01-01-2020 00:00 - Aziz : de la Perte à la Perdition

Aziz : de la Perte à la Perdition

Mauriweb - La récente sortie médiatique de l’ancien président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz nous a offert le spectacle pathétique d’un narcissique mégalomane empêtré dans ses propres contradictions et en proie à une indéfinissable propension à l’autodestruction.

Et la malédiction l’a poussé à révéler « on air » son propre naufrage. Pour quelqu’un qui proclamait à l’envi « ne pas être fait pour perdre », le voilà qui revient nous annoncer sa perdition.

Nous saisissons cette occasion pour rappeler que l’arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz a été marquée par la consécration utopique ; et la confiance inébranlable de l’imaginaire se nourrissait d’intérêts concrets.

Depuis, Aziz et utopie ont été des termes corrélés, voire synonymes. Et l’aventure mauritanienne de l’utopie en a été d’autant plus accidentée. Mais bientôt, nous avions découvert que l’utopie n’a pas tenu ses promesses et que son insertion dans son programme l’a arraché à ses références conceptuelles.

En outre, il ne nous avait pas fallu longtemps pour établir une distinction raisonnable entre la possibilité de l’utopie et l’impossibilité des chimères. Quoique les plus pessimistes parmi nous n’ont même jamais cru au tracé de cette ligne de démarcation.

A ses ambitions utopiques se sont attachées des considérations économiques, sociales et politiques. L’utopie a été le moteur de l’histoire de ces dernières années dans la mesure où elle a dégagé des horizons inattendus ou tout simplement un sentiment diffus et paralysant qui s’est contenté d’alimenter notre complaisance vis-à-vis de nous-mêmes. Aujourd’hui, nous payons péniblement le prix exorbitant de notre confiance en l’avenir et les perspectives se sont croisées.

Avec Aziz, nous avions si bien gonflé notre ego et suralimenté notre imaginaire social que nous nous sommes ensuite croisés les bras : nous étions si convaincus d’être un pays du futur que nous avons oublié d’être un pays du présent. L’incontournable mauvaise conscience ne s’est pas refusé à être le masque illustré de l’utopie.

Je conçois que pour certains l’utopie est un mode de programmation gouvernementale efficace ; mais quand le pouvoir de Aziz nous a fait ingurgiter ce concept compact qui promettait d’être totalisant, il s’était vite révélé totalitaire.

Et dans l’effritement de cette totalité, l’utopie a laissé se déséquilibrer notre futur. Mais à ce moment-là, la multitude ne savait pas que la fragilité de l’utopie réside dans la supposition d’une préséance du futur sur le présent.

Au cours de la décennie écoulée, le pays a connu toutes les contradictions possibles en matière de Politique, Economie et Société.

Cette période célébrée en tant qu’ère de la démocratie et des libertés a été celle durant laquelle se sont cristallisés les ressentiments identitaires, s’est développé le clientélisme politico-affairiste sur fond de népotisme et de néo-tribalisme, le tout accompagné d’une dissolution des mœurs sans précédent dans notre histoire.

L’apologie du médiocre et de l’incompétence étalée au grand jour se convertissait en une course effrénée et frénétique pour l’enrichissement illicite, le détournement sans vergogne des deniers publics et le gaspillage des ressources naturelles.

Par ailleurs, il est ahurissant de voir comment le pouvoir en place réagissait face aux problèmes sociaux qui surgissaient ça et là et qui – phénomène extraordinaire – gagnaient exponentiellement en amplitude tant par la réaction ou l’inaction du gouvernement que par leur propre effet boule de neige. A chaque évènement de ce type, le pouvoir y voyait la « main » de l’opposition. Soit. Mais cela ne soustrayait rien au bien-fondé ou à la légitimité de la cause revendiquée.

En tout état de cause, une telle réaction obsidionale avait – à tout le moins – le propre d’occulter les réalités profondes qui sous-tendaient de telles revendications ou de tels évènements pour n’en retenir que le superflu.

Sans acrimonie cependant, je vous invite à admettre que la crise systémique que connait aujourd’hui la Mauritanie n’est guère le fait exclusif de l’avènement du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz ni de sa gestion du pays – fut-elle erratique et empreinte d’improvisation - mais elle est le résultat de l’échec de toutes les politiques de développement initiées et conduites par tous les pouvoirs qui se sont succédés à la tête de notre pays depuis son accession à l’indépendance.

Et le pouvoir de Aziz n’en était que l’avatar. Il n’était qu’à entendre le discours aporétique que son pouvoir nous a servi avec un flegme et une assurance tels que cela dissimulait mal l’entropie qui caractérisait le système et dont la panacée autosuggérée n’était rien moins qu’une procrastination devenue chez nous une seconde nature.

Il n’est jamais trop tard de cesser les discours de célébration et de commencer à révéler les effets pervers de l’utopie. Ainsi, l’une des tâches urgentes est de restaurer le futur ; notre futur à la confiscation duquel nous avons assisté à travers l’expansion fulgurante de la précarité en plus de l’état de tension sociale redevenu extrêmement prégnant.

Sans trop s’encombrer l’esprit de préjugés et a fortiori de fantasmes, l’opportunité nous est encore offerte de redresser la barre et de changer de cap avec sérénité, apaisement et surtout clairvoyance.

L’avènement d’une Mauritanie unie, réconciliée et prospère ne se réalisera qu’en rompant définitivement avec cette façon de gouverner héritée des temps anciens.

Pour ce faire, il nous faudra une nouvelle manière de penser, de voir et d’agir. C’est si vague, si vaste que c’en est tout un programme.

Hassana Mbeirick



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 3
Lus : 4192

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (3)

  • Diayou (H) 04/01/2020 20:26 X

    Mr Mbeirickk, , il ne nous a pas fallu longtemps pour constater que vous êtes entrain de nous embarquer dans votre perdition philosophique aussi abstraite que inutile.

  • douddou (H) 01/01/2020 17:37 X

    Ce n'est pas que le texte soit philosophique cest qu'en voulant faire le pédant le mr qui l'a écrit a versé dans l'abstrait et l'incohérence rendant ses idées floues et fugitives par la valeurs des et leur décalage par rapport a ce qu'ils veulent dire en defitive le signifiant ne correspond plus au signifié Cest en somme une juxtaposition agrammaticale de la pensée devenue abstraite par la prétention a la perfection ratée sur toute la ligne brisée

  • mdmdlemine (H) 01/01/2020 10:06 X

    Ce texte philosophique qui n'est pas à la portée de la compréhension du lecteur moyen n'échappe pas lui aussi à la "perdition", malgré des rares passages supposés relativement perceptibles avant de se dissiper sous cette passion de "philosaphaller" de Hassana M Boirick Même les académiciens et les politiques rôdés auront des problèmes à suivre Il est conseillé à ceux qui ont des opinions à écrire à avoir à l'esprit une multitude de lecteurs dont certains de niveau trés élevé et d'autres moyens en plus d'autres encores médiocres mais qui peuvent partager les idées qu'on cherche à exprimer Je n'ai pas fini la lecture du texte, parce qu'en cernant un moment la personnalité politique d'Aziz je me retrouve détourner par cette philosphie