28-07-2019 07:00 - Autour d’un thé : Un homme

Autour d’un thé : Un homme

Le Calame - On a tant parlé de tout qu’il n’y a plus rien à dire, à quelques jours du départ d’un homme qui « a fait debout le monde et ne l’a pas assis ».

Un homme bien. Un homme franc. Un homme blanc. Un certain homme qui a fait quelque chose, même si d’aucuns peuvent dire, un peu à juste raison, que nous, les gens du Calame, sommes comme le chien qui n’aime que celui qui l’étrangle. Il a bien fait quelque chose et ce n’est pas louanges du mort. Cet homme qui va partir dans quelques jours laissera le souvenir de onze ans de pratiques présidentielles controversées.

Depuis la promesse de « partager la justice » jusqu’à celle de « suivre tous ses projets, même en dehors du Palais ». Onze ans où les Mauritaniens auront tout vu, tout entendu, tout connu.

Depuis le renversement du premier président démocratiquement élu, avec un peloton de parlementaires soutenant, organisant et justifiant le coup d’Etat, jusqu’à une lutte, annoncée sans merci, contre la gabegie, jusqu’à la balle de Toueila, aux enregistrements d’Accra, aux affaires Omar Sahraoui ou prétendus accords avec Al Qaida, jusqu’à beaucoup d’autres choses que ma tête a « fuité », aux Bouamatou, Imam Cha’vi, Ould Ghadda, Birame, hommes d’affaires, écoles, ventes aux enchères, attaques de Nouakchott et autres n’importe quoi.

Ou encore que je sache, l’emprisonnement des journalistes accusés de connivence avec des criminels transfrontaliers, les amendements constitutionnels, les trente-trois sénateurs qui firent éclater une bombe sur la présidence, la modification des emblèmes nationaux, drapeau et hymne national, les dialogues 1 et 2, l’élection présidentielle de 2014, les législatives et z’aidez-moi à me rappeler encore de quelque événement des onze ans d’un fonceur n’hésitant jamais à mettre les deux pieds dans un tout petit plat et éclabousser tout le monde.

Un homme dont j’aime le style baroudeur, belliqueux, provocateur. Un homme qui fit bataille contre les individus, les groupes, les partis politiques, les ONGs, les institutions. Il y eut Ould M’Khaitir. Il y eut l’incinération des livres malékites, la profanation du Saint Coran. L’homme est resté lui-même, soufflant tantôt le froid, tantôt le chaud.

Un homme que j’aime pour son arrogance à point nommé. Un homme qui sut, à lui seul, dompter les Mauritaniens de tous bords, toutes tendances, toutes obédiences. Moi, je vais le regretter. Lui seul est capable d’administrer nos incohérences ataviques, profondément ancrées sur des bases tellement fortuites, tellement inintelligibles qu’il faut du n’importe quoi pour les gérer. Il y eut les accords de pêche sur vingt-cinq ans. Il eut des ministres-phénomènes.

Il y eut des responsables atypiques par leur comportement et déclarations. Onze ans de « ferme ta frimousse et marche ! ». Onze ans de rangs et fesses bien serrés. Onze ans pendant lesquels personne ne put respirer sans permission réglementaire. Onze ans d’un seul régent de tout. Depuis l’affectation d’un manutentionnaire dans une école de Fassala à la nomination du plus haut fonctionnaire de la République. Un homme dont j’aime la poigne, dont j’admire l’insolence frisant le mépris, dont je respecte la fermeté. Il faut être ou ne pas être.

C’est comme ça, un homme de pouvoir. Insulter, s’il le faut. Blâmer, vouer aux gémonies. Un homme qui a fait quelque chose. Qui va quitter. Qui va peut- être même manquer. Rue Aziz, marchés Aziz, poisson Aziz, monnaie Aziz, drapeau Aziz, hymne Aziz : au moins ça, ça va rester. Aéroport Aziz, Palais des congrès Aziz… Un homme qui sera allé jusqu’au bout de ses mandats. De ses promesses même. Un homme qui a connu les Mauritaniens et qui l’ont connu.

Il y eut « Aziz, ne nous quitte pas ! ». Il y eut « éteins, éteins la télévision ! » Un homme caractériel qui fit quand même quelque chose : apprendre à tout le monde à respecter le chef. Tout simplement, sans piper mot. Salut.

Sneiba El Kory



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Commentaires (5)

  • Marrakech (F) 29/07/2019 17:25 X

    Aziz était peut être un bon mécanicien ?

  • habouss (H) 28/07/2019 20:45 X

    @Rimneutre. Bravo à vous aussi pour ce pertinent article qui relate les faits des années Aziz. Il faut ajouter à la "junte" civile Ould Bredelei, Ould Miské (paix à son âme)...enfin vous pouviez mieux écrire "alléchante". Pour le reste sincère félicitations. Il fallait d’ailleurs faire passer l'article par le volet "libre expression", il allait être lu par tous, ce qui nous dispenserait de la lecture des futures digressions sur les résultats bons ou mauvais du long règne de Ould Abdel Aziz.

  • habouss (H) 28/07/2019 20:29 X

    Bravo Mohamed ! Quel style qui frôle la stratégie de la sourie, c'est à dire mordre et souffler au dessus de la blessure pour atténuer la douleur. C'est ça du journalisme intelligent, relater la réalité des choses en restant dans les allées de la stricte vérité. Aziz a besoin de ces écrits pour s'auto évaluer, loin des mensonges des laudateurs montrant plutôt le chemin de l'abîme.

  • rimneutre (H) 28/07/2019 12:56 X

    Mohamed Ould Abdel Aziz est un militaire qui est arrivé au pouvoir épaulé par une « junte » civile qui comptait entre autres, Sid’Ahmed Ould Bneijara (Rahmatou Lahi Aleihi) l’ancien premier ministre et Ould Maham qui a été l’artisan principal qui a confectionné de toutes pièces Ould Abdel Aziz et a fait de lui un chef d’Etat. Mais malheureusement pour Ould Maham et pour nous aussi, ce chef d’état s’est transformé au fil du temps en une machine redoutable et incontrôlable.

    Du début à la fin de ses mandats Ould Abdel Aziz qui n’était plus militaire, n’a jamais quitté les casernes. Du début à la fin de son mandat, il n’a jamais été vraiment un homme politique et il ne s’est jamais éloigné de la politique. Du début à la fin de son mandat, il n’a jamais été un chef d’état pour tous et il a été incapable de prouver qu’il est bien le président des pauvres, ce qu’il disait en tout cas quand il mendiait devant le peuple un soutien pour son élection à la présidence de la République.

    Véritable anguille, il se faufilait entre les militaires, (qu’il amadouait pour se mettre à l’abri d’ un éventuel coup d’état), les politiciens qu’il corrompait par des conditions matérielles « allaichantes », et les pauvres qu’il a rendus encore plus pauvres, mais qu’il domptait à travers des notables, des chefs religieux qu’il corrompait avec aussi bien de la monnaie locale que les devises arrivées dans les malles de Coumba Bâ (la « maitresse » des opérations occultes).

    Aujourd’hui, Mohamed Ould Abdel Aziz qui peut prendre des vacances à vie puisqu’il en a les moyens, a tout le temps devant lui pour faire le bilan des recettes qu’il a accumulées grâce à des transactions plurielles où se confondent les montants collectés par des intermédiaires, les pots de thés, les détournements voilés par des réalisations gabegiques médiocres et des transactions immobilières contestables et contestées.

    L’homme qui va quitter le pouvoir dans quelques jours, par son comportement et ses agissements inexplicables et inexpliqués a prouvé à tous, ses proches mais aussi à ses soutiens , qu’il n’a jamais été un bon militaire, qu’il n’a jamais été un bon politicien, et enfin qu’il n’a jamais été un bon citoyen, mais plutôt et bel et bien un fin et stratège homme d’affaire qui a bâti une fortune colossale au dos des uns et des autres.

    1 – au dos des militaires pour lesquels il achetait beaucoup d’armements pour des sommes faramineuses plus, pour obtenir des pourcentages importants que pour des raisons sécuritaires.

    2 – au dos de ses ministres. Ces fidèles serviteurs qui signaient des accords portant sur des conventions de financements et sur des prêts qui déviaient de leurs trajectoires initiales pour atterrir dans les comptes d’entreprises écrans qui blanchissent l’argent de la corruption et du détournement.

    3 – au dos des hommes d’affaires ou certains d’entre eux qu’il utilisait comme prête-nom pour faire virer l’argent du contribuable dans leurs comptes hébergés dans des banques qui ont poussé comme des champignons ces dernières années pour éparpiller les masses énormes d’argent volé au peuple.

    L’homme qui va quitter le pouvoir dans quelques jours et dont le poids financier se mesure en milliards de dollars d’après des sources semble t-il bien informées, s’est dessiné son propre profil. Il n’a été ni moins, ni plus qu’un dictateur. Un prédateur financier, un saboteur économique, et un chef sécuritaire répressif. Il laisse derrière lui une administration délabrée qui ressemble à un champ dévasté par des tourbillons de vents qui l’ont traversé de long en large. Il laisse derrière lui et sans abris des proches et des fidèles qui ont exécutés des ordres et des instructions et qui répondront un à un, tôt ou tard de leurs actes qui sont à l’origine du mal dont souffre actuellement le pays.

    Si Mohamed Ould Cheikh Ahmed Ould El Ghazouani, vient à la tête de ce pays pour mettre en application ce qu’il promettait au cours de sa campagne électorale, je lui conseille dés sa prise de service de prendre des décisions urgentes suivantes :

    1- Faire l’état des lieux des passeports diplomatiques en circulation et rendre immédiatement invalides ceux d’entre eux qui ont été attribués de manière illicite,

    2- créer une Inspection Générale d’Etat indépendante dotée de tous pouvoirs juridiques et administratifs pour réprimer,

    3- Rendre la justice indépendante et séparée du pouvoir.

    Il y’a des responsables actuellement dans l’exercice de certaines fonctions qui ne doivent pas quitter le sol national sous aucun prétexte. Ils ont un compte à nous rendre. A nous rendre nous « les pauvres » de Ould Abdel Aziz le président des riches.

    Rimneutre.

  • moreandmore (H) 28/07/2019 08:27 X

    ? ? ?