27-01-2020 10:35 - Gambie: contre-attaque du gouvernement pour éteindre la contestation anti-présidentielle

Gambie: contre-attaque du gouvernement pour éteindre la contestation anti-présidentielle

La Libre Afrique - Le gouvernement gambien a lancé dimanche une contre-attaque drastique pour éteindre le mouvement de contestation réclamant le départ du président Adama Barrow, interdisant avec effet immédiat le collectif à l’origine d’une manifestation ayant tourné à l’émeute.

La police a procédé à plus de 100 arrestations et ceux qui soutiennent ce mouvement anti-présidentiel devront faire face à des « conséquences graves », a affirmé le gouvernement dans un communiqué.

« Pas une seule personne n’est morte pendant la manifestation d’aujourd’hui », ont affirmé les autorités dans ce communiqué signé du porte-parole du gouvernement, Ebrima Sankareh. Un responsable d’hôpital avait affirmé plus tôt dans la journée que trois personnes avaient été tuées, sans préciser leur identité et les causes de leur décès.

Le bilan de la manifestation, qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes dans la banlieue de Banjul, est néanmoins sévère: 137 personnes arrêtées par la police, d’autres en fuite ou tentant de quitter le territoire, selon le gouvernement.

Bien qu’il n’y ait pas eu de décès, « certaines personnes ont subi des blessures ne mettant pas leur vie en danger, dont 18 membres des forces de sécurité et sept civils », selon la même source.

Rassemblés à l’appel du collectif « Operation Three Years Jotna » » (« Trois ans, il est temps », dans un mélange d’anglais et de wolof), les manifestants réclamaient qu’Adama Barrow quitte le pouvoir après trois ans, comme il s’y était engagé en devenant le candidat unique de l’opposition fin 2016.

Des heurts ont éclaté lorsque les manifestants ont voulu dévier de leur itinéraire pour se rapprocher du centre de la capitale gambienne.

La police a fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser et les manifestants ont répliqué en lançant des pierres sur les forces de l’ordre et en allumant des pneus sur la voie rapide menant au centre-ville, selon un correspondant de l’AFP.

– « Mouvement subversif » –

Expliquant l’avoir jusqu’ici toléré, le gouvernement considère à présent le collectif anti-présidentiel comme « un mouvement subversif, violent et illégal ». Il lui « interdit à jamais d’agir sur le territoire de la Gambie », selon le communiqué.

Ce mouvement a « toutes les caractéristiques d’un groupe déterminé à renverser illégalement le président élu constitutionnellement, Adama Barrow », ajoute le texte.

Son président, Abdou Njie, a été interpellé dimanche, a rapporté le journaliste de l’AFP. Le gouvernement n’a pas donné d’information à son sujet dimanche soir.

Investi par une coalition de l’opposition pour défier le président Yahya Jammeh, qui dirigeait cette ancienne colonie britannique d’Afrique de l’Ouest d’une main de fer depuis 22 ans, Adama Barrow a remporté la présidentielle du 1er décembre 2016.

Il avait prêté serment à l’ambassade de Gambie à Dakar le 19 janvier 2017, alors que Yahya Jammeh se résignait à partir en exil après une intervention politico-militaire régionale.

Selon la charte fondatrice de la « Coalition 2016 », le nouveau président devait diriger un gouvernement provisoire pendant trois ans, avant d’organiser une nouvelle élection à laquelle il ne pourrait pas se présenter.

Mais il assure à présent que « personne ne pourra (le) forcer à quitter la présidence avant 2021 », s’attirant les foudres de ses anciens compagnons, qui l’accusent de « trahison ».

Dans son communiqué, le gouvernement exhorte les autorités locales à « conduire les suspects au poste de police le plus proche ». Et avertit que « donner refuge à des fugitifs est une violation de la loi ».

Il demande à tous de « cesser leurs relations avec ce mouvement illégal », ajoutant que « toute personne, station de radio, entreprise ou association » qui contreviendrait à cette directive sera « confrontée à conséquences sévères ».

– Radios fermées –

Les autorités ont également décidé de fermer le temps d’une enquête deux radios, Home Digital FM et King FM, les accusant d’avoir servi de plateforme pour la diffusion de messages incitant à la violence ou à rejoindre le collectif anti-présidentiel, le tout pour « menacer la sécurité de la Gambie ».

Le propriétaire de Home Digital FM, Pa Modou Bojang, et le directeur de King FM, Gibbi Jallow, « aident la police dans son enquête », selon le gouvernement.

Les deux hommes font partie des personnes interpellées, selon un employé de King FM et le secrétaire général du Syndicat des journalistes de Gambie, Saikou Jammeh.

Des milliers de partisans de l’ex-président Yahya Jammeh avaient été autorisés à manifester jeudi pour réclamer son retour d’exil, suscitant la colère et l’incompréhension des victimes de son régime, qui ont à leur tour manifesté samedi par centaines pour réclamer qu’il soit traduit en justice.

AFP





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 0
Lus : 1113

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (0)