07-07-2019 07:45 - ENTRETIEN. Le président du Niger veut une coalition internationale contre les djihadistes au Sahel

ENTRETIEN. Le président du Niger veut une coalition internationale contre les djihadistes au Sahel

Ouest-France - Le président nigérien Mahamadou Issoufou, dont le pays accueille le 33e sommet de l'Union africaine (4-8 juillet), a appelé samedi 6 juillet à la formation d'une "coalition internationale" pour lutter contre les jihadistes au Sahel.

Le sommet de Niamey doit par ailleurs donner naissance à la Zone de libre-échange économique continentale africaine (Zlec). Le président nigérien Mahamadou Issoufou, dont le pays accueille le 33e sommet de l'Union africaine (4-8 juillet), a appelé samedi 6 juillet à la formation d'une "coalition internationale" pour lutter contre les jihadistes au Sahel, dans un entretien accordé à l'AFP.

Le sommet de Niamey doit par ailleurs donner naissance à la Zone de libre-échange économique continentale africaine (Zlec).

Le 33e sommet de l'UA va donner lieu au lancement de la zone de libre-échange...

Il s'agit d'un sommet historique, c'est le plus grand événement historique pour le continent africain depuis la création de l'OUA en 1963. L'Afrique a été divisée en 1885. Des frontières ont été tracées souvent de manière arbitraire. Des frontières ont divisé des communautés.

Aujourd'hui nous avons 84.000 km de frontières, qui sont autant de murs qui séparent les Africains. Des frontières qui fragmentent le marché africain en 55 petits marchés. Nous avons décidé de mettre fin à ça, d'abattre les frontières, de sortir de ces frontières là par le haut, par l'intégration.

Que va apporter cette zone ?

La Zone de libre-échange continentale c'est la voie de la prospérité. C'est la mise en place du plus vaste marché du monde, un marché de 1,2 milliard de consommateurs et ce sera 2,5 milliards de consommateurs en 2050. Mais ce n'est pas un projet isolé, c'est un projet parmi d'autres de l'agenda 2063.

Lorsque nous allons fêter le centenaire de la création de l'OUA, nous souhaitons trouver l'Afrique dans une situation de prospérité, de paix et dans une position forte sur la scène internationale. Il y a la Zlec, mais il y a (aussi) le Plan de développement industriel de l'Afrique.

La Zlec nécessite qu'on ait des choses à échanger, donc il faut s'industrialiser. Pour l'instant, nous ne sommes que producteurs de matières premières. La Zlec va également avec le plan de développement des infrastructures. L'absence d'infrastructures constitue un obstacle non tarifaire au développement des échanges entre pays africains.

Le niveau des échanges n'est que de 15% (en Afrique), alors qu'il est de 70% en Europe, de plus de 50% en Asie. Il faut des infrastructures aéroportuaires, portuaires, routières, ferroviaires, énergétiques, de télécommunications...

Comment réaliser cette zone à 55 alors qu'on n'arrive pas à mettre en place des zones de libre-échange dans les sous-régions?

Ca peut prendre du temps mais l'essentiel c'est de prendre la direction, c'est d'avoir la vision (...) Nous avons prévu la Zlec, après c'est l'Union douanière qui est prévue, après le marché commun et après nous envisageons l'Union monétaire...

La Zlec c'est un grand pas que l'Afrique est en train de réaliser dans le sens de son unité. Quelqu'un disait "l'Afrique doit s'unir ou périr" et bien nous n'allons pas périr parce que nous allons nous unir.

Les pays du Sahel font face sans pouvoir les enrayer à des attaques incessantes des groupes jihadistes.

Il y a une mobilisation forte à l'échelle des régions des pays pour lutter contre les menaces terroristes qui entraînent aussi des menaces intercommunautaires. Nous sommes résolus à y faire face mais nos seuls moyens ne peuvent pas suffire.

Un pays comme le Niger investit certaines années 19% des ressources budgétaires dans la sécurité. La communauté internationale ne doit pas détourner le regard. Elle doit nous aider davantage.

Comment ?

J'ai proposé la mise en place d'une coalition internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel et au lac Tchad à l'image de la coalition mise en place pour lutter contre Daech au Moyen-Orient. Notre sécurité, c'est la sécurité du monde. Si demain, le terrorisme arrive à vaincre nos Etats (du Sahel), il ira en Europe et aux Etats-Unis. C'est clair.

En Irak et en Syrie, quand il a fallu lutter contre Daech, il y a eu les armées les plus puissantes du monde. Ces armées ont mis trois ans avant de défaire Daech. C'est pour ça que je suis étonné quand on nous critique (...) ou on nous reproche de ne pas pouvoir vaincre cette menace-là avec les moyens qui sont les nôtres. Ce n'est pas juste. Notre sécurité, c'est la sécurité du monde.

Vous demandez une coalition internationale, mais des voix s'élèvent contre la présence des forces étrangères...

L'immense majorité des Nigériens, Maliens, Burkinabè se félicitent de (la présence) de ces forces amies, je ne dis pas "étrangères". Les mêmes qui dénoncent les forces là, ne dénoncent pas la présence des terroristes (...)

Pourquoi dénoncent-ils les forces alliées qui nous aident à faire face à ces menaces qui peuvent faire exploser nos Etats? J'en profite pour ajouter que la France nous apporte un soutien inestimable à travers Barkhane. Elle obtient des résultats remarquables.

Ouest-France avec AFP





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Source : Ouest-France
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