07-03-2019 21:45 - Hormis la folie, l'ivresse du pouvoir noircit la religion

Hormis la folie, l'ivresse du pouvoir noircit la religion

KIDE Baba Gallé - Les affres de l’extrémisme n’épargnent guère les miséreux. Les loups sont assoiffés de sang. Abbeville était leur théâtre et Jean-François le Febvre, le Chevalier de la barre, le gibier frais à dévorer sous les regards réjouissants des fanatiques bourgeois, était au menu de ce mois de juillet 1766.

En 1755, Lisbonne se voit englouti par un tremblement de terre. Des victimes se comptaient par millier. L’Eglise se plonge dans la folie. L’inquisition désigne des coupables. Les hérétiques sont brulés pour épargner les fidèles de la colère divine.

La folie se mélange à la passion. Les « gentils » petits bourgeois de la « Grande tente » mauresque, les capricieuses « princesses » du désert et les « Grands Seigneurs » du temple du fanatisme, exigent la tête de Ould Mkheitir, un « Mou’alem » insolent et « hérétique », qui a osé défier l’Islam et ses défenseurs. Le pays aux « mille poètes » est devenu le pays aux « mille assassins » où les fantasmes, l’inconscience et l’ignorance deviennent un verset coranique.

Quand on confond religion, politique et fanatisme, on reste enfermer dans une bulle d’émotion, de sensibilité et d’égoïsme. Une bulle dévastatrice et dangereuse qui emprisonne la pensée critique, ouvre les portes de l’anarchie et se construit un royaume où le fanatisme est le « Grand Roi-Sage ».

La sombre époque des rois anges, des princes dieux et des déesses reines refait surface. Elle embellit l’ignorance, berce la fille imaginaire de la raison et se construit un monde cruel dénudé de toute pensée critique.

Le fanatisme est aussi ancien que le temple de Ba’al Shamin. Etymologiquement, le fanatisme puise ses racines dans la langue latine. Sa définition se trouve dans Fanum (Temple) et fanaticus (le serviteur du temple). Il trouve ses premiers pas et ses mots d’ordre dans la religion.

Les aveuglés de la différence, les manipulateurs des consciences et les rancuniers de la vie se précipitèrent pour en faire une arme contre la pensée et une manière de maintenir le bas peuple dans la soumission et dans l’ignorance.

Cette manière de contempler la société enfermait l’esprit dans un monde fantasmagorique et imaginaire. En 1763, Voltaire écrivait dans le traité sur la tolérance : « l’esprit humain, au réveil de son ivresse, s’est étonné des excès où l’avait emporté le fanatisme ».
Des siècles après, la raison poursuit son chemin dans les couloirs de l’ignorance et s’accroche sur ce « bateau ivre » pour reprendre les mots de Rimbaud, où les passions remplacent les capitaines.

Ce bateau piétine des vagues de contestation, enrôle des fidèles de plus en plus et se positionne comme la seule embarcation possible vers un univers de solidarité et de défense d’une idéologie nauséabonde et fragile.

En temps d’errance, de vulnérabilité et de perdition, "les sages" se "caméléonisent", se camouflent dans le "shi-aadi" et se courbent devant le puissant Empereur de la traîtrise et de la manipulation. Dans l’indifférence des uns et la complicité des autres, ils nous servent de guide, un tremplin pour atteindre Dieu et un éclaireur vers le cheminement de la foi et du pardon. Ne voyez – vous pas les crimes qu’ils commettent, les lois qu’ils violent et les “fatwas” qu’ils mettent sur la tête des pauvres gens?

Et malgré ces plaintes, ces cris d’alarme et de cette réalité oppressante, le peuple, “lobotomisé” et conditionné à se soumettre aux lois injustes, s’éternise dans le déni, refuse d’affronter l’injustice et se réclame défenseur de l’islam et croyant modèle.

Les rares esprits éclairés et épargnés par les foudres de l’ignorance et de l’instrumentation se transforment en spectateurs en regardant une scène théâtro – religieuse de mauvais goût et la plus pathétique de notre histoire politico-religieuse.

En restant muets devant les faits et les conséquences ravageuses de ces derniers, ils rendront des comptes devant le tribunal de l’histoire et devant ces familles qui seront déchirées par le mépris, par la haine et par des ambitions démesurées de nos pseudo – religieux et de ces casseroles qui nous servent d’hommes politiques.

Babagalle Kide





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