Cissé Housseynou Birama - Mon très cher père, la nuit a été vraiment longue et je crois que je dors toujours. Je rêve vraiment ou c'est vraiment la fin ? Cette fois –ci je vais devoir accepter, car dormir et rêver qu'on rêve du rêve qu'on est en train de rêver est vraiment le comble de la métaphysique et du rêve. Je suis très loin de la folie ou de la démence.

Rassurez-vous je ne suis pas adepte de la cigarette ou de quelconque autre excitant. Dieu merci tout va bien dans ma petite tête avec un cerveau bien en place qui a tenté plusieurs fois de vous raisonner sans jamais y parvenir. Je crois que je ne suis pas le seul.

A l’exception de votre cercle restreint de privilégiés, chaque Mauritanien a tenté de vous avertir à sa manière. Hélas, vous étiez beaucoup plus intelligent pour nous écouter. Aujourd'hui, ce petit pays qui était hier encore votre propriété vous refuse tout.

Ce petit peuple méprisé d'hier vous rend la monnaie de votre règne. Vos amis d’hier vous trouvent non fréquentable et s'éloignent comme si vous étiez la peste en personne. Vous n'avez plus droit à rien. Vous êtes devenu un cadavre politique dont on doit se débarrasse par tous les moyens.

C'est la logique de la vie et le paradigme de la survie politique. On meurt après le pouvoir. Ce fut le cas pour d'autre que vous avez-vous-même tué. Vous avez poignardé Ould Taya votre protecteur et dieu d'hier. Vous avez assassiné Ould Cheikh Abdelahi votre serviteur et rempart d'hier.

Vous avez enterré Ely Ould Mouhamed Vall votre père et bienfaiteur d'hier. Alors ainsi va la vie cher père.

Vous vous êtes imposé à nous comme un serviteur et le messie que tout le peuple attendait. L'espoir était vraiment grand et le peuple debout comme un seul homme vous a soutenu et applaudit en père sauveur de la nation.

On n'acceptait tout de vous. En monarque absolu, vous aviez tous les droits et même celui de nous confisquer nos droits. Vous vous vantez que tout passait par vous. Alors et maintenant ? Je crois que c'est vous qui passez par tout. Vous étiez plus qu'un dieu d'enfants imposant sans vergogne ses caprices à tout son entourage et les plus fidèles amis.

Personne ne pouvait croire à l'existence d'un autre rêve que le vôtre. Vous avez été très ingrat à l'égard du peuple et des braves patriotes qui ne vous voyaient pas comme un dieu.

Cher père, je sais que vous regrettez énormément beaucoup de choses. Et c'est tout à fait normal après avoir hypothéqué des espoirs du peuple, chassé des fils du pays beaucoup plus utiles pour la construction d'une nation, marginalisé des communautés et j'en passe.

Mais croyez-moi nous ne pouvons que vous souhaitez du bien surtout qu'aujourd'hui, vous vous rendez surement compte que vous vous êtes fait entourer que par des charognards. Ne vous inquiétez pas pour eux, ils iront tous soutenir le nouveau maître des lieux. Un jour mon fils vous contera l'histoire des rats. En attendant, bien des choses au peuple en cette nouvelle année.

Cissé Housseynou Birama

L’avocat du peuple