Sidi El Moctar Ahmed Taleb - Au moment ou tout le monde ne parle que de changement politique, d’alternance pacifique ou d’un processus démocratique qui risque à tout instant d’être interrompu, le MEDD surprend les observateurs et la scène politique.

Sa surprise, consiste en l’organisation d’un atelier sur un autre type de changement, celui du climat et pour aussi faire avancer un autre processus, celui du Plan National d’Adaptation (PNA) qu’impose, à tous d’ailleurs, une bonne mise en œuvre de la CCNUCC.

Ce plan qui semble annoncer la fin de la phase où les pays se suffisaient de traiter une partie de leurs secteurs vulnérables au changement climatique et de présenter un ensemble de mesures d’adaptation qui, dans la plupart des cas, n’ont jamais fait l’objet d’un large consensus au niveau national et pour lesquelles les financements requis n’ont jamais, eux aussi, été totalement disponibilisés par les bailleurs concernés.

En d’autres termes, les Parties de la CCNUCC s’orientent désormais, avec l’appui des partenaires, vers l’élaboration et la mise en œuvre d’un PNA qui intègre l’ensemble des acteurs (secteurs public et privé, société civile) et leurs préoccupations en matière d’adaptation au changement climatique: détails relatifs aux actions, aux responsables et chronogramme d’exécution, au budget, global et par secteur, nécessaire pour la réalisation du plan, etc.

Ce passage à un niveau supérieur d’organisation technique, basé sur une approche systémique ou intégrée, va exiger, pour obtenir de meilleures performances, (i) une intégration harmonieuse de l’ensemble des acteurs concernés par la problématique au sein d’un cadre de programmation fédérateur, (ii) la fourniture de données complètes et fiables par chaque partie prenante, (iii) plus d’engagement de la part des responsables (notamment sectoriels) des tâches à exécuter et enfin, (iv) une revue régulière à mi-parcours et une évaluation des résultats au bout de chaque plan quinquennal (suivi-évaluation).

Aideront fortement aussi à la réalisation de ces objectifs, le niveau, sur la hiérarchie décisionnelle, de l’autorité qui a initialement donné son aval pour l’élaboration de ce PNA et qui l’adoptera à la fin de son processus.

De même, la qualité et la stabilité des représentants des multiples acteurs dans l’élaboration et l’actualisation quinquennale des PNAs, sera d’une très grande importance pour ce genre de travail appelé à durer dans le temps. L’existence auprès du Coordinateur du PNA d’un noyau dur d’experts multidisciplinaires et bien formés, pourrait garantir, en cas d’une éventuelle défaillance, la continuité du travail et la réussite souhaitée.

La mise en place d’un système de suivi-évaluation garant de l’objectivité, serait aussi indispensable pour de meilleurs résultats. Un organe externe au MEDD chargé de cette mission pour les principales conventions signées par notre pays dans le domaine de l’environnement, serait une voie à explorer.

A propos, peut-on, à l’instar des mesures prises pour bien garder les sous de l’Etat (Inspections internes dans les Ministères, Inspection des Finances, IGE et Cour des Comptes), créer une structure qui suit et évalue la mise en œuvre de toutes les politiques sectorielles pour avoir ainsi une idée des performances globales de l’Etat. Serait-ce un bon moyen pour aussi justifier le passage d’une stratégie à l’autre et la définition de nouveaux objectifs qui soient conformes aux orientations de l’Etat et à ses priorités par secteur d’activités. Auprès de la Primature, on peut également penser, dans une première étape, au suivi-évaluation des projets de développement et/ou des structures chargées de l’exécution des conventions internationales (CCNUCC, CDB, etc.).

D’autre part, cet « Atelier de lancement du Projet de Renforcement des Capacités pour faire avancer le processus du Plan National d’Adaptation en Mauritanie » a été l’occasion pour les participants de suivre plusieurs brillantes présentations qui leur ont permis d’être au même niveau d’information sur le thème de l’atelier. En somme, c’était un succès total qui a fait naitre l’espoir de voir notre pays réussir cet exercice qui vient de démarrer.

A noter quand même qu’aux yeux de certains participants, l’atelier a été un échec du moment où il n’a pas réussi à leur évaluer -contexte oblige- la vulnérabilité des mauritaniens au réchauffement observé au Soudan et en Algérie, et puis les impacts de ce phénomène sur les programmes des candidats à la présidence de Juin prochain.et les choix actuel et futurs des électeurs.

Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme