18-10-2019 17:16 - Autour d’un thé : Dosages

Autour d’un thé : Dosages

Le Calame - Tout ce qui atteint sa fin finit. C’est tellement évident que ce n’était pas vraiment la peine de le rappeler. Mais, moi, je le dis quand même. Je ne me sentirai pas si bien si je ne formulai pas cette évidence.

Des indépendances à nos jours, c’est un bon paquet de présidents qui est passé. Seul celui qui est actuellement au pouvoir gouverne encore. Seconde évidence. Il est en vie. Et de trois ! C’est lui le chef. Et de quatre ! Ces prédécesseurs ? Certains sont morts, paix à leur âme. D’autres survivent, le dernier se promène.

Malgré sa décennie pliée, ceux de ses thuriféraires qui n’ont pas encore compris qu’il est bien parti, continuent à chanter : « Chaque fois que deux calebasses se cognent ».

Mais, si sa décennie est effectivement close, il n’en reste pas moins un aspect dont on ne parle pas assez : la boursouflure du discours identitaire. Un phénomène pas vraiment nouveau, en notre tribalisme ancestral saucissonné de groupes, communautés, ethnies et autres petites frivolités sans grande importance. Mais ça commence, depuis quelques années (disons, presque une décennie…), à devenir exagérément trop.

Nous Lekwar, nous Lehratine, nous Aznaga, nous Lem’almine, nous Iguawen, nous Hassan, nous Zwaya… N’importe quoi ! Rien d’important, sans aucun fondement. Nous les Métis, nous les Bambaras… Et puis on compte ! Et l’on décompte ! Et l’on recompte ! Chaque jeudi, chaque remaniement, c’est combien de ceux-ci, combien de ceux-là ? Même les joueurs de l’équipe nationale ! Même la composition de la Commission nationale de surveillance lunaire ! Même les membres du bureau des oulémas !

Tiens, justement, ces oulémas ou ces faqihs dont certains surgissent, de temps à autre, avec des déclarations scandaleuses, parlons-en. Ces clubs d’érudits où s’abonne tout celui qui veut. Un peu comme chez nous les journalistes.

Sauf que, moi, je ne prendrai pas le risque de déclarer quoi que ce soit chose à nos « ouléma ’Ouna El Ejila » (illustres érudits). Au moins pour deux raisons : par respect, d’abord ; et parce que « leur viande est empoisonnée », ensuite. Mais, eux, ils devraient tout de même se dire, à eux-mêmes, quelque chose.

« Prendre sur la main des imbéciles », ne pas les laisser déclarer n’importe quoi et se taire. Ou bien vous êtes ; ou bien vous n’êtes pas. Un musulman est un musulman. C’est après que le reste vient.

Et n’est-ce pas les oulémas eux-mêmes qui l’enseignent : « Seul Allah sait qui est vertueux et qui ne l’est pas » ? Cela ne se jauge ni à l’aune des villas cossues, ni aux étoiles scintillantes sur les galons d’une jolie vareuse, ni au prorata des biens d’origine plus que douteuse. Il y a des gens bien qui meurent complètement anonymes. Il y a des gens moins bien (merci l’euphémisme…) qui meurent exagérément « publicités » (du verbe publiciter, 1er groupe, transitif).

On profère de vieilles sentences tellement choquantes que certains sont découragés au point de préférer avoir affaire à Allah plutôt qu’à ses oulémas. « La parole s’arrête quand elle atteint Allah », dit-on d’habitude. Ici, elle a déjà atteint le Prophète (PBL). Elle a déjà atteint le Saint Coran. Vous connaissez sûrement Jürgen Klopp, l’entraîneur allemand de Liverpool.

Lui aussi distingue les bons et les mauvais musulmans. Selon lui, Sadio Mané et Mohamed Salah en sont de bons. Réplique intéressante de la journaliste sportive de Bein-sport : « C’est tout ce qui nous manquait que Klopp nous distingue le bon musulman de qui ne l’est pas ».

Vraiment ridicule… Tous les Mauritaniens devraient lire « Tartuffe ou l’imposteur », une vieille comédie de Molière datant de 1669 mais toujours d’actualité chez nous : la dévotion feinte, l’hypocrisie atavique, la malhonnêteté grégaire, l’arrogance intempestive… Et pas que.

Il y a plus important : être respectable envers soi, envers les hommes, envers les principes. Et être fils de qui tu veux et s’approprier les vertus et les bonnes manières qui te suffiront à toute autre origine, réelle ou supposée. Iguiw, M’alem, Hartani, Kewri, Hassan, Zawi, Znagui : ça veut dire quoi, tout ça ?

Que certains sont vertueux et que d’autres ne le sont pas ? N’importe quoi ! Salut.

El Kory Sneiba





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Commentaires (2)

  • Larhas (H) 19/10/2019 12:07 X

    "A chaque fois que deux calebasses se cognent"extraordinaire Sneiba Elbidhani. Toujours passionnant!Vous lire est un plaisir.

  • Marrakech (F) 19/10/2019 12:01 X

    Ghazwani est encore pire qu'Aziz car ce dernier agissait ouvertement alors que Ghazwani est hypocrite, il cache son jeu !