24-01-2020 09:12 - Portrait de IMS : poète et homme politique engagé, journaliste et défenseur des Langues nationales

Portrait de IMS : poète et homme politique engagé, journaliste et défenseur des Langues nationales

Kassataya - Dans le cadre de son ouverture à l’opposition la Télévision nationale a invité cette semaine Ibrahima Mocktar Sarr président de l’AJD-MR.

Un long entretien au cours duquel les téléspectateurs mauritaniens et au delà des frontières ont découvert les multiples facettes de la personnalité d’une des grandes figures négro-africaine de l’opposition.

Un parcours de combattant de l’enfant de Mboki devenu aujourd’hui poète et homme politique engagé, journaliste et défenseur des langues nationales.

Partie 1 : Enfance difficile mais exaltante

De Mboki à Rosso: l’enfant de Mboki se souvient d’une enfance pénible passée entre l’école coranique ou le maître était très exigeant pour la récitation des versets et des moments d’apprentissage de la tradition orale a la place publique sorte d’agora du village où il passait des heures incalculables à écouter les grands conteurs de cette partie du Fouta réputée pour ses grands orateurs et grands poètes qui l’influenceront plus tard et également ces moments de détente dans les terrains vagues de cette petite contrée loin de la capitale et qui manquait de tout au plan des infrastructures sportives mais c’est l’endroit où il pouvait s’adonner au jeu favori de balle « Kola » qui ressemble fort au jeu américain Cricket.

Une enfance exaltante qu’il tentera de partager entre son village natal et Boghé ville frontalière au bord du fleuve Sénégal où il va entamer le cycle primaire en 55. Une époque ou la Mauritanie était encore sous la colonisation française et où il était plus facile pour le jeune écolier Ibrahima d’apprendre dans de bonnes conditions.

C’est ainsi que ses bons résultats vont le conduire au Lycée de Rosso le célèbre établissement d’où sont sortis pratiquement les meilleurs cadres de la Mauritanie après les indépendances 60. Il garde jalousement en mémoire ces bons moments d’acharnement au foot où il était considéré comme celui qui arrivait toujours le premier au terrain et qui en sortait toujours le dernier pour garder le ballon.

Une qualité qu’il cultivera plus tard dans la politique. Ensuite le foyer du lycée était aussi pour lui un endroit où il avait appris le vivre ensemble entre tous les élèves d’origine différente. Il regrette aujourd’hui le divorce entre les différentes composantes nationales qui se regardent comme des chiens de faïence alors qu’a l’école ce racisme n’existait pas.

Partie 2 : de l’engagement culturel au journalisme

Ceux qui connaissent bien Ibrahima Sarr ou qui l’observent de près sont unanimes sur l’homme de culture le poète et défenseur des langues nationales. Son parcours scolaire au lycée puis à l’ecole Normale de Nouakchott et un séjour de trois années au Sénégal auront forgé une personnalité bien révolutionnaire qui pensait changer le monde. Il épate ceux qui l’approchent avec sa facilite d’élocution héritée de son expérience d’enseignant et de journaliste.

Les langues nationales ce n’est pas un projet politique pour lui mais un retour à ses racines culturelles le Pulaar sa langue maternelle des 69 au moment où il s’est engagé politiquement dans le Mouvement démocratique national. Une expérience qui l’inspirera à écrire des recueils de poèmes en Pulaar inspirés de son village natal Mboki dévoilant ainsi ses grands talents littéraires et dont le chanteur sénégalais Baba Maal et le chanteur mauritanien Ousmane Hamady vont s’inspirer pour leur musique.

Son étonnement est grand de voir qu’une littérature abondante en Pulaar ne soit pas mise en valeur par l’Etat mauritanien. Pareil pour les productions littéraires en français. Un vide culturel qui ne laisse pas indifférent le poète negro-mauritanien triste de constater l’absence d’une véritable politique culturelle et la négation des cultures negro-africaines depuis les indépendances avec l’imposition de la langue arabe dans le système éducatif. Ibrahima Sarr prône l’inter culturalisme pour résoudre cette difficile cohabitation devenue au fil des années son cheval de bataille.

Un parcours atypique le conduira à travailler dans les assurances avant de tenter une aventure humaine plus exaltante dans le journalisme, une vocation cachée au départ mais qui se révèlera plus tard comme un véritable sacerdoce surtout pour la promotion des langues nationales auxquelles il tient comme la prunelle de ses yeux.

Présentateur du journal à Radio-Mauritanie

Ses premiers pas à Radio-Mauritanie de 75 à 78 se résument à présenter le journal parle en français et des reportages qui l’amenaient quelques fois à voyager avec le premier président de la Mauritanie le père de la nation feu Mokhtar Ould Daddah et plus tard avec le président Ould Haidallah dont il garde le souvenir que c’est le président qui a contribué à résoudre en partie la question de la cohabitation avec la création de l’institut des langues nationales dont l’expérimentation en matière d’enseignement des langues nationales est un succès non seulement dans le pays mais dans la sous-région.

« Télé culture »

Une belle carrière s’ouvre au jeune journaliste qui va intégrer l’ecole de journalisme de Dakar le CESTI pour une double formation en radio et télévision de 78 a 80. Sa fin de formation coïncide avec le démarrage de la télévision nationale. Et les téléspectateurs se souviennent encore de cette nouvelle émission « Télé culture » qui est un succès avec la réalisation à cette époque avec peu de moyens pour la première fois en play Back la grande chanteuse mauritanienne Dimi Mint Abba.

Un début à la télé promoteur et au fil des années Ibrahima Sarr va traduire cette expérience sous forme de contribution sur deux problématiques. L’une sur l’utilisation des langues nationales dans les médias et l’autre sur l’islam et la communication. Cette dernière réflexion est écrite à la prison de Oualata où il a séjourné pendant 4 ans de 86 à 90.

Partie 3 : des FLAM à l’AJD-MR

Curieusement c’est au Sénégal que l’étudiant Ibrahima Sarr va compléter sa formation politique à la suite de la grève de 66 des écoliers negro-africains contre l’arabisation. A Dakar il enseigne dans le privé pendant 3 ans. Période pendant laquelle il va côtoyer des révolutionnaires sénégalais de renommée internationale Blondin Diop Angélique Savane et Landing Savane ainsi que des militants du PIT Parti communiste sénégalais.

De retour à Nouakchott il intègre le parti mauritanien du travail ( PMT) avant de se lancer dans des mouvements comme l’UDM créée en 80 qui propulsera devant la scène nationale l’institut des langues nationales sous le régime de Ould Haidallah.Les rivalités avec le mouvement en majorité des Beydanes PKM ( Parti des Kadihines Mauritanie)révolutionnaire vont éclater au grand jour. En définitive l’influence de ce mouvement va contribuer à changer la donne politique.

Le père de la nation Mokhtar Ould Daddah crée une monnaie nationale l’ouguiya en 73 avant de nationaliser les mines de fer la MIFERMA en 74 et de réviser les accords de défense avec la France. Dans ce foisonnement de mouvements et partis politiques clandestins le jeune militant Ibrahima Sarr se range du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie en 83 ( FLAM) dont il est le secrétaire à l’information.

La publication du Manifeste du negro-mauritanien opprime en 86 sera le point de départ d’une longue épreuve contre le régime de Ould Taya. Tous les cerveaux de cette publication seront arrêtés jugés avant d’être emprisonnes à Oualata où quatre d’entre eux ne reviendront jamais. Une période difficile pour l’enfant de Mboki qui qualifie cette page sombre du mouvement d’université douloureuse. Il en sortira avec plusieurs recueils de poèmes et des réflexions sur la problématique de l’islam dans la communication.

Pour l’ancien prisonnier de Ould Taya la démocratie vue sous l’angle occidental n’est pas une panacée pour les États africains surtout d’obédience islamique comme la Mauritanie parce que la démocratie islamique se base sur le consensus associant ainsi même les minorités. Une interpellation aux autorités politiques de Nouakchott aux dirigeants africains et en enfin aux jeunes journalistes de la nouvelle génération pour approfondir la réflexion.

Cherif Kane



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Commentaires (1)

  • habouss (H) 24/01/2020 15:21 X

    Des estropiés du racisme d'état ! IMS a était, en effet, à l'avant garde de toutes les batailles pour une cohabitation juste des Nations mauritaniennes, même si son égo "trop fort" a quelquefois terni cette image.