25-09-2019 09:54 - L'Editorial du Calame : Guidons notre guide !

L'Editorial du Calame : Guidons notre guide !

Le Calame - Les Mauritaniens aspirent au changement. Après dix ans de disette, jamais le désir de tourner cette sombre page n’a été aussi fort.

Si l’on excepte les années de braise de Haidalla (1980-1984) à la fin desquelles le pays tout entier était descendu spontanément dans la rue, pour fêter la délivrance. Au cours de son dernier mandat, le régime d’ould Abdel Aziz, qui se savait partant, malgré quelques velléités de s’incruster au pouvoir, est devenu synonyme de prédation, gabegie, népotisme, laisser-aller, pillage à ciel ouvert, sans aucun respect des formes.

Le pays n’en pouvait plus des mêmes visages bouffis de mauvaise graisse, disant une chose et agissant à l’inverse, prenant l’Etat pour leur vache laitière et le peuple en dindon de la farce.

L’administration de la chose publique qu’ils étaient pourtant censés servir et qui leur conférait cette respectabilité (dont ne se prévalent vulgairement que ceux qui en manquent naturellement), n’avait plus d’état que le nom. Missions régaliennes bafouées, ni éducation, ni santé, ni sécurité, jamais l’Etat n’avait été, en à peine une décennie, aussi floué, méprisé, volé. Le peuple (vous, moi et les autres) voyait ses ressources dilapidées, ses symboles piétinés, son histoire falsifiée. Comme dit le dicton, ce qui tuait à une certaine époque, ne faisait même plus honte. Nous étions tombés au plus bas de la déchéance.

C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’élection présidentielle de Juin dernier. Une élection sur laquelle se sont fondés tous les espoirs, puisqu’elle allait permettre – enfin ! – une alternance pacifique à la tête d’un Etat certes moribond, glissant dangereusement vers l’abîme, mais toujours réformable, si nous nous y mettons avec détermination et constance.

D’où l’urgence, pour le nouvel élu, de prendre rapidement le taureau par les cornes, afin de sauver ce qui reste des meubles. Une tâche ardue mais pas insurmontable. Tout balayer d’un coup ? La demande populaire en ce sens est puissante mais, plus encore, le risque de chaos. N’exigeons pas l’impossible. Ould Ghazwani appartient au système qui l’a fait élire. Il ne peut s’en départir d’un trait de plume.

L’ombre d’Ould Abdel Aziz continuera à planer sur nous, quelque temps encore, qu’on le veuille ou non. Certains de ses hommes parmi les plus décriés resteront aux commandes en certains postes névralgiques, pour assurer ses arrières. Jusqu’au jour où le vent contraire commencera à tourner. Dans quelques mois ou quelques années. En tout cas, inéluctablement. Le pouvoir, dit-on à juste titre, ne se partage pas et l’on ne peut pas être et avoir été.

L’un assure ses arrières, l’autre ses devants. C’est donc bien qu’on est en interrègne. Entre-temps, les courtisans d’hier se bousculent pour devenir ceux d’aujourd’hui. Que rien ne bouge, surtout, que rien ne bouge ! Sinon en apparence. D’autres, n’aspirant qu’à prendre leur place, n’ont guère plus de volonté à faire bouger réellement les choses.

Mais d’autres encore l’ont, cette lucidité de vouloir œuvrer au meilleur, sont conscients de l’impérative nécessité, pour le bien commun, de s’y mettre sans plus tarder ; s’y attèlent déjà parfois. Les Mauritaniens aspirent au changement, disais-je en exergue. Mais de quoi ? Changer de boubou ou de comportement ? De forme ou de fond ?

A chacun de nous de répondre à ces questions décisives, en son for intérieur, dans son quotidien, au volant de sa voiture comme à la conduite de sa charrette. Le peuple est souverain, n’attendons pas Ould Ghazwani, prouvons-lui, chacun, partout, à chaque instant, la réalité de notre volonté commune au meilleur, guidons notre guide !

Ahmed Ould Cheikh




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Commentaires (8)

  • bleil (H) 25/09/2019 16:28 X

    AZIZ fera toujours profil bas, jusqu'à la fin de ses jours, comprenant bien qu'un accident de l'histoire ... ne se repetera pas, sinon on aurait de nouveau à vivre les affres de TAYA ! Quant à notre guide du moment, il est relativement bien perdu, nous devons l'aider par plus d'explications véridiques pour l'aider à prendre les bonnes décisions ... dans le sens d'une bonne gouvernance !

  • moreandmore (H) 25/09/2019 12:55 X

    Il est à craindre, hélas, que Ghazwani ne fasse qu'attendre pendant 5 ans et "amuse" le peuple avec des réformettes ... jusqu'au retour d'Aziz !

  • Ibadou (H) 25/09/2019 12:50 X

    "La Clameur vient de la montagne" ! Je crois que le bout du tunnel est encore très loin, c'est ce que Ahmed Ould Cheikh vient d'écrire. Il n'a jamais écrit un article aussi fataliste. Il nous demande de rester au milieu, entre un pouvoir fini qui "assure ses arrières" et un notre naissant qui se cherche. Nous attendrons, nous pauvre peuple mauritanien, car la plus belle leçon que nous avons apprise du Sain Coran est ce verset " Allah est avec les patients". Cela durera un siècle ? On attendra comme nous avons attendu pendant ces 11 ans dans l'amertume en regardant tout foutre le camps. Mais les gens de la vallée disent une chose importante "il faut refaire son toit au moment de la période de soudure, passé ce délai, tu passeras l'hivernage dehors sous la pluie", j'ai peur que nous soyons en train de vivre cette situation !

  • hi (H) 25/09/2019 12:13 X

    Aziz est entrain de revenir en tant que chef du parti de la misere et de la honte.

  • cccom (H) 25/09/2019 11:46 X

    Par l'initiative née de notre expérience qui a fait es preuves martélée dans notre page eB hors du Programme annoncé par le Gouvernement, nous pouvons ratrapper et dépasser les pays asiatiques émergents. Mais le semble régarder ailleurs! Patience. facebook.com/cheikhany.ouldsidina?_rdc=1&_rdr

  • Le léopard (H) 25/09/2019 11:41 X

    De toutes les attentes qu’a connu la Mauritanie, celle là est la plus longue, la plus stressante et la plus angoissante, pour ceux qui croient avoir tord sur les autres. Que fera Ould Ghazouani de cette attente, c’est la vraie question Nationale que se pose tous les mauritaniens de l’intérieur et de la diaspora, mais comme l’homme dans sa lenteur au quotidien est traité de tortue, de caméléon, de dormeur, est ce qu’il ne finira pas par être une souris qui cherche a se débarrasser de tout, les mauritaniens sont des léopards, ils veulent du rapide et des surprises. Si jamais Ghazouani déçois les populations, il verra plus difficile qu’Aziz.

  • nabuchodonosor (H) 25/09/2019 10:40 X

    Certains Peshmergas regrettent l'ère de Taya où ils roulaient en grosses cylindrées, construisaient des villas cossues à tour de bras et passaient leurs vacances dans les quatre coins du monde. Ils ne pardonneront jamais à Aziz d'avoir fermé les robinets des abonnements fictifs et des insertions publicitaires facturées à coups de millions facilités par des responsables véreux cherchant à tout prix à acheter le silence d'une presse dont les agissements ressemblent à ceux de la mafia sicilienne. Aziz n'est pas un saint, il est plutôt plus proche des gangasters que des justiciers, mais il aura, au moins, l'immense mérite d'avoir tué dans l'oeuf un système de corruption généralisé dont les principaux bénéficiaires étaient des apprentis journalistes. Ceux là même qui devaient servir de quatrième pouvoir dans le système démocratique. Habib doit se retourner dans sa tombe.

  • Marrakech (F) 25/09/2019 10:28 X

    Ghazwani n'a pas envoyé le signal fort que peuple espérait, il perpétré le système Aziz avec des nominations contestées (le nouveau PDG de la SNIM, des effectifs pléthoriques au niveau de la présidence, ...), une réaction tardive et ponctuelle aux situations catastrophiques que vivent les populations (inondations, villes poubelles,...) et enfin une quasi absence du paysage politique interne, il se cache derrière ses ministres ...