27-07-2019 09:12 - Calam(ités) | El Kory Sneiba

Calam(ités) | El Kory Sneiba

Le Calame - Plus que quelques jours avant l’entrée en fonction du nouveau président de la République élu le 22 Juin 2019. Un mois – une éternité, pour beaucoup… – à attendre de voir celui-ci poser les premiers actes de sa mandature qui permettront de comprendre si le pays amorce un véritable et important virage, dans son histoire politique… ou si Mohamed Cheikh Ghazwani n’est que le prolongement constitutionnel d’un alter ego avec qui il a tout fait, depuis maintenant plus de quarante ans.

En attendant, les supputations vont bon train. Chacun y va de ses commentaires et analyses, souvent des plus fantaisistes. Selon les uns, tous les membres de l’actuel gouvernement seront éconduits.

Selon d’autres, certains seront maintenus. Le nouveau Premier ministre sera de telle ou telle région. Un technocrate. Un Harratine. Un Négro-africain. De la majorité. Une personnalité indépendante qui a soutenu le candidat du pouvoir lors de la présidentielle.

Toutes choses futiles dont les Mauritaniens raffolent et dont ils sont les champions, toutes catégories confondues. Les chantiers qui attendent le Président n’en sont pas moins gigantesques.

Avec des questions de fond toujours en l’état, depuis des décennies. Les régimes successifs, de 1978 à aujourd’hui, les ont le plus souvent contournées, au profit de slogans et fanfaronnades démagogiques qui n’ont servi qu’à les aiguiser et les alourdir. Elles sont devenues, aujourd’hui, de véritables bombes à retardement dont la gestion requiert beaucoup de vigilance, de sagesse et de courage.

Il nous faut nettoyer nos écuries, à l’instar d’Augias, et, à défaut d’un Hercule mythique, cela nécessite les efforts de tous les Mauritaniens. Avec, donc, un préalable impératif que Mohamed Cheikh Ghazwani comprend certainement : l’instauration d’un climat politique apaisé.

Pour la mise en œuvre, concertée, des politiques nationales de développement, d’une part ; et la promotion de la justice sociale, d’autre part, socle où s’affermiront les fondations d’une solidarité sociale dangereusement affectée par les très maladroites manœuvres des idéologues malveillants des anciens systèmes.

Il ne sert, ni aux uns, ni aux autres, de remuer le couteau dans la plaie des crimes perpétrés dans les périodes sombres de notre histoire nationale.

Autant le passif humanitaire et l’esclavage sont une marque d’ignominie, au front de tout mauritanien vertueux, qui n’appelle ni à l’oubli ni à l’impunité ; autant ces honteuses et indignes injustices ne doivent pas faire obstacle à des perspectives nationales et consensuelles d’avenir susceptibles de sortir le pays de la précarité et de la vulnérabilité où il se fourvoie depuis des décennies.

La Mauritanie a besoin de tous ses fils : de la majorité comme de l’opposition. Le temps n’est plus aux caprices de petits calculateurs zélés, organisés en lobbies désobligeants, rompus à de petites manœuvres dilatoires, visant à faire croire, aux gouvernants, que les autres sont des diables et des criminels.

L’intérêt national au-dessus de toutes considérations ! La situation catastrophique que vit la majorité des Mauritaniens, en termes de conditions sociales –niveau de vie, pouvoir d’achat, PIB/habitant, accès aux services de base… –au regard des nombreuses ressources du pays et de son nombre d’habitants, prouvent clairement l’existence de dysfonctionnements structurels : mauvaise gouvernance et tout ce qui s’en suit, détournement massif des deniers publics, crimes économiques massifs (conventions de pêche, accords avec des multinationales, commissions sur adjudication des marchés publics…) qui ne profitent qu’à une poignée de citoyens.

Comme l’a rappelé l’un de ses soutiens, Ghazwani propose des solutions en vingt points à ces problèmes, avec force fondation d’agences nationales, pour lutter contre ceci, autorités et instituts tout autant nationaux, pour la promotion de cela.

Un dialogue incluant de très larges concertations, sur toutes les problématiques nationales de fond, ne sera pas de trop pour valider la mise en œuvre des actions de toutes ces structures. Pas de trop ? Oups ! Indispensable, plutôt!

El Kory Sneiba



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Commentaires (2)

  • Samba Tali (H) 27/07/2019 17:11 X

    Il est dit qu'un petit événement peut changer le cours de l'histoire. Les événements post electoraux peuvent être benefiques pour notre pays à condition que les futures autorités en tirent des leçons. Le 27 juillet 2009 donc 10 ans au jour d'aujourd'hui j'écrivais presque un article similaire que j'avais intitulé " ce que je crois du mandat du nouveau président ": http://cridem.org/C_info.php? article=34296 C'est dire que je suis d'accord avec vous M. Sneiba. Il est grand temps de changer le fusils d'épaule. J'ai depassé un demi siècle d'âge et de tout temps j'ai vécu dans l'incertitude, l'amertume et le découragement. La Mauritanie a tous les atouts qu'il faut pour s'épanouir: diversité de son peuple ( voir ce que le Saint Corant en dit), ressources minières halieutiques, hydrocarbures, agriculture etc, même religion pour tous et même rite. J'ai toujours rêvé avec le peu de temps qui me reste de goûter à une Mauritanie où tous les mauritaniens sans exclusivité se donnent enfin la main. Cependant, cela ne sera possible que si l'État accepte de jouer un rôle de "rassembleur" puisque il n'échappe à personne que c'est l'Etat qui a de tout temps empêché le pays de s'unir et à dépasser ces clivages qu'il a artificiellement crées. Je suis convaincu qu' il suffit que le nouvel arrivant ait le courage pour que la chose change dans le bon sens. Dans le cas contraire, ce sera toujours perpétuer les mêmes problèmes causant les mêmes effets. En tout état de cause, une région où les dirigeants (temporels ou spirituels) sont injustes, ne sera jamais béni quelle que soit sa richesse et tout ce qui y est entrepris se terminera toujours en queue de poisson.

  • Marrakech (F) 27/07/2019 11:55 X

    Aziz doit qu'il peut étirer et ralentir le temps avant son départ définitif !