Kassataya - Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani est le 10ème président de la Mauritanie et le 7ème président militaire après Ould Aziz. Au-delà de cette élection les observateurs s’interrogent sur la mentalité politique des mauritaniens depuis l’indépendance en 1960 qui repose sur la suprématie d’une seule communauté qui freine la cohabitation.

La cohabitation. C’est la corde la plus sensible au sein de la classe politique mauritanienne toutes tendances confondues. Une maladie congénitale qui remonte même bien avant l’indépendance en 1960. Déjà deux fortes tendances se déchiraient pour la destinée d’un pays désiré par ses voisins notamment le Maroc et le Sénégal sous le regard de la puissance colonisatrice la France.

La tendance pro-arabe a pris finalement le dessus sur la tendance negro-mauritanienne qui revendiquait une gouvernance bicéphale. Et depuis les différentes composantes nationales ( arabo-berbères, Hratines et negro-mauritaniens) se regardent comme des chiens de faïence.

La raison. Les dispositions politiques qui favorisent l’accession à une seule communauté les maures blancs ou Beidanes au palais de Nouakchott, freinent toutes les libertés et rendent impossible toute autre alternance au sommet de l’Etat.

Le patriotisme de pacotille qui prône l’arabité de la Mauritanie plus que son africanité, se réfugie derrière l’unité nationale pour masquer les différences et les violences contre les communautés les plus vulnérables les noirs en particulier leurs opposants et les Haratines dits descendants d’esclaves aujourd’hui démographiquement plus nombreux.

Leur marginalisation dans tous les rouages de l’Etat ne fait aucun doute. C’est cette configuration politique complexe qui est entretenue par tous les présidents de Moktar Ould Daddah à Ould Ghazouani.

L’avènement du pouvoir autoritaire depuis 78 a exacerbé davantage les tensions ethniques au point que cette mentalité politique est donc déchirée. D’un côté les légalistes ou démocrates représentés par les partis politiques toutes tendances confondues et de l’autre l’armée sous couvert de parti politique du pouvoir.

En réalité ce n’est pas grâce au processus démocratique que Ould Ghazouani et tous ces prédécesseurs sont arrivés au pouvoir mais aux généraux.

Cette mentalité au sein de la classe dirigeante bloque tout débat politique sur la cohabitation et sur les inégalités sociales. Cet état d’esprit accable les leaders des partis politiques en particulier de l’opposition démocratique qui a du mal à combattre ce système politique qui divise les mauritaniens. C’est inquiétant pour les générations futures.

Cherif Kane