12-05-2019 21:06 - Mauritanie : une tension pré-électorale palpable auprès de l'opposition

Mauritanie : une tension pré-électorale palpable auprès de l'opposition

Le360 Afrique - En dépit de "garanties" données par les autorités, l'opposition mauritanienne prévoit, à travers un discours de plus en plus tendu, une crise post-électorale après le scrutin présidentiel du 22 juin 2019.

Après la publication d'une liste provisoire de six candidats, validée par le conseil constitutionnel jeudi dernier, la Mauritanie se rapproche désormais à grands pas du scrutin présidentiel, prévu le 22 juin 2019.

Toutefois, le contexte politique paraît passablement tendu, perceptible à travers les discours tenus par l’opposition, en dépit de la volonté proclamée des autorités et de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), d’assurer les conditions d’un vote «libre, démocratique, transparent et crédible».

Parmi les arguments et derniers signaux en faveur d’un vote en toute transparence, le gouvernement cite sa décision d’organiser le suffrage le même jour pour les civils et les militaires, en réponse à une ancienne revendication de l’opposition.

Dans le même temps, le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Mohamed Vall ould Bellal, affirme la détermination de l’institution qu'il dirige de jouer son rôle d’arbitre à part entière, ce qui explique le fait que la CENI n'est plus très appréciée des partis formant l'actuelle majorité au pouvoir.

Toutefois, la CENI est en ce moment même également vilipendée par les discours que tiennent les membres de l’opposition. Ceux-ci restent d'ailleurs encore absents du Comité Directeur de l’institution, en dépit de négociations engagées depuis quelques mois.

Par ailleurs, dans la perspective d’une élection présidentielle transparente, l’Union Européenne (UE) par l'entremise de son ambassadeur à Nouakchott, Giacomo Durazzo, annonce l’envoi «d’une mission d’experts pour suivre et observer cette importante opération, qui marquera (...) l’histoire du pays grâce à une transmission du pouvoir dans le strict respect des dispositions constitutionnelles».

Opposition en colère

Cependant, ces différentes «garanties» ne rassurent pas les membres de l'opposition, qui font montre d'une réelle tension, à un peu plus d'un mois de ce scrutin.

Ainsi, Salah ould Hanana, président du Parti pour l’Unité (HATEM), qui soutient la candidature indépendante de Sidi Mohamed ould Boubacar, ancien Premier ministre, dénonce le fait que « les partis de l’opposition ont exprimé au gouvernement leur position au sujet du caractère illégal de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) depuis le 7 février 2019. Les autorités ont par la suite fait semblant d’engager une série de négociations (une vingtaine) qui relevaient en réalité de simples manœuvres dilatoires. Ainsi, le pays file tout droit vers un contentieux électorale et une grave impasse politique».

Le Pr Lô Gourmo, vice-président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), et proche du candidat de la Coalition des Forces pour un Changement Démocratique (CFCD) "Changeons d’Ere", Mohamed ould Maouloud, tient un discours identique et décrit un scénario de succession sur lequel le pouvoir aurait jeté son dévolu.

«Le président sortant, Mohamed ould Abdel Aziz, est dans son plan B: gouverner en coulisses, en réduisant la prochaine élection présidentielle en un simple exercice de passation de service. Au cœur de cette stratégie de contrôle absolu du processus électoral en amont (fichier et listes électoraux toxiques) et en aval (agents de services électoraux dans le pays sous le label d’une CENI caporalisée pour l’essentiel)».

Le constat ainsi établi explique «l’acharnement du pouvoir à refuser de se conformer à sa propre légalité» au sujet de la composition de la CENI «quitte à ouvrir la voie à une véritable crise électorale à laquelle l’opposition démocratique, dans toutes ses composantes, doit se préparer sérieusement», indique lucidement le Pr Lô Gourmo.

Par notre correspondant à Nouakchott Cheikh Sidya



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Commentaires (3)

  • mboyricksalem (H) 14/05/2019 17:43 X

    JE ME DEMANDE SI AZIZ N’ÉTAIT PAS PRÉSIDENT DE LA MAURITANIE LE POSTE DE PRÉSIDENT SERAIT VACANT EN MAURITANIE???? TRISTE RÉALITÉ .DIEU BÉNISSE NOTRE PAYS ET L’EMPÊCHE DE SOMBRER POUR ASSOUVIR LE DÉSIRE DE CERTAINES PERSONNES. QU'EST CE QU'UNE RICHESSE DEVANT LE POUVOIR? QU'EST CE QU'UN POUVOIR DEVANT UN HOMME NON INSTRUIT? JE ME DEMANDE OU EST LA FOI EN DIEU? OU SONT LES FILS DIGNES DE CE PAYS, CE PAYS QUE J'AIME BIEN, QUI M'A TOUT DONNE, DE BONS COMME DE MAUVAIS AMIS.Le terrain est trop glissante par ici.

  • mboyricksalem (H) 14/05/2019 17:31 X

    Le militaire faisait la fierté de ce peuple hier mais aujourd'hui ou sont les militaires qu'est ce qu'il en est ? Je me demande l'apres Aziz que fera ghazouany? Il peut etre un président qui sera libre ;qui nouera des relation avec qui il voudra ,il pourra annuler certaines decisions qui n'arrangeaient pas son pays;sa premiere sortie il ira chez qui ? auras t- il le choix de sa liberté je me demande aussi meme son de cloche pour les autres qui suivront seront ils libre de leurs mouvements de leurs relations : les autres candidats qui gangeront Hamidou Baaba ,ould boubacar,maouloud BIRAM EXTRA..... JE VEUX Y CROIRE MAIS LA CHANCE EST INFIME .

  • Walassri (H) 13/05/2019 16:21 X

    Arrêtons de gaver, l’opposition est allée dispersée à ces élections, sans aucune coordination et sans la moindre garantie. C’est ridicule est pitoyable de chercher à corriger les règles d’un jeu auquel on déjà souscrit avec gourmandise. La crise politique est toujours latente, la CENI existait ainsi que le conseil constitutionnel, on savait les pouvoirs judiciaire assujettis et malgré tout cela, ils ont, candidats de l’opposition défiler aux portes du conseil constitutionnel en implorant les autorités contestées. Alors c’est trop tard et mesquin de se rétracter ou de contester. Sinon nous dirons haut et fort avec regret qu’ils doivent déposer bilan.