13-01-2020 19:30 - Mauritanie : l’attentisme de l’opposition dans le collimateur des observateurs

Mauritanie : l’attentisme de l’opposition dans le collimateur des observateurs

Kassataya - Depuis l’ouverture du président mauritanien au dialogue politique, l’opposition semble être anesthésiée au point de mettre en sourdine la réconciliation nationale en affichant une assurance qui s’apparente à un immobilisme.

Pour les observateurs cette situation d’hibernation à au moins quatre origines. La première réside dans la normalisation des relations du nouveau président et l’opposition qui ouvre de perspectives de dialogue politique.

Cette ouverture du pouvoir pour la première fois depuis les accords de Dakar en 2008 qui ont permis à Ould Aziz de gouverner le pays pendant 11 ans d’une main de fer, est appréciée par la classe politique et l’opinion publique. Mais c’est un couteau à double tranchant qui permet à Ould Ghazouani d’appliquer son programme quinquennal à l’abri des critiques de l’opposition.

Cette deuxième origine réside dans la nouvelle gouvernance plus ou moins transparente au niveau des réformes qui contrastent avec la gabegie et la corruption du régime précédent. C’est une rupture au plan de la forme.

Troisièmement en apaisant le climat politique avec en toile de fond la réhabilitation des exilés mauritaniens du régime de Ould Aziz notamment l’annulation des poursuites judiciaires du richissime mauritanien Bouamatou.

Ce qui explique en partie l’anesthésie d’une partie de l’opposition qui en avait fait une de leurs principales revendications. Cette nouvelle mesure débloque la situation financière des banques concernées qui étaient paralysées dans leurs opérations.

La quatrième origine réside dans la crise interne à laquelle font face les forces démocratiques. Les deux principaux partis de l’opposition l’UFP et le RFD sont confrontés à un probleme de renouvellement des instances dirigeantes voire d’idéologie en ce qui concerne l’UFP confrontée à une fronde de militants qui dénoncent la déviation des principes du parti par la direction qui espère remettre tout en ordre au prochain congrès.

La CVE ( la coalition présidentielle Vivre Ensemble)qui regroupait au moins une dizaine de partis en majorité negro-africaine se retrouve dans un noyau de 5 partis et mouvements citoyens avec la sortie de l’AJD-MR des FPC et TPMN pour des raisons liées à l’esprit et à la lettre de la mouvance présidentielle.

Une division qui sert le pouvoir qui ne reconnaît pour le moment que la nouvelle CVE dirigée par KHB. Par ailleurs l’AJD-MR ne se porte pas mieux que l’UFP traversant lui aussi une zone de turbulence avec une contestation de la gouvernance du président considéré autoritaire.

Tous ces partis ont en face une jeunesse qui veut avoir sa place au sein des instances dirigeantes.Le grand gagnant des présidentielles avec plus de 18 pour cent des suffrages Ould Abeid fait cavalier seul pour tenter de bousculer le pouvoir qui semble avoir pris un bon départ.

Le candidat indépendant l’ancien premier ministre Ould Boubacar semble hiberner tranquillement et son intention de créer un parti qui rassemble toutes les sensualités mauritaniennes semble vouer aux calendes grecques.

Enfin la première force de l’opposition le parti islamiste qui dispose d’une dizaine de députés des mairies et conseillers régionaux a joué un rôle trouble aux dernières présidentielles et aujourd’hui semble se contenter de son avantage et bénéficie même des largesses du nouveau régime qui semble enterrer la hache de guerre avec les dernières décisions d’annuler l’interdiction de l’Association Moustaghbal de l’erudit Ould Deddew avec la perspective de rouvrir le centre de formation des Oulémas.

Cette situation disparate de l’opposition rend pessimiste les observateurs qui s’interrogent sur la capacité de l’opposition à avoir un projet unique pour une alternance en 2024.

Cherif Kane



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Commentaires (1)

  • Le Doker (H) 13/01/2020 23:27 X

    Monsieur Kane, en Mauritanie il n’y a pas une opposition mais il y’a des positions et des intérêts face à une non alternance de la majorité qui se gonfle vers un parti Etat, c’est tout le monde qui doit rentrer dans l’UPR pour sauvegarder les intérêts de la classe des clients du parti. Monsieur Kane ce que vous appelez une ouverture politique n’est rien d’autre que l’ouverture de la majorité des riches gabégistes contre le pauvre peuple de la majorité, si vous me dites un seul département dans ce pays qui n’a pas subi de gabegie et que ceux qui ont gérés ces départements ne sont pas dans l’UPR, je te dirais qui est militants et qui est client, pour se sauver de la prison et des enquêtes de l’IGE, il faut être client de l’UPR ou pauvre cadre militant pour avoir de la place.