait la morale à une directrice d’Hôpital a fait le tour du monde, les réseaux sociaux en bave plein débat, mais Aziz a parlé comme certains de ses ministres qui l’entoure et qui disent sans gêne d’exclure les noirs de tout, Aziz vient de montrer au monde entier et plus particulièrement aux noirs mauritaniens qu’ils ne sont pas les biens venus dans l’administration.