03-09-2019 12:15 - GAZ en Mauritanie : L’ombre d’Aziz plane toujours

GAZ en Mauritanie : L’ombre d’Aziz plane toujours

Afrimag - Le départ de Mohamed Ould Abdel Aziz de la présidence mauritanienne n’aura pas suffi pour faire taire la polémique que suscite l’octroi de juteux marchés dans la mise en place des infrastructures d’exploitation de Grand Tortue Ahmeyim (GTA), champ gazier que British Petroleum s’apprête à exploiter sur la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal.

Le maintien du ministre du Pétrole, de l’énergie et des mines, Mohamed Ould Abdel Vettah dans le gouvernement formé par Ismail Ould Bodde Ould Cheikh Sidiya, est vu, par bon nombre d’observateurs, comme un «cadeau» fait à l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, dont le départ, avant la mise en exploitation du projet GTA ne devrait avoir aucune conséquence sur le dispositif que lui et son jeune ministre avaient conduit de bout en bout.

Cela rassure également les hommes d’affaires mis en avant par le président sortant dans les grands projets d’infrastructures de la décennie 2009-2019.

L’implication des entreprises nationales, comme prestataires de service, engagées par BP par le biais de la société Eiffage, est circonscrite, selon les informations qui circulent sur les réseaux sociaux, à quelques hommes d’affaires proches de l’ancien président.

Il s’agirait, pour un coût de 20 milliards d’ouguiyas, distribuer sur quatre sociétés, de la fourniture de 2,5 millions de tonnes de matériaux de carrière nécessaires au terrassement sous-marin pour la réalisation un brise-lames constitué de 21 caissons en béton de 16 500 tonnes chacun, chargé de protéger les installations.

Les heureux élus sont les hommes d’affaires dont les noms revenaient de manière récurrente durant la décennie 2009-2019 : le président du patronat, Zeine El Abidine Ould Cheikh Ahmed, Mohyedine Ould Ahmed Saleck patron du Groupe Sahraoui, dont la société Najah avait réalisé le très controversé aéroport Oumtounsy et l’homme d’affaires et député Ould Tanji.

Le milieu des affaires mauritanien, craint fort que ces privilèges ne soient que le début d’une mainmise sur les marchés que BP et Kosmos Energy pourraient céder à la Mauritanie, exactement comme cela a été le cas avec les contrats passés avec la SNIM (fer), Taziast (or) et MCM (cuivre) depuis l’arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Reçu, le 28 août 2019 par le président Mohamed Ould Ghazouani, le Président directeur général de BP, Bernard Looney, était sans doute venu s’assurer que les nouvelles autorités publiques mauritaniennes n’envisagent pas de perturber le montage économique déjà convenu entre son entreprise, qui a repris 60% des parts de Kosmos Energy, la Mauritanie et le Sénégal.

Du côté du Sénégal, les choses semblent aussi suivre leur cours normal. Le parquet vient en effet de prononcer un non-lieu au profit d’Aliou Sall, le frère du président, accusé d’avoir reçu des pots-de-vin d’un montant de 250 000 dollars (150 millions de Fcfa) dans ce que les médias sénégalais avaient appelé le scandale Pétro-Tim.

Sans preuves selon le parquet de Dakar, cette affaire révélée par BBC n’aura donc eu, pour effets immédiats, que la démission d’Aliou Sall de la Direction générale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

Réconforté par cette décision de justice, le gouvernement sénégalais ne compte pas revoir son dispositif juridique en matière de gestion des ressources en hydrocarbures. Les appels de l’opposition et de la société civile « pour modifier et rendre plus transparents les contrats d’exploitation du gaz naturel découvert sur la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie » ne seront donc pas entendus par le COS-Petrogaz, le comité gouvernemental chargé des politiques pétro-gazières.

Au Japon, la rencontre entre le président Macky Sall et le nouveau Premier ministre mauritanien, Ismail Ould Bodde Ould Cheikh Sidiya, en marge des travaux de la 7ème TICAD (Conférence Internationale sur le Développement de l’Afrique de Tokyo) a probablement eu, comme principal sujet de discussion, l’accord de coopération signé le 9 février 2018 à Nouakchott entre la Mauritanie et le Sénégal portant sur les réserves de Grand Tortue-Ahmeyim et qui devront alimenter le Sénégal et la Mauritanie en gaz dès 2022, selon un partage équitable entre les deux pays.

L’exploitation de GTA pourrait durer trente-cinq ans. Le projet doit, selon BP, permettre de produire 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié en moyenne par an.

Par Mohamed Sneïba Comité Editorial – Casablanca



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 2
Lus : 2428

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (2)

  • Marrakech (F) 03/09/2019 15:54 X

    La Mauritanie peine à se débarrasser d'Aziz et et subit encore sa capacité de nuisance : pendant ses deux mandats, il a agi comme il voulait sans aucune contrainte et, après son départ, il continue à peser négativement sur les éléments fondamentaux de l'économie du pays. Ghazwani ne va pas remettre en cause le système Aziz, son mentor, il va, au contraire, le faire perdurer !

  • hayerim (H) 03/09/2019 12:38 X

    Y en a marre! on ne peut pas continuer à n'enrichir que les hommes de main des présidents! Il est impératif d'associer une large gamme d'hommes d'affaires de tous horizons de la RIM. Diviser ce travail de fournitures qui ne nécessitent que très peu de technicité au plus grand nombre de tacheronats à savoir quelques uns par région. C'est cela, la justice: répartir les revenus! le reste n'est que bobards!