05-09-2019 18:00 - Visite du ministre du Développement rural au Gorgol : Des promesses encore

Visite du ministre du Développement rural au Gorgol : Des promesses encore

Le Calame - Un timing bien choisi, alors que les précipitations s’abattent sur le Gorgol, avec, ici et là, des dégâts importants. Après l’inquiétude cristallisant toutes les peurs, devant le retard chaque année croissant du démarrage des pluies, les paysans ne pouvaient espérer mieux pour présenter, au nouveau ministre du premier gouvernement de Ghazwani, les récurrents problèmes auxquels ils sont confrontés.

Arrivé la veille, Dy ould Zein entame sa visite, au matin ,en compagnie du wali du Gorgol, Yahya ould Cheikh Mohamed Vall, par les périmètres rizicoles du Gorgol (PPGI et PPGII), avant de la poursuivre aux sièges des institutions, notamment le CNARADA et l’ENFVA, y recevant divers exposés sur leur fonctionnement respectif.

Puis c’est une réunion avec tous les autres acteurs ruraux, accourus de toutes les moughataas de la région, dans la grande salle de l’ENFVA obligée de refuser du monde.

On consacra alors au rite protocolaire, sous la direction du représentant du Conseil régional du Gorgol, Cheikh TijaneTandia, qui met, d’emblée, en exergue, dans son allocution de bienvenue, les problèmes des agro-pasteurs, insistant sur la récurrence des blocages , faute de répartition ordonnée des tâches, entre les intervenants directs et les paysans, ce qui conduit, dit-il, « à des planifications incohérentes, préjudiciables aux deux activités essentielles que sont l’agriculture et l’élevage ».

Rencontre d’échanges

Dans son mot d’introduction, le ministre souligne d’abord l’objet de sa visite, inscrite dans la volonté de l’Etat à soutenir les agropasteurs : identifier, avec eux et pour eux, les goulots d’étranglement qui laissent à la traîne les deux mamelles de notre économie, au point que des menaces de famine et ses corolaires, comme la malnutrition et autre improductivité agro-sylvo-pastorale, tiennent les populations en laisse et aux abois.

C’est sur un tel décor campé que les échanges avec les paysans s’engagent, francs et directs. Les intervenants soulignent, avec acuité, la faiblesse des subventions accordées par l’Etat aux agriculteurs qui ne se retrouvent, disent-ils, « sans autre ressource que d’interroger la terre ».

Les PPG assujettis à de multiples problèmes, de l’aménagement incomplet au manque de moyens de production, en passant par la qualité et la quantité des intrants,sont évoqués, avec clarté, par monsieur Sow Moctar Samba, président de l’Union des PPGI.

« Si, ces deux dernières années, les paysans ont pu s’engager dans deux campagnes, il n’en demeure pas moins que leur durée, qui ne devrait pas dépasser, en moyenne, quatre mois, s’allonge jusqu’à six ou sept.

Faute », poursuit-il, « de tracteurs pour le labour et de moissonneuses, pour les récoltes, tout ceci aggravé par un fonctionnement a minima d’une station dont une des motopompes est sur cale depuis 2015.

Et, comme tout ceci ne suffisait pas, les contraintes de remboursement des frais de campagne à la CDD, les spéculations liées au prix du paddy au moment de la récolte, subissant une baisse, notoire, de plus 50% de son prix initial au kg ». Autant de freins et de blocages qui privent les agriculteurs du fruit de leur labeur.

Dans la foulée, plusieurs questions relatives aux petits périmètres, à la culture maraîchère et fourragère, sont soulevées par les uns, d’autres insistant plutôt sur l’impérative nécessité de réguler l’immense réserve d’El Atf, point de chute de tous les animaux en période de soudure.

Un tableau pessimiste que certains ont tenu à nuancer : « l’espoir existe, le potentiel existe, pour rétablir le Gorgol en sa position passée de « grenier de la République ».

Et d’inviter le ministre, en cette perspective, à mettre l’accent sur l’irrigué, avec un accompagnement conséquent des exploitants, pour toutes les commodités essentielles à une plus-value sur le secteur et une technique appropriée de traitement des terres, trop souvent victimes des ennemis des cultures, et de sécurisationdes zones d’exploitation, contre les divagations des animaux.

On a également émis le souhait de voir le ministère accompagner l’émergence des filières, aussi bien dans l’agriculture que dans l’élevage : elles ont un rôle important à jouer, dans la résilience et le renforcement de la sécurité alimentaire.

Sans prendre d’engagement quant aux réponses à toutes ces questions, le ministre a cependant manifesté sa volonté de « donner une nouvelle orientation qui répartira mieux les responsabilités entre tous les maillons de la chaîne de production ». Son ministère accentuera, dans sa nouvelle démarche, le contrôle et le suivi des investissements. Et d’inviter les paysans à payer les crédits contractés.

Au final beaucoup plus riche en bonnes intentions qu’en actions concrètes dans les secteurs de l’élevage et de l’agriculture, la rencontre a laissé les paysans en l’impression de vivre le sempiternel « remake » du déjà vu et entendu.

Sans pour autant s’installer dans le pessimisme ambiant. Une attitude fort bien résumée par le commentaire suivant d’un paysan scrutant le ciel nuageux, présage d’une bonne pluie : « Pourvu que ça change ! ». Ironie ou réel espoir, encore ?

Biry Diagana

CP Gorgol




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