21-02-2020 12:33 - Athéisme, prosélytisme, laïcité…et le silence assourdissant des mosquées

Athéisme, prosélytisme, laïcité…et le silence assourdissant des mosquées

L'Authentique - Depuis des jours, une affaire d’athéisme, de prosélytisme et de laïcisme défraye la chronique et secoue la conscience de millions de Mauritaniens. En face, le silence énigmatique et tonitruant des mosquées, notamment la Mosquée Saoudienne, fer de lance de toutes les indignations au nom d’Allah. Que se passa ?

Lorsque Birame Dah Abeid, président du mouvement Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) avait incinéré en 2012 quelques ouvrages du rite malékite dans un geste symbolique tendant à dénoncer leur contenu que lui et ses partisans accusent de sacraliser l’esclavage, d’immenses foules se sont déversées vers la présidence de la République pour demander sa tête.

Pendant des jours, le lynchage médiatique contre Birame se poursuivra sur toutes les tribunes avant d’aboutir à son incarcération, puis sa libération triomphante après quelques mois d’emprisonnement.

Et lorsque plus tard, Mohamed Ould M’Khaïtir publia un texte jugé offensant envers le Prophète (PSL), l’indignation prit une telle ampleur qu’un mouvement dénommé « Ahbab Rassoul » fut crée, animant chaque vendredi des meetings populaires où les manifestants scandaient « A mort à Ould M’Khaïtir », dans un concours de haine populiste.

Pendant des semaines, les foules remplies de colère réclameront sa tête, nourrissant l’actualité et faisant les gros titres des mass médias locaux. La fin de ce feuilleton est bien connue.

Les initiateurs du mouvement « Ahbab Rassoul » se crêperont les chignons suite à une série de scandales dignes du mariage de la fille de Satan, tandis que le jeune MKhaïtir, séquestré bien après sa condamnation libératoire, sera exfiltré pour un difficile exil à l’étranger.

Aujourd’hui, d’autres sont allés sur un palier supérieur. Il s’agit d’un groupe de jeunes dont certains sont accusés de s’être engagés sur la pente de l’athéisme, donc reniant Allah et ses prophètes, son Paradis et son Enfer, dans un élan d’incroyance qui peut, si les accusations sont étayées, les conduire à la potence selon la législation nationale.

D’autres sont accusés de prôner une Mauritanie laïque, sans interférence du religieux dans la conduite des affaires politiques, en rupture avec l’esprit de l’Islam qui est, selon les interprétations, une religion politique par essence dont l’ambition est de régenter la vie de l’homme ici-bas et dans l’au-delà. D’autres sont accusés d’avoir distribué des évangiles.

Aujourd’hui, il est permis de se demander, pourquoi cette sélectivité dans l’indignation des mosquées ? Et si les jeunes aujourd’hui poursuivis pour athéisme, laïcité et prosélytisme étaient des négro-mauritaniens ou des haratines ?

Que se serait-il passé ? A la lumière du cas du Hartani Birame et du forgeron Ould M’Khaïtir, les foules se seraient déversées dès le premier jour dans des marches vociférantes pour réclamer l’application de la Chari’a.

Nouakchott vivrait aujourd’hui sous la cadence des indignations au nom d’Allah. Les télés et les radios se transformeraient en tribunes non stop où érudits, non-érudits se succèderont pour dénoncer des « dérives dangereuses pour la Umma ». Ce serait des conférences à charge à ne plus finir.

Mais comme il s’agit de jeunes maures bon goût bon ton, dont certains de la haute aristocratie, c’est silence radio et profil bas. Aucune mosquée ne s’est indignée, aucune station télé ou radio n’a traité de l’évènement. Comme si rien ne s’est passé. Une banalisation effrayante dans une affaire où c’est la foi islamique qui a été publiquement malmenée.

Une telle attitude à plusieurs noms. Racisme, de la part d’un clergé qui utilise la religion pour mater une certaine frange de la population et en épargner d’autres. Discrimination, au nom de la solidarité tribale et ethnique. Hypocrisie qui consiste à s’indigner au nom de la religion selon la race ou la classe sociale de l’offenseur.

C’est la loi juive qui stipule « quand un noble vole on passe l’éponge, et quand un manant du bas-peuple vole, on le châtie ».

Cheikh Aïdara



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 5
Lus : 2685

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (5)

  • leguignolm (H) 21/02/2020 17:56 X

    Quand l'affaire des gays s'est éclaboussée sur Les raiseaux sociaux, ils avaient des gens qui disaient qu'il y a des lourdes et invisibles est ce n'est pas une continuité.

  • nemahaidara (F) 21/02/2020 15:08 X

    Article très explicite montrant que la haine du non arabe est profonde . On se demande est ce que ce ne sont pas ces imams qui inspirent depuis toujours l'état à tous les niveaux . Le cas cité ainsi appelle réfléxion

  • Lefrimeur (H) 21/02/2020 14:22 X

    Cette hypocrisie de la religion et des religieux va cesser rapidement.

  • Lefrimeur (H) 21/02/2020 14:21 X

    La laicité de la république n'est plus qu'une question de temps. Les mauritaniens en ont marre de ce manque de liberté criant et de cette justice du talion que véhiculent la religion. Ils veulent s'émanciper et vivre une vie en concordance avec ce siècle et ne pas passer cette vie comme des zombies, chapelet à la main, dans l'attente d'un paradis chimérique.

  • medabdul (H) 21/02/2020 13:28 X

    c'est ce qu'on appelle de la juiverie islamique;ces imams de mosquées avec leurs serouals douteux n'ont rien a dire.ces prôneurs de laïcité doivent réclamer en même l’état juif de la Mauritanie cela sonnerait bcp mieux.