25-01-2019 01:30 - Focus - Immigration clandestine : le Guidimagha en deuil, pleure encore et toujours ses fils !

Focus - Immigration clandestine : le Guidimagha en deuil, pleure encore et toujours ses fils !

L'Information - C’est triste, désolant et endeuillant. Il n’y a pas des mots pour qualifier cette tragédie si elle se confirme.

Le mois de janvier 2019 précisément, le vendredi 11, aurait vu naître un grand deuil partagé sur l’ensemble du territoire Mauritanien, notamment du Guidimagha Mauritanien. Une embarcation clandestine aurait échoué en mer méditerranéenne et a causé la disparition voire la mort de 53 personnes selon des sources. Inalillah we inna ileyhi rajioune.

Qu‘ils soient des élus du paradis. D’après diverses sources et les informations qui circulent sur la toile, on compte parmi ces naufragés, plusieurs personnes de nationalité Mauritanienne, dix-neuf selon certaines.

Faut-il dire qu’on pourrait en compter plus car, il ne s’agit pas jusque-là, des chiffres officiels ou avérés. Le gouvernement mauritanien dit ne pas avoir des informations officielles sur le naufrage, auprès des autorités espagnoles et marocaines, et a promis de chercher toutes les informations nécessaires à ce sujet, mais depuis, le silence est totale. Le gouvernement a démenti en premier temps les infos selon lesquelles, un naufrage a eu lieu, et depuis, aucune déclaration officielle n’a été faite.

Cherche-t-on, à étouffer cette affaire au détriment des parents endeuillés ou s’agit-il des rumeurs pour ne pas dire des fausses informations. N’est-il pas du devoir des autorités de faire une déclaration et de compatir à la triste nouvelle, si elle se confirme, qui a frappé le Guidimagha par une déclaration officielle de condoléances aux familles et à l’ensemble de la région et au peuple Mauritanien indivisible et un ?Toutes les âmes se valent.

Une enquête approfondie doit être diligentée dans le plus bref délai en vue de situer les responsabilités et de savoir réellement ce qui s’est passé à propos de ce naufrage survenu selon certaines sources, entre le Maroc et l’Espagne, pour que les familles puissent faire correctement leurs deuils. On ne peut se servir de prétexte d‘atteinte à l’image du pays, et dessiner l’espoir sur les visages des pauvres parents anéantis déjà par la triste nouvelle de non-retour de leurs enfants.

La vérité est leur ultime recours. La solidarité dans des moments difficiles est une preuve d’amour, l’unité nationale tant souhaitée par le peuple Mauritanien ne peut -être vraie,si l’on continue de profiter ou d’ignorer les malheurs de ses semblables. La Mauritanie, l’on sait, profite des milliards d‘ouguiyas et des millions d‘euros pour lutter contre l’émigration ou l’immigration clandestine chaque année ou pour un soit disant lutte contre ce fléau. Les résultats sont- ils à la hauteur des attentes ? Certainement pas.

Les différents pays partenaires dont la Mauritanie, le Maroc, l’Union Européenne, l’Espagne, l’Italie…gagnent à changer de stratégies de lutte contre l’émigration clandestine, en investissant les deux tiers de cet argent destiné à construire un impossible mur de sécurité imaginaire, aux pays de départ par la création d’emplois et des sociétés employant les désespérés qui empruntent ce chemin de la mort… Que constater d‘ailleurs, si ce n’est l’expression d’un désespoir continue et sans fin dans leurs pays d’origine respectifs. Des citoyens qui n’arrivent pas à trouver d’emplois décents et des conditions de vie dignes de ce nom dans leurs pays.

Nul ne justifie l’emprunt de cette voie de non-retour que les désespérés empruntent, mais en réalité, ne s’explique-t-elle –pas par le désarroi et l’inconsidération des dirigeants portés à leur égard, ou leur situation dans leurs pays ? Quand les pays de départ et de transit manquent cruellement des opportunités et n’offrent pas d‘emplois dignes de ce nom, il ne faut pas s’attendre à ce que cette politique actuelle de sécurité migratoire retient les gens.

Au contraire, il provoque un engouement certain.L’évidence est que, des centaines,voire des milliers de personnes s’adonnent à la mort, en empruntant le chemin de la mort qu’est la voie clandestine sans hésitation pour l’inconnu tous les jours. L’Etat Mauritanien est-il, en partie responsable de ces tragédies qui frappent ses fils ? La Mauritanie est l’un des rares pays de la sous-région qui a des potentialités économiques diverses. Le pays exploite diverses ressources dont le poisson,fer, le pétrole, l’or, l’uranium, le sel….

Malgré cette exploitation et les énormes ressources, l’émigration clandestine est monnaie courante. Non seulement, c’est un pays de transit mais aussi des mauritaniens empruntent souvent, le chemin de la mort : les pirogues clandestines avec comme bilan, des dizaines, voire des centaines de morts de nationalité mauritanienne par an. La plupart de ces personnes qui se sacrifie, vient surtout du Guidimagha. Une région peuplée majoritairement par des soninkés.

Ils habitent dans le sud du pays notamment dans la région du Guidimagha et le Gorgol et vivent principalement de l’agriculture. Le Guidimagha est l’une des régions de la Mauritanie qui connait le taux d’émigration le plus élevé.Ces populations migrent depuis la nuit des temps pour subvenir à leurs besoins vitaux. Pourquoi ce peuple émigre –t-il ?

Malgré les potentialités économiques importantes du pays, les soninkés du Guidimagha restent lésés sur le plan économique, social et politique c’est un peuple qui a longtemps souffert des discriminations et qui est resté pendant longtemps éloigné des décisions centrales. Même si des fausses représentations et images font paraître les soninkés comme un peuple de riches en Mauritanie, il faut constater qu’il reste l’un des peuples le plus pauvre de ce pays. C’est insensé et dénué de sens, quand on sait que dans l’organisation ou famille chez les soninkés, seules deux personnes sur dix peuvent subvenir correctement aux besoins de son ménage (nourriture, soins, santé, éducation…).

Et, l’organisation familiale nous enseigne aujourd’hui pour la plus part des cas, que ce sont les émigrés et immigrés qui prennent en charge presque toute la famille « élargie au sens soninké ». Un émigré doit subvenir aux besoins d’une dizaine voire une vingtaine de personnes de sa famille. Comment pourra-t-on parler de communauté d‘opulents ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, ces émigrés ou immigrés pour la plus part des cas, huit sur dix ont regagné l’Europe clandestinement en prenant les pirogues clandestines qui, malheureusement pour certains cas échouent en mer comme aujourd’hui.

La disparition en mer de ces 53 personnes n’est pas une première et non une dernière tant que des politiques de développement adéquates ne sont pas développées dans nos pays, dans notre pays et dans la région du Guidimagha. Le Guidimagha a besoin de survivre, pas avec cette immigration clandestine ou l’émigration légale, mais avec des véritables politiques de développement qui peuvent générer des emplois et retenir les jeunes dans leur pays et leur région. Le désespoir est source de malheur, le Guidimagha est malheureux parce que délaissé par l’Etat.

Les jeunes émigrent, pas parce qu’ils veulent, ils émigrent parce qu’ils manquent des emplois, de l’espoir, ils sont abandonnés à leur sort et désorientés par les politiques publiques les excluant. Nul ne doit ne doit pouvoir justifier l’immigration clandestine des jeunes soninkés du Guidimagha dans des situations épouvantables et suicidaires, dans un pays comme la Mauritanie qui regorge des potentialités économiques et dont la population n’atteint même pas quatre millions d‘habitants, si ce n’est que par le fait qu’ils sont laissés pour compte.

Il est temps que les besoins et les attentes de cette région soient pris en compte pour éviter à la nation des pertes humaines regrettables et que l’étiquette de Guidimagha suffit et peut suffire -à elle-même s’arrête pour faire place la raison et la réalité d‘une région désemparée qui a besoin de l’appui de l’Etat, des emplois et des infrastructures fiables.

La vérité est que, même si le démenti du gouvernement s’avère vrai, il reste toujours que les soninkés du Guidimagha continueront d‘emprunter cette voie, tant qu’ils sont abandonnés à leurs sorts et tant que le chômage frappe au plus haut point. Le Guidimagha s’est vidé de ses enfants intellectuels et non intellectuels, qui ont rejoint l’Europe par la voie clandestine, à la recherche d’un éventuel moyen de survie de leurs familles, faute d’avoir des emplois décents dans leurs pays. Espérons qu’avec l’avènement des conseils régionaux récemment installés pour la première fois en Mauritanie, en lieu et place du sénat, que la situation changera, que les fils Mauritaniens du Guidimagha seront impliqués dans les sphères pour ne pas avoir à choisir la voie du désespoir.

Car seul le désespoir, le manque d’emploi et le désarroi conduisent à immigrer dans des situations aussi périlleuses. L’Etat peut éviter des morts de ces fils en créant des emplois, en employant les fils du Guidimagha, en investissant dans la région et en les impliquant davantage dans la gestion de nos cités et dans l’administration centrale.

Samba Fofana

Directeur Délégué de linformation.net





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Commentaires (2)

  • boubou_kibili (H) 25/01/2019 20:24 X

    Chers compatriotes, attention ne nous trompons pas de combat. Si cette information se confirmait ce serait dommage et nous ne pouvons que nous incliner devant la mémoire de ces jeunes et présenter nos condoléances aux familles explorées.

    Ceci étant dit ne nous trompons pas encore une fois de combat et séparons la graine de l’ivraie ou si vous voulez deux choses : Oui le Guidimakha connait un déficit de développement cela est connu de tous comme toutes les régions d’ailleurs de ce pays le sont et plus pour le Guidimakha compte te nu de ses potentialités j’en conviens. Oui l’Etat a beaucoup de choses à y faire qu’il n’a pas encore faites. Mais qu’avez-vous fait vous les cadres du Gudimakha pour le développement de votre région ?

    Que l’on me comprenne bien je ne parle pas ici des routes ni des infrastructures qui ne relèvent bien sur pas de vos compétences. Je veux dire qu’avez-vous fait pour conscientiser vos masses et notamment les jeunes par rapport à l’émigration qui ne nourrit plus son homme ou sa femme. Les foyers sont pleins en France et vos parents dorment dans des toilettes et les couloirs avec tous les risques sanitaires que cela entraine.

    Qu’avez-vous fait pour encadrer vos parents pour qu’ils investissent les moyens dont ils disposent et qui remplissent les banques à d’autres fins pour occuper leurs fils qui ont abandonnés l’école et pas seulement du fait de l’Etat (qui a certes sa part la dedans) en leur expliquant surtout qu’l faille depuis longtemps investir dans l’humain et que la migration surtout dans les conditions actuelles (bateaux de la mort) ce n’était pas la solution ? Pourquoi ne jouez vous pas votre partition pour empêcher ces jeunes d’aller mourir alors que ces montants donnés aux trafiquants de la mort pouvaient créer quelques PME ?

    Non au lieu de cela vous les cadres êtes dans des conflits bidons de politiques politicienne, empêtrés dans des sujets et des débats stériles, ou vous cachez derrière certains avantages accordés par l’Etat ou dans vos activités privées. Prenez donc votre courage en main et balayer d’abord devant vos portes par rapport à ce problème d’abord et arrêter de suivre les événements et faire dans sorties dans les réseaux sociaux pour vous plaindre.

    Que font vos parents avec ces caisses remplies d’argent depuis l‘aube des temps et qui dorment dans les foyers finançant certes activités nécessaires ?, Qu’avez-vous fait je parle toujours à ces cadres pour votre région pour rapprocher les communautés que vous ne faites que diviser. Comment expliquer vous que d’autres compatriotes viennent investir dans votre région que vous fuyez et se font de l’argent et vos parents continuent à aller sur des chemins tortueux (pirogues désuètes etc.) sachant que la mort est à coup sûr au bout. Que font vos oulémas pour éduquer dans ce sens alors que c’est une région où déjà à la fin du 18 eme siècle il y’avait de mahadras dans la plupart de vos villages ?

    Arrêtez donc de verser des larges de crocodiles et prenez votre part dans la formation, la conscientisation des jeunes pour ne pas dire dans leur encadrement pour mettre des projets à petites ou grandes échelles afin de renverser cette tendance au départ pour des lendemains incertains et périlleux Oui enfin on pourra en mémé temps mettre l’Etat devant ses responsabilités régaliennes et quelque soit le régime en place..

  • lass77 (H) 25/01/2019 14:18 X

    Oui le Guidimakha pleure ses fils. Le comportement du gouvernement Mauritanien en dit du mépris qu'il a à l'égard des populations négromauritaniennes. Je l'ai dit ici, il y'a gêne que compassion que le monde entier sache que des Mauritaniens périssent dans l'océan en tentant l'émigration clandestine. On a vu un officiel parler d'atteinte à la dignité et à l'image du pays de faire circuler ces informations.Le president de la République est sensé etre le president de tous les MAURITANIENS hélas la difference est totale dés qu'il s'agit des Noirs. Ne croyez pas à ces conseillers régionaux pour développer les régions du pays. C'est une tactique encore d'ériger et d'enfoncer la Mauritanie dans la gabegie et la prédation des deniers publics.