06-03-2019 12:35 - Précampagne en Mauritanie : Ghazouani séduit, l’opposition divisée

Précampagne en Mauritanie : Ghazouani séduit, l’opposition divisée

Jeune Afrique - Alors qu'en prononçant un premier discours très consensuel, Mohamed Ould Ghazouani, le dauphin du président Aziz pour l'élection du 23 juin, semble avoir séduit certains membres de l'opposition, cette dernière peine à s'entendre sur les noms de ses candidats.

En annonçant sa candidature devant plusieurs milliers de personnes, le 1er mars au stade Cheikha Ould Boïdya de Nouakchott, sans faire une seule allusion au parti majoritaire de l’Union pour la République (UPR), le général Ghazouani, ministre de la Défense, a donné une tournure inédite à son début de campagne en se présentant au-dessus des partis, des tribus, des castes et des clans qui composent la Mauritanie.

Il l’a confirmé dans son discours, en déclarant que les présidents mauritaniens successifs n’avaient ni vraiment raté ni complètement réussi leur mandat, mais qu’ils avaient tous apporté leur pierre à la construction d’un État fort, car « animés de bonne foi et d’esprit patriotique ». Il n’a pas manqué de rendre un hommage appuyé aux « grandes réalisations » du président sortant, Mohamed Ould Abdelaziz, son frère d’armes qui l’a persuadé de se présenter.

Des chances pour « toutes les composantes »

Affirmant qu’il n’est « pas le meilleur » pour cela, il s’est engagé à « traiter les dysfonctionnements » et à « combler les insuffisances quelles qu’elles soient ». Parmi la liste de ses priorités, on remarquera « la multiplication des chances pour toutes les composantes de notre cher peuple », et l’allusion à une discrimination positive à mettre en place en faveur des Haratines – Maures noirs – et des Négro-Mauritaniens, qui s’estiment marginalisés par les Beidanes – Maures blancs.

La réforme de l’Éducation nationale et la promotion de la femme promises rappellent les mesures prises par Ghazouani pour l’armée

L’essor économique « dans le respect des équilibres macro-économiques » renforcera « davantage la transition vers une économie productive » capable de créer des emplois, a affirmé Ghazouani. L’attention portée, dans son programme, à la réforme de l’Éducation nationale et à la promotion de la femme, rappellent par ailleurs la création par l’ancien chef d’état-major d’écoles militaires d’excellence pour former les futurs officiers, et son souhait que les femmes prennent une plus grande place dans l’armée.

L’homme de « la transition vers l’alternance » ?

Les mots, le ton et l’argumentaire diffèrent de ceux du président Aziz, au point que certains commentateurs y ont vu le germe d’une brouille entre les deux hommes. D’autres estiment que, par tempérament, le général « ratisse » spontanément plus large que le président. « Il nous a tendu la main ; il est moins agressif. Il a marginalisé le parti majoritaire, constate un membre important de l’opposition. J’entends plusieurs de mes amis se demander s’il n’est pas l’homme capable de réussir, sans fragiliser nos institutions, une transition vers l’alternance que nous souhaitons. »

La « transhumance » politique en faveur du général semble avoir commencé. Le Rassemblement pour la démocratie et l’unité (RDU) hostile au président Aziz le soutient. Moctar Ould Mohamed Moussa, un cadre du parti islamiste Tawassoul, et Mohamed Mahmoud Ould Weddady, vice-président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), ont démissionné pour appuyer la candidature Ghazouani.

Deux camps dans l’opposition radicale, Biram décidé

L’opposition dite radicale, elle, peine à trouver un candidat commun. Deux positions s’y affrontent. Celle qui, avec Tawassoul, souhaite choisir le candidat parmi des personnalités indépendantes. De ce côté, c’est le nom de Sidi Mohamed Ould Boubacar, un ancien Premier ministre du temps du président Taya, qui arrive en tête.

L’autre camp veut que le candidat de l’opposition soit issu d’un des partis qui composent l’Alliance électorale des partis d’opposition. Là, c’est le nom de Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des forces de progrès (UFP), qui émerge.

Tandis que quatre partis discutent d’une candidature de Samba Thiam (FPC), un seul ne tergiverse pas : Biram Dah Abeid

Tandis que quatre partis (MR, AJD/MR, PLEJ et FPC) discutent d’une candidature de Samba Thiam (FPC), un seul ne tergiverse pas : Biram Dah Abeid, le patron de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA). Depuis des mois, il a annoncé sa candidature pour combattre l’esclavage qu’il estime toujours vivace dans son pays, pour défendre la communauté des Haratines et pour chasser la majorité au pouvoir, selon lui « prédatrice ».

Il a réagi à l’annonce de la candidature Ghazouani avec sa pugnacité habituelle : « Voter pour Ghazouani, c’est faire table rase des crimes économiques, crimes d’esclavage et crimes contre l’humanité. C’est voter pour dix années supplémentaires d’une gouvernance de Mohamed Ould Abdelaziz et sa haine viscérale contre ses opposants », a-t-il déclaré.

Par Alain Faujas





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Source : Jeune Afrique
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Commentaires (5)

  • lass77 (H) 07/03/2019 11:18 X

    @Bertrand@ Arrêtes de divertir. C'est haram de mentir meme en le l'insinuant. Tu sais clairement que les Noirs Mauritaniens sont majoritaires dans le pays. Donc la proposition de Ghouazani concernant une discrimination positive est un signe de continuité du Systeme. Donc le doute n'est plus permis , rien ne changera en Mauritanie. Un jour viendra n'en déplaise à certains.

  • Bertrand (H) 06/03/2019 23:09 X

    Lass77 Il y’a parmi ceux que tu vois dans les rues si tu es un mauritanien et si tu habite en Mauritanie 700.000 negros africains venus des pays voisins pour travailler en Mauritanie qui est la patrie de tous les musulmans et que les sionistes avec leurs serviteurs malades de haines veulent détruire.

  • insoumis (H) 06/03/2019 17:17 X

    Rien ne va dans ce pays, la continuité, c’est vraiment du jamais vu, hélas, les politiciens mauritaniens ne sont pas droits dans leurs bottes c’est des vrais Caméléons, ils changent de partis comme le caméléon change de couleur selon son environnement. Le Ghazwani, vraiment les mauritaniens, la plupart d’eux ne sont guère des vrais musulmans, certains considèrent que Ghazwani est un messager, comment peut on appeler des choses pareils, tout ce qu’on vous donne vous avalez, tout ce qu’on vous propose vous acceptez et sans aucune réflexion aucune analyse pour avenir,la conscience n’est pas donnée à tous les peuples, les mauritaniens ne sont pas dans la bonne voie, personne ne peut construire un pays dans abondance de la corruption et un taux très élevé d’alphabet. Ce qui peut changer un pays c’est un peuple conscient, la Mauritanie est très loin de cela. Certes que les mauritaniens vont s’offrir un minimum 10 ans de Kgazwani, après qu’ils ont vécu 10 ans de plus de Aziz et Ghazwani. 2 ans de plus Ely -Azz-ghazwani 20 ans ou plus de Maouya -aziz- Ghazwani. Les mauritaniens ne sont pas prêts peut-être pour le changement ? Toujours le même couscous, la même farine et les mêmes têtes au palais.

  • lass77 (H) 06/03/2019 16:21 X

    Et on y est ! J'ai pensé qu'il sera l'homme de la rupture hélas. On ne lutte pas contre les maux de la Mauritanie par une soi-disant discrimination positive en faveur d'une majorité. Dans toute l'histoire de l'humanité c'est en faveur de la minorité, c'est le contraire en Mauritanie. Ce qu'il faut Mr Ghouazani c'est d’être de rupture totale en application des lois et de l'islam. Égalité, Équité et justice partout. Le changement n'est pas pour demain dans ce pays.

  • mine-you (H) 06/03/2019 14:07 X

    Il faut être un opportuniste né dans l'opposition pour être séduit par ces putschistes illusionniste. Avant lui c'était son ami et tuteur Ould Abdel Aziz qui avait promis le " paradis" pour les mauritaniens.