26-11-2019 21:00 - Mauritanie : l’abrogation de la loi d’amnistie de 93, un tabou pour Ould Ghazouani

Mauritanie : l’abrogation de la loi d’amnistie de 93, un tabou pour Ould Ghazouani

Kassataya - Le passif humanitaire est un préalable à la réconciliation nationale. Ce dossier sensible est clos par l’ancien président durant son premier mandat.

Son successeur Ould Ghazouani hérite de cette situation à laquelle il est difficile de faire face notamment l’abrogation de la loi d’amnistie de 93 sous le régime de Ould Taya et qui protège aujourd’hui les bourreaux et commanditaires des exactions extrajudiciaires de 28 soldats noirs en 91 à Inal au Nord du pays.

L’armée mauritanienne vient de souffler ses 59 bougies dans la plus grande discrétion sans tambours ni trompettes. Et c’est au sein de cette grande muette que des exactions extrajudiciaires ont été commises le 27 novembre 91 à Inal contre 28 soldats noirs dont les veuves et orphelins réclament aujourd’hui les corps pour que des sépultures soient dressés en leur honneur. Voilà 30 ans que ça dure.

Trois décennies de silence des différents locataires du palais de Nouakchott depuis la chute du régime de Ould Taya exilé aujourd’hui au Qatar dont la demande de retour au pays est acceptée par le nouveau président.

Depuis cette triste date les circonstances de la mort de ces braves martyrs ne sont toujours pas élucidées. En 2007 avec l’arrivée au pouvoir pour la première fois démocratiquement Sidi Ould Cheikh Abdallahi a initié une conférence nationale pour la réconciliation nationale et ouvert le processus de rapatriement des réfugiés au Sénégal et au Mali.

20000 parmi eux sont rentrés officiellement en 2008 date du coup d’Etat du Général Ould Aziz qui se fera élire grâce aux accords de Dakar signés entre lui et l’opposition et les autorités sénégalaises.

Mais c’est durant son premier mandat qu’il va clore le dossier du passif humanitaire après avoir verrouillé toutes les portes de sorties en laissant en rade les réfugiés rentrés au bercail en indemnisant une partie des victimes notamment les fonctionnaires dont certains ne sont toujours pas réintégrés dans la fonction publique encore moins indemnisés.

Et parallèlement il va actionner le levier loyauté militaire pour organiser une prière des morts à Kaédi dans le but de demander le pardon de l’Etat contre les crimes du régime de Ould Taya.

Ce qui lui permettra d’enclencher des indemnisations pour les veuves et orphelins dans l’opacité en faisant jouer la division au sein des différentes organisations négro africaines de la vallée. Un accord nébuleux qui a été signé dans ce sens et qui traduit le désarroi aujourd’hui des ayant-droits dans ce domaine.

Et enfin il va initier un génocide biométrique de milliers de noirs faisant d’eux des apatrides et des sans -papiers chez eux notamment les enfants exclus du système éducatif. Un lourd héritage à porter et auquel Ould Ghazouani fait face depuis son investiture en août dernier.

Son silence sur le règlement de ce passif humanitaire est révélateur de la marge de manœuvre politique très mince pour rouvrir le dossier des 10000 mauritaniens dans les camps de réfugiés au Sénégal et au mali sans au préalable un accord quadripartite entre la Mauritanie, le Mali, le Sénégal et le HCR.

C’est surtout l’abrogation de la loi d’amnistie 93 par Ould Taya , la ligne rouge infranchissable par le président mauritanien et que les veuves et orphelins, l’opposition et les organisations nationales des droits de l’homme et mouvements citoyens réclament pour la justice et pour l’unité nationale et la cohésion sociale.

Cherif Kane



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