29-08-2019 17:16 - UFP : L'escalade

UFP : L'escalade

Le Calame - L'Union des Forces du Progrès (UFP) est secouée, depuis quelque temps, par une crise interne. Une crise apparue suite aux divergences sur la laïcité, entre le président du parti et un groupe de jeunes soutenus par certains caciques, mais, aussi et surtout, avec la décision, " unanime " selon les proches du président, de présenter celui-ci à la présidentielle de 2019.

Le score assez médiocre du docteur Ould Maououd au scrutin du 22 juin n'a pas arrangé les choses et a élargi, au contraire, le fossé entre les deux camps.

Ceux qui avaient contesté la manière dont cette candidature avait été prise, jugeant maigres ses chances de prospérer, ont enfoncé le clou, en estimant infondées les accusations de fraude, pour justifier la " débâcle " de leur candidat.

Face à cette situation, le bureau exécutif du parti sort l'artillerie lourde. Dans une résolution adoptée au lendemain de sa réunion du 16 au 19 Août, il écrit en effet : " certains camarades persistent dans la voie sans issue du fractionnisme et du dénigrement public de la direction du parti et de ses décisions… ils ont entrepris des démarches et lancé des appels à la scission, tout en mobilisant l'opinion publique extérieure au parti, pour s'opposer à des décisions démocratiquement adoptées par ses instances dirigeantes, y compris le Conseil National, le BE et le CP ". Excusez du peu : la goutte d'eau va faire déborder le vase.

Réponse du berger à la bergère

Se sentant visés par ces graves accusations, "ces quelques camarades", selon les termes de la résolution, réagissent et rendent coup pour coup. Une dizaine de personnalités, dont deux vice-présidents et le secrétaire général du parti, parlent de "fuite en avant pour masquer la réalité aux militants ".

Pour eux, l'objectif du BE est de détourner l'attention de ceux-ci et de l'opinion, des causes profondes de la situation du parti et des lourdes fautes de ceux qui en sont responsables. La question d'"indiscipline" mise en avant par le BE les interroge : Le président d'un parti démocratique et progressiste comme l'UFP ne serait-il pas, avant tout, un militant, devant se soumettre à la discipline et respecter les prérogatives de ses camarades ?

Ou alors la discipline n'est-elle exigée que des autres militants, cadres et dirigeants du Parti ? Et de rappeler que la fraude ne suffit pas à expliquer ou justifier la débâcle électorale du docteur Ould Maououd, soutenu qu'il était par la Coalition des forces de changement démocratique.

Les signataires rappellent également que la décision de présenter le président de l'UFP n'avait justement pas fait l'unanimité au sein du parti ; n'avait pas été discutée au sein du comité permanent ; en bref, n'avait pas respecté les procédures normales.

Ils dénoncent et s'élèvent contre la décision de tenir un congrès précipité ; plus encore contre la " déviation de la ligne, à travers l'abandon des idéaux de progrès et de démocratie hérités du MND et consignés clairement dans la déclaration de politique générale du dernier Congrès tenu en 2012, et ce, au profit d'une ligne aventuriste de rupture avec les masses et de renoncement aux acquis arrachés de hautes luttes.

C'est pour toutes ces justes raisons que les signataires, tous membres du BE de l'UFP, lancent un appel aux militants de prendre leurs responsabilités pour sauver le parti, en barrant la voie à la fuite en avant d'une direction en déroute, cherchant à détourner leur attention, en mettant en avant de prétendus problèmes de discipline et de fractionnisme et camoufler ainsi sa trahison, depuis plusieurs années, de la ligne du parti, ainsi que son incontestable responsabilité dans la lamentable situation actuelle de celui-ci, illustrée par le résultat électoral catastrophique et la récupération de pans importants de notre électorat par d'autres forces politiques.

L'important parti de gauche de l'opposition mauritanienne saura-t-il éviter l'implosion ? Un ancien président a déclaré que tout avait été fait en ce sens mais en vain. Les uns et les autres méditeront-ils cette confidence pour en tirer les leçons qui s'imposent?

DL



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Commentaires (2)

  • mine-you (H) 29/08/2019 21:10 X

    Normalement, Ould Bedredine un vieux de 82 à 84 ans et de surcroit malade devrait avoir d'autres préoccupations qu'une guéguerre dans un parti politique. Il semble que leur groupe de contestataires des décisions des instances de leur parti est réduit entre 7 à 8 personnes. Donc la solution qui s'offre à eux est de quitter ce parti. Le problème le député Kardiata Malik Diallo ne veut pas perdre son mandat donc son salaire et elle ne veut pas démissionner.

  • analagjar (H) 29/08/2019 19:37 X

    Depuis que ce parti a ouvert la porte pour l'intégration en son sein d' anciens pontes du maghzen, tout le monde a compris que tout ou tard, il risquait l'implosion...Il serait dommage pour le pays qu'à cause d'une guerre des chefs se fracasse cette institution de progressistes qui a rendu d'énormes services au pays par la lutte courageuse de ses militants afin d' y faire avancer la démocratie ainsi que les droits des travailleurs et autres laissés pour compte...