03-07-2019 19:30 - La France pousse le G7 à s’engager plus au Sahel

La France pousse le G7 à s’engager plus au Sahel

La Croix - La France s’efforce de mobiliser les grands pays industrialisés en faveur d’une zone qui cumule tous les maux. Une réunion ministérielle a lieu ces 4 et 5 juillet à Paris, mais ne devrait pas déboucher sur des résultats immédiats.

C’est une grande ambition française qui a bien du mal à se concrétiser. Alors que la France exerce la présidence du G7, le club des sept pays les plus industrialisés, Paris tente de mobiliser ses partenaires en faveur du Sahel. Cette zone cumule tous les maux. Elle souffre à la fois de la faiblesse des institutions locales, du terrorisme, et des conséquences du changement climatique.

La France voudrait obtenir que les grands pays développés concentrent plus de moyens sur la région pour améliorer l’accès à l’éducation et aux services de santé, en faisant un effort particulier en faveur des femmes.

Pour mobiliser ses partenaires, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian réunit ces 4 et 5 juillet à Paris ses homologues allemand, américain, canadien, italien, britannique et japonais, avec ceux du G5 Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger). C’est la première fois qu’une rencontre se tient dans ce format.

Améliorer « l’index de capital humain »

Toutefois, selon le projet de communiqué final que La Croix a pu consulter, ce rendez-vous ne devrait pas déboucher sur des engagements financiers immédiats. Le texte de sept pages dresse un constat des difficultés de la région. Il rappelle que, dans les pays du Sahel, « seulement trois enfants sur dix quittent le système scolaire en ayant acquis les compétences minimales exigées à la fin du primaire » et que « l’espérance de vie y est de 56,8 ans ». Il conclut que « les pays du G7 et du G5 Sahel reconnaissent le besoin d’avoir des objectifs plus élevés en matière de développement humain ».

Les ministres devraient s’accorder sur l’ambition d’améliorer l’« index de capital humain » de la région, un indicateur produit par la Banque mondiale qui mesure l’accès aux services essentiels. Aujourd’hui, cet index est de 0,33 pour Sahel quand il est de 0,76 pour la France. L’objectif devrait être de rapprocher la région sahélienne du niveau moyen de l’Afrique, soit 0,4.

Accroître les moyens des fonds multilatéraux

Par ailleurs le communiqué en appelle aux grandes institutions multilatérales, comme la Banque mondiale et ou le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. La conférence en vue de son refinancement est prévue le 8 octobre prochain à Lyon. La France espère obtenir un accroissement de ses moyens, pour le voir passer de 12 à 14 milliards de dollars (10 à 11,5 milliards d’euros) en trois ans.

Enfin, les pays du G7 vont se fixer pour objectif de diriger davantage l’investissement privé vers l’Afrique subsaharienne. « Le volume des investissements directs étrangers est dix fois plus important que l’aide publique au développement, qui représente 150 milliards de dollars (120 milliards d’euros, NDLR) par an. Or l’Afrique n’en reçoit que 3 % de ces IDE », analyse un diplomate. Les gouvernements du G7 voudraient convaincre les entreprises d’investir davantage au Sahel, en fournissant des garanties d’État pour les sommes investies. Un travail de long terme.

Tous les pays du G7 rejoindront l’Alliance Sahel

Seul résultat immédiat de la réunion de Paris : la France devrait obtenir l’entrée du Japon et du Canada comme observateurs au sein de l’Alliance Sahel, si bien que tous les pays du G7 seront désormais associés. Créée il y a deux ans par la France et l’Allemagne, elle regroupe désormais le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, le Luxembourg et le Danemark. Les États-Unis, la Norvège et la Finlande sont observateurs.

Elle vise à mieux coordonner l’aide à la région sahélienne. Ses membres, appuyés par des organisations multilatérales, se sont déjà engagés à soutenir plus de 600 projets dans la zone, pour un montant total de 9 milliards d’euros. La France participe à hauteur de 1,6 milliard d’euros sur la période 2018-2022.

Cette Alliance incarne l’effort particulier pour le Sahel, mais elle laisse encore les organisations non gouvernementales (ONG) sur leur faim. « Les projets soutenus sont décidés d’en haut. Les bailleurs mettent trop souvent le logo Alliance Sahel sur des projets existants qu’ils recyclent », observe Philippe Jahshan, le président de Coordination Sud qui demande que les bailleurs se mettent davantage à l’écoute des besoins qui s’expriment « sur le terrain ».

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80 millions d’habitants dans une région vulnérable

Le G5 Sahel rassemble la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso le Niger et le Tchad, soit 80 millions d’habitants qui vivent sur 5 millions de km2. Ces cinq pays font partie des moins avancés : ils se classent entre le 159e et le 189e rang selon l’indice de développement humain de l’ONU.

Les pays sahéliens sont parmi les plus vulnérables face au réchauffement climatique. Selon l’ONU, il faudrait un effort de 42 milliards de dollars par an, soit 37 milliards d’euros, entre 2018 et 2022 pour permettre à ces pays d’atteindre les objectifs du développement durable de cette organisation.

Alain Guillemoles


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Commentaires (1)

  • lass77 (H) 04/07/2019 11:41 X

    Juste pour prolonger une colonisation déguisée c'est pourquoi la france soutient des strapontins à la tête de ces pays comme le temps de la colonisation. Comment expliquer que 60 ans après les indépendances