07-01-2019 23:15 - Post-scriptum : cette idée du discours de haine que seul le pouvoir a le droit d’avoir

Post-scriptum : cette idée du discours de haine que seul le pouvoir a le droit d’avoir

Initiatives News - La marche du 9 janvier contre “le discours de haine” que dirigera le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz sera le deuxième événement inaugural de l’année 2019 en Mauritanie après la sortie effective de prison du militant antiesclavagiste et député Biram Dah Abeid mardi 1er janvier à 00 heures…

L’objet de cette marche tel que libellé par la Primature qui y invite tout le monde sous prétexte de « devoir national » est le suivant : « barrer la route aux auteurs des discours haineux et incitatifs à la discorde, indépendamment de leurs origines, et (…) manifester avec force et détermination une position nationale unifiée contre tout ce qui est de nature à compromettre la cohésion et la solidarité entre les composantes de notre pays… »

Curieux qu’à quelques mois d’une présidentielle censée tourner la page d’un régime lourdement ressenti par une écrasante partie des mauritaniens, le gouvernement, choisisse la rue comme option face à ces choses qu’elle dénonce alors qu’elle dispose de toute une batterie de lois et de moyens soit pour les empêcher d’avoir lieu soit pour en punir les auteurs…

Le pouvoir qui en d’autres circonstances a mâté des marcheurs qui ne faisaient que revendiquer plus de justice et d’égalité décide de battre le pavé…

Se souvient-il que les forces de l’ordre ont dispersé le 4 mai 2014 des dizaines d’anciens déportés qui ont fait 300 kilomètres à pied de Boghé à Nouakchott pour réclamer des conditions de réinsertion honorables ? D’où vient alors ce besoin d’occuper la scène alors qu’il y a plusieurs mois on a vu des images montrant des brigades antiémeutes passer à tabac jusqu’à les traîner dans leur sang des manifestants. On peut citer à rebours toutes les actions violentes du pouvoir à l’égard de ses populations et même des pressions auxquelles sont soumises, jusqu’à l’étouffement, des pauvres citoyens…Cela prendrait du temps et de l’énergie tellement il y en a eu…

Que veulent les détenteurs du pouvoir ? Jouer aux héros de conte de fée qui sortent une idée comparable à une de ces pièces magiques qu’un prince doit tirer de sa besace pour surmonter un obstacle en chemin pour reconquérir une bien aimée tenue en otage par les « forces du mal » ? Ici, la bien-aimée à reconquérir c’est ce pouvoir qui est sur le point de glisser des mains de ses détenteurs.

De crainte qu’il ne tombe entre des mains « ennemies », ces détenteurs du pouvoir ont commencé à sortir « les sortilèges». On peut en énumérer une tonne au moins. Mais contentons-nous de rappeler que les « initiatives pour un 3e mandat » en sont une des expressions les plus récentes. Il y a eu cette fameuse histoire de Samory Ould Bèye qui s’est fait tancer à coups de tweet et de postings Facebook par le président du parti UPR et celui de l’Assemblée Nationale pour avoir dit qu’un homme l’a menacé à l’arme blanche en pleine réunion avec le ministre de l’équipement.

Ce « fait » ne fera l’objet d’aucune enquête sérieuse. Il devient sujet à toutes sortes de supputations. Un prétexte contre une certaine idée du « discours de haine, du racisme, de la discorde » que seul le régime a le droit de définir…Et on n’oublie pas les sorties du chef des détenteurs du pouvoir et de certains de ses ministres contre « les extrémistes » au lendemain des élections de septembre…C’est à croire que l’on tend un piège à la Mauritanie…Un imbroglio qui retardera ou empêchera le rendez-vous des urnes de juin 2019.

Kissima



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Commentaires (2)

  • leguignolm (H) 08/01/2019 15:28 X

    On se souvient aussi ce lendemain de la ville de Néma et sa suite car qu’il fallait mettre des cadenas à leurs bureaux les ministres, les secrétaires généraux, les directeurs généraux, les chefs des services et consorts tous en mission plus d’un mois par tout en Mauritanie pour calmer la population du dérapage du chef de l’Aziz.

  • y en a marre (H) 08/01/2019 01:36 X

    Kissima, La dernière fois que vous avez écrit sur Cridem, c’est quand, je pense qu’il y’a une année peut-être, plus ou moins je ne sais plus, mais chaque fois que vous écrivez, la différence est nette et clair. Ce que vous avez écrit est très frappant et juste, ce gouvernement va courir derrière le mensonge, comme le voleur qui crie au voleur, mais on veut tromper qui, on veut rassurer qui, de notre racisme ancré dans notre système et qu’il est temps de le vomir en plein jour sur le goudron, on veut tromper qui avec des images muettes, par rapport aux documents de la Communauté Européenne qui classe la Mauritanie en terme clair comme un pays de l’apartheid, ce qui fait courir les autorités à vouloir le dénoncer par une marche qui cache autre chose, le pays ou les noirs sont discriminés de tout et sans rien. Mais Kissima, c’est dans ce pays que l’on pratique réellement le racisme et enseigne aux enfants de certains quartiers qu’ils sont supérieurs aux autres, mais quand vous dites qu’ils y’a des racistes dans ce pays, les racistes sortent et manifestent leur colère d’être traité de raciste. La pratique du racisme est toléré et d’ailleurs soutenu, félicité comme contribution au maintien des autres sous le joug d’être les exclus et ça, ce n’est pas raciste, c’est rendre service à sa communauté. Monsieur Kissima, il faut que nos soit disant dirigeants politiques, arrêtent de penser qu’ils sont les seuls intelligents, il faut qu’ils arrêtent de croire qu’ils sont les seuls à avoir fait l’école Coranique et finissent comme directeur sans les études appropriés, il faut qu’ils arrêtent de se prendre eux-mêmes comme des hommes politiques mur et non tenu par des engagements. Cette marche sera une mascarade politique qui ne répondra pas aux milles questionnement de la Communauté internationale, seulement le ridicule ne tue pas dans ce pays, mais cela fait vivre.