20-03-2020 23:15 - Première signalisation de la chenille légionnaire d’automne en Mauritanie
Dr. Mohamed El Hady SIDATT - En février 2020, suite à une signalisation de la présence potentielle de la CLA dans le sud mauritanien, une mission s’est rendue dans deux régions, Brakna et le Gorgol où ont pu être constaté des dégâts importants sur le maïs et le sorgho dans les localités de M’Bagne (Brakna) et Monguel (Gorgol).
Ces localités cultivent les principales cultures céréalières du pays à savoir le riz, le maïs et le sorgho.La mission a installé deux pièges à phéromone dans les champs, qui ont permis la capture d’un grand nombre d’adultes au cours d’une seule nuit et confirmer la menace pour ces zones de culture.
En raison de la première signalisation La Chenille légionnaire d’automne (CLA)en Mauritanie, la FAO a appuyé le Ministère du développement rural pour la collecte et l’envoi des échantillons pour analyse moléculaire par le laboratoire de CABI en Angleterre. /es photos du terrain provenant des deux wilayas (Brakna et Gorgol) ainsi que les résultats d’analysemoléculaire confirment la présence de la chenille légionnaire d’automne dans le pays.
Ce nouveau ravageur connu sous l’appellation scientifique de « papillon Spodoptera frugiperda » est extrêmement fertile et mobile et transfrontalier.La chenille légionnaire est aussi dotéed’une capacité de dispersion très grande. Originairedes régions tropicales et subtropicales des Amériques, l’insecte a été détecté pour la première fois en Afrique au début de l’année 2016, au Nigéria.
Actuellement, il est déjà signalé dans45 sur les 54 pays du Continent. La chenille légionnaire d’automne s’attaque à près de 80 cultures différentes mais est particulièrement friande de maïs.
Outre le maïs, elle s’attaque à plusieurs cultures telles que le riz, le sorgho, le mil, la canne à sucre, les cultures maraichères. Le caractère transfrontalier de ce ravageur impose de mutualiser les efforts et de travailler ensemble, d’une manière concertée à tous les niveaux (national, sous régional et régional).
Lutter contre la CLA est complexe d’où l’urgence de mutualiser les efforts
Face à cette menace la FAO a déjà mis à la disposition de la Mauritanie 4 kits de pièges à phéromones pour renforcer la surveillance dans les zones de culture.La lutte contre ce ravageur doit être basée sur une approche intégrée de gestion du ravageur faisant appel à toutes les mesures culturales et le recours aux pesticides doit être considéré avec beaucoup de précautions.
En effet, l’usage des pesticides a montré ses limites par son impact négatif sur les auxiliaires. Sur le continent américain, la chenille a développé des résistances.
D’autres solutions pour limiter les dégâts sont également étudiées par l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), qu’il s’agisse d’isoler les zones infestées en créant des barrières naturelles, telles que des tranchées, de recourir à des oiseaux prédateurs de la chenille, voire de brûler les cultures infestées.
Les cultivateurs doivent aussi utiliser la lutte mécanique, en ramassant les chenilles et les œufs. Ils doivent par la suite brûler les feuilles sur lesquelles sont présents les chenilles et les œufs.
Pour être durable, cette lutte contre la CLApasse par la prévention, la surveillance permanente et la lutte intégrée. Même s’il s’avère très complexe d’éliminer complètement la CLA des champs, il y a des mesures que les agriculteurs peuvent prendre avant ou lors de l’ensemencement de leurs champs pour réduire l’infestation et l’impact de la CLA sur leurs cultures.
Les premières étapes d’interventions consistent à utiliser des semences de haute qualité ; éviter un ensemencement tardif ou décalé (parcelles de différents âges) ; garder les champs et environs libres des mauvaises herbes ; rechercher les masses d’œufs et les écrasez à la main enfin, augmenter la diversité végétale dans les parcelles.
La FAO a par ailleurs, publié un guide pour lutter efficacement contre la chenille légionnaire. Ce guide s'appuie sur les expériences des agriculteurs et des chercheurs originaires d'Amérique du Sud et d'Amérique du Nord qui ont vécu aux côtés du ravageur pendant plusieurs siècles et sur les nouvelles technologies et leçons apprises en Afrique jusqu'à présent.
Les agriculteurs africains et le personnel agricole opérant en première ligne disposent à présent de conseils pratiques pour lutter efficacement contre la chenille légionnaire.
La FAO et le Ministère du Développement Rural continue leur collaboration pour développer et mettre en œuvre un programme détaillé pour la gestion de ce ravageur et la réduction de son impact sur les cultures dans le pays.
Pour plus d’information, veuillez consulter les sites suivants :
www.fao.org/Africa, www.plantwise.org/fallarmyworm
Dr. Mohamed El Hady SIDATT
Fonctionnaire technique en charge de la Production et Protection des Plantes
Bureau sous régional de la FAO pour l’Afrique du Nord
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