31-12-2019 18:45 - Point de vue/Mauritanie : Guerre ouverte contre la langue française

Point de vue/Mauritanie : Guerre ouverte contre la langue française

Initiatives News - Entre les mauritaniens-ou du moins une partie d’entre eux-et le français, ce n’est pas toujours le grand amour.

La langue de Molière dont la masse de locuteurs dans le pays se rétrécit comme une peau de chagrin, est menacée de disparition et ses rares utilisateurs sont régulièrement exposés aux assauts inquisiteurs des arabisants de pacotille. En effet, les ténors de l’arabisation à outrance du système éducatif ont fini de démolir tous les efforts entrepris pour le maintien contre vents et marées de cette belle langue.

Malheureusement l’acharnement de politiciens sans scrupules aidés par l’ignorance d’une populace rondement menée en bateau ont fini par avoir raison de l’ancrage de cette langue qui, qu’on le veuille ou non fait partie de notre histoire.

Seulement, nos dirigeants successifs ne l’entendent pas de cette oreille, en dehors de feu Me Moktar Ould Dadah qui avait imposé le français comme langue exclusive de travail en Conseil des ministres -et même d’ailleurs au sein de l’administration-, tous les autres ont préféré joué sur la fibre patriotique en voulant imposer l’arabe coûte que coûte, et comble de l’hypocrisie, ils étaient tous francophones et beaucoup d’entre eux parlaient un arabe au rabais.

Cette fièvre nationaliste avait abouti au début des années 80 à une politique d’arabisation improvisée qui a eu pour conséquence une crétinisation de notre système éducatif et une chasse aux sorcières qui a purgé l’administration mauritanienne de ses éléments les plus valables, des cadres francophones bien formés. Et c’est apparemment au même remake qu’on assiste actuellement.

En effet, la dernière décision du Bureau de l’Assemblée Nationale qui impose l’usage des langues nationales est une exclusion à peine voilée du français de cette auguste chambre.

Autres fait intervenus concomitamment, d’abord la dernière conférence de presse de l’ex président Aziz qui a refusé de parler français, arguant qu’il s’adresse aux mauritaniens.

Il y a eu ensuite ce congrès de l’UPR qui vient de se tenir à Nouakchott et où les congressistes ont hué la journaliste qui était chargée de traduire en français les interventions l’empêchant ainsi d’accomplir cette mission.

Autre fait non moins révélateur, la levée de boucliers suscitée par le nouveau président, Mr Ghazwani, à qui on n’a pas pardonné d’avoir livré ses premières interviews à des médias francophones.

Ainsi donc, les francophones n’ont pas pignon sur rue en Mauritanie et ils sont de plus en plus dans la ligne de mire d’une plèbe téléguidée par des pyromanes, qui véhiculent des idées d’un autre âge, qui attisent les conflits inter communautaires et qui prônent l’intolérance.

Il est donc du devoir du président Ghazwani d’empêcher ces pêcheurs en eau trouble de replonger le pays dans les abysses de l’obscurantisme.

Bakari Guèye
gueyebakary22@yahoo.com



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Commentaires (4)

  • samba el bakar (H) 01/01/2020 08:54 X

    La guerre entre le Français et l’Arabe n’aura pas lieu en Mauritanie. Les négromauritaniens ne doivent pas continuer à se tromper de combat. L’émancipation de nos langues nationales doit être la quintessence de notre lutte dans ce pays.Nous ne voulons plus être les soldats d’une langue coloniale qui du reste est entrain de péricliter lamentablement. La France a rangé les négromauritaniens dans le camp des minorités en cautionnant des âneries du type que les Haalpulaar ne représentent que 3,5 % de la population Mauritanienne juste avant les Wolofs. Dans le même ordre d’idée, l’initiative récente de bannir le Français de l’Assemblée Nationale est à saluer : pourquoi au Sénégal on s’exprime en Wolof dans l’Assemblée ,au Mali en Bambara et en Darijya au Maghreb puis s’imposer le Français en Mauritanie ? Si on veut être suivi par le citoyen Lambda il faut lui parler sa langue maternelle. Bye Bye French de notre auguste Assemblée .Dommage que le Président Baya n’ait pas pris cette décision au temps de son ami Aziz comme cela il aurait légué à la postérité un des rares cas qui ne lui rapporte pas de l’argent à titre personnel

  • kalidou gueye (H) 01/01/2020 02:55 X

    Merci Bakary pour cette analyse. Jusqu'ou va la Mauritanie contre les noirs? Maouiya avec son genocide humain Aziz avec son genocide biometrique et Ghazouani pour en finir avec les noirs avec la suppression de la langue francaise. J'appelle toutes les personnes qui aiment cette belle langue mais surtout la communaute noire a se dresser devant cette tentative qui a pour but d'exclure definitivement les noirs de tout cercle decisionnel du pays. ils vont bientot mettre en place une loi penalisant l'usage de la langue ou meme voter des lois pour imposer l'arabe a certains postes de responsabilites.

  • habouss (H) 31/12/2019 23:55 X

    La seule nouveauté dans cette histoire c'est quand le pyromane veut se transformer en pompier. Les négros ne doivent pas se laisser piéger pour avoir une reconnaissance de façade de leurs langues au parlement en les enterrant ailleurs. Il faut d'abord commencer par exiger l'ouverture immédiate de l'institut des langues, par l'ouverture des classes fermées dans le primaire. Le reste n'est que du déjà vue, ces nationalistes qui sont au crépuscule de leur vie, car leurs enfants qu'ils ont envoyés dans les écoles bilingues sauront, quand ils sont majeurs, qu'il est plus aisé de travailler en français, comme cela se passe aujourd'hui dans les bureaux.

  • lass77 (H) 31/12/2019 19:30 X

    Il y'a aucune guerre contre la langue de Molière en Mauritanie, c'est juste une stratégie qui dure depuis 55 ans. Si tel était le cas, nos faux hauts fonctionnaires , députés , ministres , Généraux n'enverraient pas leurs enfants au Lycée Français de Nouakchott. Il faut revoir la façon de formuler cette question en Mauritanie. Pourquoi la France ne dit jamais un mot sur cette question politique en Mauritanie ?, justement c'est un sujet politique qui n'a rien de linguistique. On voit juste des manœuvres hégémoniques par le biais d'une instrumentalisation des langues.