12-12-2019 21:45 - Démarrage du programme «Khadamaty» : Entre volonté de rapprocher l’administration du citoyen et pratiques désuètes

Démarrage du programme «Khadamaty» : Entre volonté de rapprocher l’administration du citoyen et pratiques désuètes

Le Courrier du Nord - Ce mercredi 04 décembre 2019 marque le démarrage effectif du programme "Khadamaty" (mes services), lancé, officiellement, 24 heures plus tôt, par le ministre de l’Equipement et des Transports, M. Mohamed Ahmedou M’Haïmid, à partir de la direction générale du transport terrestre.

Devant la porte d’entrée de ce service pensé par les autorités comme le système le plus approprié pour faciliter l’accès des citoyens aux prestations du Département de l’Equipement et des transports, avant de voir la généralisation de ce programme à tous les autres ministères, l’affluence était grande.

Sur les changements intervenus, les avis divergent. Si certains s’offusquent de la lenteur des procédures et de la nécessité de suivre certaines règles, comme le rang, la présentation d’un seul dossier et le regroupement de tous les services en un seul lieu (« Khadamaty »), beaucoup saluent l’initiative qui consiste à traiter les citoyens sur le même pied d’égalité et à simplifier les procédures.

« Il s’agit bien d’une réelle ouverture de l’administration sur le citoyen », note un citoyen qui espère que son problème de carte grise, en souffrance depuis le 01 janvier 2019, trouve enfin une solution. Il craint seulement que l’ordre nécessaire, à l’entrée, pour accéder au service, puisse être établi.

« Les mauritaniens et l’ordre, c’est une longue histoire », ajoute-t-il. Le service aura du mal à leur faire comprendre que la salle d’accueil où vous pouvez vous présenter aux différents guichets, ne peut recevoir plus de vingt personnes. L’ordre doit donc se faire au-dehors, et par les citoyens eux-mêmes, conclut-il.

Cet autre citoyen qui se plaint de ne pouvoir rentrer, comme il le faisait avant, ni de trouver à qui parler, évoque des « complications ». « Comment porter plainte ? La machine ne parle pas » et le problème c’est qu’on ne peut organiser le dehors. C’est une administration sollicitée par toute la Mauritanie et il faut bien penser à augmenter le nombre de guichets si l’on veut apporter un changement », déclare-t-il.

M’bareck, un prestataire de services, se plaint de ne pouvoir traiter plusieurs dossiers en même temps. « La situation était plus fluide avant, affirme-t-il, sans doute parce qu’il y avait des voies de « contournement » bloquées aujourd’hui, avec la mise en services de « Khadamaty », parce que nous avons vu de hauts responsables et des hommes en tenue se plaindre de devoir se soumettre aux nouvelles règles.

Ahmedou Ould Yehdhih est du même avis quand il affirme que la solution pour rendre le service plus rapide est d’augmenter le nombre de guichets. Une seule personne ne peut être chargé de plusieurs tâches à la fois (renseigner, délivrer des documents, etc).

Au niveau de la Direction du transport terrestre, on affiche un optimisme à toute épreuve. Le directeur, M. Lemhaba Ould Sidi à qui nous avons rapporté toutes les récriminations et doléances posées par les citoyens, pense qu’il est encore trop tôt de juger le programme, surtout de la part de ceux qui lui préfèrent la situation d’avant. » Et le directeur du transport terrestre de poursuivre : « Nous sommes au premier jour et les insuffisances constatées tiennent au changement d’habitude et de pratiques anciennes et nouvelles. Il s’agit d’un nouveau service dont l’utilité ne peut être remise en cause mais il a besoin de temps pour être rodé et bien compris par des usagers pressés. »

Ismail Ould Saïga, un usager rencontré à la Direction des Transports abonde dans le même sens. Trouvant que les services offerts par « Khadamaty » règlent plusieurs problèmes à la fois, il balaie d’un revers de la main les critiques faites par certains refusant, en réalité, le principe d’équité « premier arrivé, premier servi » basé sur le rang.

Il y a également, souligne El Arbi Ould Ahmed Ould Maleck, que le programme bouleverse certaines habitudes, notamment celles qui consistent à jouer le rôle de prestataire de services. Il n’est plus question de venir les bras chargés de dossiers, les agents de « Khadamaty » ne recevant qu’un document par personne. « Je suis moi-même un intermédiaire et je peux bien me plaindre mais je suis content que l’intérêt général passe, pour une fois, avant l’intérêt individuel », déclare ce trentenaire qui attendait sagement son tour. Pour lui, tout est question d’acclimatation, aussi bien pour les employés mobilisés pour la bonne marche de « Khadamaty » que pour les usagers dont les dossiers pouvaient rester en souffrance plusieurs mois avant d’être traités.

Lors du lancement officiel du programme « Khadamaty », le ministre de l’Equipement et des Transports avait souligné le côté novateur de cette « réforme intéressante de l’administration qui concrétise les engagements du Président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, notamment le volet relatif à la construction d’un Etat moderne et des institutions fortes ».

Sneiba Mohamed

Source : Journal HORIZONS







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Commentaires (1)

  • moukhabarat (F) 13/12/2019 11:30 X

    Les techniciens pensent qu'en se confiant à la logique des machines on règle tous les problèmes: archi-faux! Il faut juste évaluer l'expérience de l'Etat civil tout électronique pour voir que c'est un un succès technique certes mais un échec humain retentissant parce que les machines sont bêtes et aveugles et il faut des hommes très éclairés pour les diriger. Ce nouveau système exige des personnels très bien formés, des systèmes de recours de proximité pour les citoyens dont les cas ne sont pas prévus par le 'système', un manuel de procédure etc...