19-08-2020 12:33 - Ould Abdel Aziz en état d’arrestation

Ould Abdel Aziz en état d’arrestation

L'Authentique - La nouvelle est tombée en milieu d’après-midi de lundi, à la surprise générale ! L’ex-président, Mohamed Ould Abdel Aziz est entre les mains de la Police des crimes économiques pour des faits de détournement de deniers publics constatés la semaine dernière contre lui après l’arrestation d’un notaire et pour des présomptions de corruption contenues dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire qui s’était intéressée à certains dossiers économiques lors de ses dix années de présidence.

L’affaire portant sur le contrôle de la gestion des deniers publics des dix dernières années de l’ex-président Ould Abdel Aziz, jusque-là aux mains d’une Commission d’enquête Parlementaire, a connu lundi dernier, un nouveau rebondissement ! L’ex-chef d’Etat, qui avait refusé de déférer à la convocation des Parlementaires il y a deux mois, a cette fois, répondu à la Police des crimes économiques désormais à charge de ladite affaire.

Pouvait-il agir autrement ?... En tout cas, la Police n’avait pas exclu un tel scénario. Des moyens persuasifs avaient alors été déployés à l’occasion, avec des dizaines de policiers qui ont pris d’assaut les alentours du domicile présidentiel avant de lui notifier la convocation de la direction générale de la sûreté nationale.

L’ex-chef d’Etat était alors en compagnie de l’un de ses fidèles, l’ex-ministre des Affaires étrangères Isselkou Ould Izidbih et de membres de sa famille. Il promit de répondre à la convocation.

Une heure plus tard, vers 18 Heures, il sortait de son domicile en compagnie de son chauffeur. Leur voiture fut encadrée jusqu’aux portes des locaux de la Police où elle fut réquisitionnée et le chauffeur renvoyé.

Dehors, une foule immense s’était formée, qui avait pris le départ du domicile de l’ex-président. Pour la contrer, des éléments de la Police furent appelés en renfort et qui ont fini par quadriller toute la zone jouxtant les locaux de la Police. L’un des membres du Pole de ses avocats qui avait tenté de s’infiltrer fut vite repoussé.

L’interrogatoire de Ould Abdel Aziz fut alors enclenché, portant d’abord sur les derniers développements de « son » affaire, ceux faisant suite à l’arrestation d’un notaire (auprès duquel ont été découverts des actes de cessions et autres certificats de vente foncière en son nom ou au nom de membres de sa famille), les centaines de voitures Haut de gamme découvertes dans des hangars situés au nord de Nouakchott, les dizaines de gros véhicules et autres engins retrouvés dans des terrains qui relèvent de son patrimoine, les centaines de terrains, les maisons, les résidences de luxe dont certains seraient acquis par des voies détournées dans les affaires liées au « fameux Madoff mauritanien », l’érudit Cheikh Ridha.

Autres notifications, celles ayant trait à des dossiers rassemblés par la sûreté le concernant personnellement et relatifs à la « sûreté de l’état. », mais aussi les dossiers qui avaient été abordés par la Commission d’enquête Parlementaire.

Face aux limiers, l’ex-président a d’abord refusé de se prononcer. C’est ce que nous avons appris de sources dignes de foi qui indiquent qu’il se serait contenté d’observer ses vis-à-vis, pendant près de deux heures d’horloge avant de se résigner à leur répondre.

Selon nos sources, l’homme ne semblait pas être dérangé, outre mesure. Il limitait toutefois ses réponses aux seules questions portant sur les dossiers rassemblés par la sûreté et qui n’avaient aucun lien avec le rapport de la commission d’enquête parlementaire.

Il aurait ainsi soutenu en substance, que les véhicules découverts dans différents hangars appartiendraient à la Fondation de son fils « Feu Ahmedou », et conséquemment, il ne lui revenait pas de répondre de leur origine. Quant à ses biens fonciers, l’ex-président aurait affirmé qu’ils avaient été acquis légalement et mettait au défi la police de lui présenter la moindre preuve d’une quelconque illégalité, lors de leur acquisition.

Son unique réaction aux questions relatives à l’enquête de la Commission Parlementaire porta sur le fait qu’il n’était pas tenu de répondre aux allégations au vu de son statut d’ancien président de la République, qui selon lui ne pouvait être entendu, dans ce cas de figure, que par la Haute cour de Justice !

Vers 23 Heures, ne parvenant pas à amener leur hôte à répondre à toutes leurs questions, les limiers de la Police des crimes économiques, décidèrent de le placer en garde à vue. Il fut conduit, sous haute escorte aux locaux de la DGSN situés dans la vieille enceinte du stade de la capitale quadrillée nuitamment par des éléments de la Police.

Réagissant à la situation, son Pôle d’avocats publia un communiqué dans lequel il faisait remarquer que « son client avait été empêché d’être assisté » et qu’en l’occasion, il se trouvait dans un « état illégal de séquestration ». Par la suite, il appellera la justice, à être « le garant des libertés et des droits, à respecter les mesures et les procédures, afin de permettre à son client de jouir de tous ses droits juridiques ».

Autre réaction de la soirée, celle des Maires de Mauritanie qui ont publié un communiqué dans lequel ils ont estimé que "les sommes énormes qui ont été détournées et gaspillées, durant cette dernière décennie, suffisaient pour garantir le développement local et résoudre les problèmes de pauvreté, de santé, d’éducation, d’eau potable et de précarité" au niveau des communes.

L’ex-président fut alors placé en détention préventive et devait conséquemment sa première nuit dans une cellule et interdit de déplacement.

Oumar El Moctar



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 5
Lus : 5372

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (5)

  • dykrim (H) 19/08/2020 14:17 X

    Voila le gouvernement que les marginalisés et les opprimés veulent raisonner. Un gouvernement qui est capable de mettre hors état de nuire un homme aussi riche et puissant comme le général AàZ, je me demande comment un simple opprimé marginalisé peut avoir ses droits face à une puissance comme cella si elle décide autrement ? Le peuple majorité et minorité ne demandent que l’équité entre les citoyens, vu que nous sommes tous impuissant devant la force de l’état, sinon les gouvernants auront tous des comptes à rendre damais devant Dieu.

  • leguignolm (H) 19/08/2020 14:07 X

    Depuis l’arrestation de ce notaire (la boite noire de la mafia d’Aziz) ceci a accéléré ou précipiter les choses mais c’est le menuisé métallique Egyptien qui retarde la case à perroquet qu’on avait commandé qui a la taille de celle d’ex-président Egyptien. Et ces maires leur acte comme disait un proverbe Danois : « un vieux lion est la risée des chiens ». Et ces conseils régionaux depuis qu’ils ont compris que l’avenir est devenu sombre à Ould Abdel Aziz, ils ont repris leurs vies hibernes.

  • Kaara Koro (H) 19/08/2020 13:00 X

    Article bien rédigé. Il faut continuer de nous informer et de nous livrer de nouvelles très fraîches, sans répéter ce qui s'est passé; ensuite nous ne voulons plus les photos d'Aziz au moment où il était au pouvoir. Il faut tourner la page.

  • Marrakech (F) 19/08/2020 12:50 X

    Il n'a que ce qu'il mérite !

  • Yacoubelhakem (H) 19/08/2020 12:49 X

    Cet escroc doit rembourser, lui, ses parents et proches,tout ce qu'il a détourné pendant ses dix années de pouvoir. Si la justice existe dans ce pays, c'est le moment d'agir puisque ce monsieur a mis tout le peuple mauritanien (sauf ses parents proches et lointains) dans la pauvreté la plus totale en volant tout ce qui se trouvait sur son chemin! Quelle honte! Ce monsieur n'a aucune dignité, ni aucun honneur!