15-08-2019 13:12 - Une grave crise alimentaire menace le monde rural, face à un ciel aride et des terres desséchées

Une grave crise alimentaire menace le monde rural, face à un ciel aride et des terres desséchées

L'Authentique - Le mois d’août 2019 tire à sa fin, et la Mauritanie enchaîne sa énième année de sécheresse. Les paysans n’auront plus le temps de cultiver la terre, alors que les rares animaux encore en transhumance occupent le versant des collines, arrachant les dernières feuilles d’arbres en l’absence de pâturage.

C’est tout le grenier naturel de la Mauritanie, de NDiago à Ghabou et de la Batha d’Aleg aux confins de Fassala Néré qui souffre de cette sécheresse qui risque d’être encore plus impitoyable que les années passées.

Aux alentours des villages et hameaux jadis généreusement arrosé, ce n’est que désolation. Un ciel obstinément silencieux et aride et des hectares de terre lamentablement desséchés. La plupart du bétail partie au Mali au début de la soudure, il y a de cela près de six mois, n’est pas encore revenue.

Pendant les années d’hivernage, les troupeaux redescendaient de leur zone de transhumance au Mali et au Sénégal, dès les premières gouttes, vers le mois de juillet. Certes, il y a eu des averses dans certaines régions du pays. De fortes averses, deux ou trois pluies qui ont fait couler les oueds et donner de l’espoir.

Mais depuis la mi-août, le ciel s’est refermé sur ses trésors et la terre aride où commençaient à germer de fragiles tapis vert, a repris sa couleur ocre. Le désespoir s’installe peu à peu dans le monde rural.

"Même s’il pleut maintenant, nous ne pourrons plus cultiver, car le temps qui reste ne pourra pas faire mûrir le sorgho, le mil ou le maïs. Les animaux sont d’ailleurs toujours en amont et leur retour ne fera que détruire nos cultures, si culture il y aura", explique Mahmoud, vieux paysan dont les champs s’étalent près de la mare Echeyeb, à 12 kilomètres de Kankossa en Assaba.

Non loin du village Ekamach, quelques hameaux peulhs. Hommes et femmes se tournent les pouces, en pleine oisiveté. "Les troupeaux de vaches sont toujours au Mali et ils risquent d’y passer encore des mois, car ici, la faim les décimera. C’est pourquoi, nous nous apprêtons à les rejoindre" avance Mawdo Bâ, la quarantaine.

Du Guidimagha, jadis région la plus arrosée du pays et lieu de transhumance du bétail mauritanien, les échos qui parviennent poussent au désespoir. "En cette période de l’année en général, les herbes masquent déjà les villages et les champs font germer leurs premiers bourgeons.

Mas cette année est vraiment dramatique. Nous n’avons jamais vécu pareille situation. Pas le moindre semi jusqu’à présent. Là-bas, la situation est catastrophique, d’autant plus que les animaux se sont attaqués aux arbres.

D’ici peu, et il n’y aura plus aucune forêt au Guidimagha " raconte SIlèye Camara, un jeune transporteur soninké qui fait la navette entre Sélibaby et Kankossa.

Contacté au téléphone, Sidi Traoré, cadre à l’ONG ADIG (Association pour le développement intégré du Guidimagha) s’étonne de l’inertie des pouvoirs publics qui n’ont encore pris aucune mesure pour juguler la situation.

"C’est vrai que l’arrivée d’un nouveau pouvoir, d’un nouveau gouvernement qui vient juste de prendre fonction, pourrait constituer une excuse, mais la catastrophe est là, des régions entières de la Mauritanie sont menacés de disettes, des hommes, des femmes, des enfants, des troupeaux sont menacés dans leur existence et cela, doit constituer la priorité.

Un appel à l’aide d’urgence internationale s’impose et l’Etat mauritanien doit tirer la sonnette d’alarme" a-t-il confié.

Selon lui, le pire, c’est que la même situation prévaut sur toute la bande sahélo-saharienne, au Mali comme au Sénégal entre autres.

"N’empêche, selon Sidi Traoré, la volonté politique devra se traduire dans les faits à travers un engagement durable et inclusif. Le Gouvernement doit s’atteler à lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, conformément aux recommandations de la revue Faim Zéro qui est le résultat d’un long processus de concertation entre le Gouvernement, la Société Civile et les partenaires au développement".

Cheikh Aïdara

Groupe des Journalistes Mauritaniens pour le Développement (GJMD)



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Commentaires (2)

  • gacef12 (H) 16/08/2019 10:41 X

    Le drame est que le mauritanien LAMDA, tenant compte de cette réalité douloureuse dont les effets néfastes sont encore plus graves (insécurité au niveau des frontières, sur exploitation des maigres ressources existantes du milieu naturel, mauvaise politique agraire etc….), nos leaders politiques font comme si la situation est très ordinaire. Le Gouvernement devrait s’atteler en priorité à tout ce qui se rapporte à l’adaptation des populations aux effets néfastes du changement climatique et à l’atténuation de ces effets, car c’est là la bague magique de solution des problèmes de cohabitation, de cohésion nationale (les conflits d’usage des maigres ressources sont à la base de tous nos malheurs). Dans ce nouveau Gouvernement on devrait avoir un Ministère d’Etat Chargé de l’Environnement et du Développement Rural Durable, un département devant être confié à des compétences nationales loin de toute barbotte politique.

  • mystere1 (F) 15/08/2019 13:23 X

    c'est la malédiction de nos siècles par les changements climatiques, or tous ces changements de la nature des saisons étaient prédis pour l'apocalypse de la fin des temps, à savoir rareté des pluies, changements de climats sans cesses, changement de saisons, là où ça devait pleuvoir, ça ne pleut plus, et là où ça ne neigeait pas, ça neige, etc des phénomènes bizarres, voir étranges de la natures, et ces tous ces raretés de pluies amenant la sécheresse et crise alimentaire sont d'un côté la responsabilité des erreurs et bêtises que commet l'H dans la nature, ainsi Notre Seigneur aussi Prend Sa Réplique en nous infligeant ces genres de punitions, on voit à chaque fois à travers les télés des innodations extraordinaires, des feux ravageants, des tremblements de terres en amérique, asie, europe, et l'afrique aussi a ses faits divers catastrophiquement naturelles comme mystique, tandis que Dieu Lui, aussi Ne Semble pas Satisfait des fils d'Adam qui ne sont que les seuls responsables de leurs actes, tout ces faits naturels ont une cause, mais aussi Dieu nous Fait Signe comme des sortes d'avertissement ou petites punitions de rien de tout pour lui, à cause de la cruauté humaine envers son semblable et aux êtres vivants cohabitants qu'ils soient visibles et non visibles, c'est à méditer.