Housseinou DEH - Quelle place peut-on espérer pour la Démocratie en Mauritanie quand on sait que pour un régime militaire, la lutte pour le pouvoir est plus importante que le combat pour la démocratie ?

Chaque pays a une armée, mais en Mauritanie, l'armée a un pays. Depuis la nuit des temps la Mauritanie reste prise en otage par des hommes militaires voulant imposer leurs oligarchies et leurs dictatures. Cette concentration et cette centralisation du pouvoir entre les mains des militaires ont rendu inopérant voire inexistant les partis politiques. En Mauritanie la démocratie n'est pas envisageable sans l'armée.

De ce fait le pouvoir militaire a pris un dessus considérable sur le pouvoir civil. Chaque tentative d'instauration de la démocratie s'est souvent soldée par une politique d'élimination par un coup d'Etat renversant le régime civil ; à titre indicatif l'élection du président Sidi Mohamed Ould cheikh Abdallah le 06 Août 2008.

Pour rappel ce coup d'État a été orchestré par même (le général militaire) président en l'occurrence Mohamed Ould Abdel Aziz avec ses alliés de l’armée sur des bases infondées et illégitimes, imposant son règne et sa légitimité comme si rien n'était, sous le silence complice d'un peuple impuissant. Et, ce sont ces mêmes alliés militaires, ces mêmes complices, que le pouvoir en place veut nous imposer à la place en guise de déverrouillage constitutionnel, une sorte de joker quand on sait déjà que toutes les portes sont verrouillées pour que (le général) président actuel brigue un troisième mandat.

Sachant que la démocratie est la meilleure revanche contre la dictature militaire, la Mauritanie à t-elle vraiment aujourd'hui envie de transmettre le pouvoir militaire au peuple ? L'armée doit elle continue à interférer dans les affaires politiques du pays ? Pourquoi les militaires ne se passeraient-ils pas de la politique en laissant les civils décider de leurs prédestinations? Sont autant de question qui nous traversent les esprits dont les réponses nous semblent être déjà connues.

En attendant, la passation du pouvoir entre militaires semble être décidée, laissant la place au formalisme électoral pour ainsi bien doper le peuple insoucieux de son destin. Comme on le sait si bien, pour le régime militaire la démocratie au sens occidental est un leurre. Mais il est temps que le citoyen mauritanien se réveille pour décider de sa vie et celle de ses enfants. Pour se faire, il faudra transmettre le pouvoir au peuple et renvoyer les militaires à leurs bases respectives pour la sécurité de la cité.

Le moment n’est- il pas venu pour le citoyen mauritanien de prendre conscience de sa situation ?

DEH Housseinou, Juriste