30-09-2020 21:21 - En Mauritanie, la société civile se mobilise contre les affaires de corruption qui éclaboussent l’ancien pouvoir

En Mauritanie, la société civile se mobilise contre les affaires de corruption qui éclaboussent l’ancien pouvoir

Le Monde Afrique - Une commission d’enquête parlementaire fait la lumière sur l’attribution de plusieurs marchés suspects et sur la gestion d’établissements publics. Pour la première fois, la société civile mauritanienne entend faire valoir ses droits dans une affaire de biens mal acquis.

Début septembre, un collectif de quatorze organisations s’est constitué partie civile dans le processus judiciaire en cours dans de vastes affaires présumées de corruption, gabegie et détournements de fonds publics qui agitent le milieu politico-économique de ce pays sahélien, souvent pointé du doigt pour son opacité dans le climat des affaires et placé à la 152e place sur 190 du classement Doing Business.

« Si les faits extrêmement graves qui sont mentionnés dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire sont avérés, ils portent atteinte aux intérêts du peuple, assure Mohamed Abdallahi Bellil, président de l’Observatoire mauritanien de lutte contre la corruption et leader du collectif.

Nous assistons en ce moment au réveil d’une société civile qui prend enfin conscience de son rôle et qui veut qu’on lui restitue des biens spoliés. » Une première initiative qu’il sent « porteuse de beaucoup d’espoir ».

Sur demande de l’Assemblée nationale, une commission d’enquête parlementaire a été constituée fin janvier pour faire la lumière sur l’attribution de plusieurs marchés suspects (vente de domaine de l’Etat, activités d’une société chinoise de pêche…), mais également sur la gestion d’établissements publics tels que la Société nationale industrielle et minière (SNIM) ou la Société mauritanienne d’électricité (Somelec).

Les conclusions sont très alarmantes. Pour les seuls accords passés par la SNIM, la commission relève les infractions de « corruption d’agents et de marchés publics, surfacturation et dépenses fictives, détournements, trafic d’influence, abus de fonction, prise illégale d’intérêt, enrichissement illicite, recel… »

« Je suis la principale cible »

Parmi les personnes ciblées par ce rapport explosif de 800 pages figurent d’anciens ministres, des hommes d’affaires, des cadres de la haute administration mais aussi l’ancien chef de l’Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz. « La vente de la mine [de fer] de Fdérick par l’administrateur directeur général sans en référer au conseil d’administration… et sur instruction de l’ancien président est une violation flagrante des lois et règlements en vigueur », dénonce le rapport.

« Au regard des potentielles collusions sur plusieurs ventes de domaines à Nouakchott, en particulier pour la vente de l’école de police, du stade olympique… dont le principal bénéficiaire final est la société SMIS SARL propriété d’une personne physique de la famille de l’ancien président, la commission recommande de saisir les autorités judiciaires compétentes », peut-on encore lire dans ce travail conséquent.

[...]

Par Pierre Lepidi





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 3
Lus : 2403

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (3)

  • Marrakech (F) 01/10/2020 07:12 X

    Il était temps que la société civile réagisse et fasse entendre sa voix car les citoyens sont les premières victimes d'Aziz. Ce sont les mauritaniens qui peuvent faire accélérer le processus, le collectif d'avocats mandatés par l'Etat semble muet, son principal rôle est de faire croire que l'Etat s'implique dans cette affaire pour défendre l'intérêt collectif ...

  • Marrakech (F) 01/10/2020 07:01 X

    Le voleur se déguise en victime : quel minable système de défense !

  • Mohamedene (H) 30/09/2020 21:26 X

    Une société civile mue par le grouillement du ventre creux n'a aucun pouvoir sauf plaire au occupant de la maison brune de Nktt !