01-12-2019 07:00 - 59ème anniversaire de l’indépendance : Ghazouani rate l’occasion de la réconciliation

59ème anniversaire de l’indépendance : Ghazouani rate l’occasion de la réconciliation

Kabaru Jakka - La République Islamique de Mauritanie a célébré le 59ème anniversaire de son indépendance, ce jeudi 28 novembre 2019. Le président de la république, Mouhamed Ould Cheikh El Ghazouani a présidé pour la première fois la levée de couleurs à Akjouj, capitale de la région (Wilaya) de d’Inchiri.

Étaient présents Sidi Ould Cheikh Abdallahi et Ould Haidallah. Le président sortant, Mouhamed Ould Abdel Aziz, a boycotté cette manifestation. Ce qui marque le début des hostilités entre deux complices qui ont accédé au pouvoir par les moyens qui sont à leurs dispositions.

La veille de la fête de l’indépendance, Mouhamed Ould Cheikh El Ghazouani a tenu un discours qui d’une part marque la reconnaissance au peuple mauritanien qui n’a ménagé aucun effort pour mettre fin à l’occupation et ainsi donner naissance à la RIM. D’autre part, il fait le bilan de ses trois premiers mois à la tête du pays oubliant de revoir les pages sombres de son histoire.

C’est-à-dire ce qui s’est passé lors de la célébration du 30ème anniversaire de l’indépendance à Inal.

Pour célébrer la fête de l’indépendance en 1990, les autorités étatiques avaient ordonné l’exécution de 28 soldats négro-mauritaniens dans la nuit du 27 au 28 novembre à Inal. Depuis lors, cette communauté a oublié le sens historique de cette journée. Endeuillée, elle n’assiste plus aux festivités. Au moment où le président prépare son discours donnant le coup d’envoi de la fête nationale, les familles et proches des victimes se souviennent et se souviendront de cette tragédie inoubliable. Ils réclament du jour au lendemain la lumière sur cette barbarie qui ne dit pas son nom pour savoir qui sont les responsables et pour quelles raisons ils ont massacré leurs frères d’armes.

Une fois les circonstances connues, les uns décideront s’il faut pardonner pour tourner la page et penseront alors à la "réconciliation nationale".

Ghazouani aurait surpris tout le monde s’il avait au moins adressé des prières aux victimes et promis à leurs familles une réparation totale dans les plus brefs délais. Au lieu de marquer une page de l’histoire, le nouveau Président a préféré revenir sur ses trois premiers mois et annoncé d’autres promesses aux populations qui attendent toujours la réalisation de ses engagements pris lors de la compagne électorale.

Aujourd’hui des centaines de milliers de personnes n’arrivent pas à avoir des pièces d’état civil et pourtant elles sont inscrites sur les fichiers. D’autres remuent la terre et le ciel pour accéder aux bureaux des centres d’état civil pour enrôler leurs enfants. Les réfugiés qui veulent revenir et récupérer leurs biens attendent son feu vert. Les transports affectés par une mauvaise gestion et politique d’entretien des routes. A titre d’exemple, la route de l’espoir est devenue la route la plus meurtrière en Mauritanie. Le chômage et la discrimination sur le marché de l’emploi représentent un facteur de frustration chez les jeunes. Voilà ce qui doit attirer l’attention du Raîs et mobiliser des énergies du gouvernement pour changer la donne.

La reconnaissance des erreurs et la demande de pardon aux victimes et l’officialisation de la journée du 27 novembre comme journée de deuil national pourra marquer le début de la réconciliation nationale. C’est même le souhait de Biram Dah Abeid, président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste, IRA.

Selon le site d’information www.lecalame.info, Birame s’est rendu le jeudi 28 novembre à Inal pour se recueillir sur les tombes des victimes. Sur place, il soutient : « La date du 27 novembre doit être retenue comme la journée des martyrs d’ Inal, de Jreida, de Laguerra, d’Azlat, un peu partout où sont disséminés les fosses communes, les tombes anonymes de ces martyrs qui ont péri dans le cadre de cette épuration ethnique qu’ont vécue les mauritaniens qui continuent à être une plaie béante qui n’a pas été encore soignée, ni ne s’est cicatrisée ».

Ainsi, le 28 novembre deviendra ce qu’il était avant les années 1990. Tous les Mauritaniens participeront aux festivités de la célébration de la fête nationale parce que l’indépendance signifie beaucoup de choses : « L’indépendance couvre de nombreuses significations et de multiples concepts : elle est politique par la souveraineté de la décision, culturelle par la préservation de la vocation et de la langue et économique par la capacité de conduire le progrès et le développement.

Ces différentes déclinaisons de l’Indépendance restent cependant tributaires de la consolidation de l’unité nationale et de la conjugaison des efforts de tous les fils de la nation au service de la prospérité du pays, mus par un sentiment fort d’égalité, d’adhésion à une même identité et de communauté de destin que conforte l’Etat avec justice et équité dans une dynamique de développement global » soutient le président de la République Islamique de Mauritanie.

Oumar BA





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