09-10-2020 09:12 - Mauritanie: voici pourquoi la zone franche de Nouadhibou va être restructurée

Mauritanie: voici pourquoi la zone franche de Nouadhibou va être restructurée

Le360 Afrique - La zone franche de Nouadhibou tarde à prendre son envol à cause de pratiques frauduleuses qui l'ont détournée de ses objectifs économiques. Une mission ministérielle de haut rang dépêchée sur les lieux a émis un certain nombre de recommandations pour dynamiser cette plateforme.

La réalité de la zone franche de Nouadhibou (ZFN), grande métropole, cité portuaire et minière du nord de la Mauritanie, à la croisée des voies terrestres et maritimes Afrique de l’Ouest-Maghreb-Europe-Amérique, ressemble étrangement à l’histoire d’un décollage raté.

Conséquence, l’institution, dont la vocation est d’offrir un espace «généralement affranchi d’impôts, afin de faciliter le développement de nouvelles entreprises et la création d’emplois industriels» se retrouve au cœur d’un débat, et même d’une énorme controverse, du fait de certaines pratiques qui en ont dévoyé l’esprit, créant ainsi une espèce de mafia foncière au profit d’individus tournés vers la spéculation.

Un constat qui oblige les nouvelles autorités mauritaniennes à s’orienter vers un changement de paradigme.

La zone franche de Nouadhibou (ZFN) a été créée par la loi 2013/001 en date du 2 janvier 2013.

Mais après 8 ans d’existence, elle peine à remplir sa mission, du fait de l’attribution «de prérogatives régaliennes» totalement étrangères à la vocation originelle d’une zone franche.

Ce constat a été établi par une mission interministérielle, qui recommande de débarrasser l’institution des attributions superflues.

Ce qui reviendrait à «limiter les avantages aux seules entreprises qui ont un impact mesurable, à réduire la surface géographique de la zone franche, ainsi que son système de gouvernance, avec une prise en compte de la gestion de la transition».

Cette recommandation figure dans une communication conjointe présentée en réunion du gouvernement, le 1er octobre dernier, par le ministre des Affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs, Ousmane Mamoudou Kane, le ministre de la Pêche et de l’économie maritime, Abdel Aziz Dahi, le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, Khadija Cheikh Bouka, et le secrétaire général du gouvernement, Amadou Tijane Thiam.

Le document présenté en Conseil des ministres est le résultat d’une mission de terrain effectuée dans la capitale économique les 17 et 18 septembre 2020.

Cette communication préconise «la réalisation le plus rapidement possible, de certaines infrastructures sur le modèle des contrats de partenariat public/privé (PPP), une garantie de la fourniture des services de base (eau, électricité, moyens de communication, notamment internet), la construction d’un port en eau profonde et d’un aéroport, la garantie d’un système d’assainissement aux normes, une formation et une professionnalisation des ressources humaines, en vue d’avoir une main d’œuvre qualifiée; et une revue du régime de la fiscalité de la pêche par l’application de la Stratégie nationale de développement durable et inclusif de la pêche maritime».

Multiples maux et bilan médiocre

La mission gouvernementale dresse un bilan sombre caractérisé par «une absence des conditions nécessaires à la réalisation des objectifs assignés à la Zone Franche de Nouadhibou (ZFN)».

Le document ajoute que a mission originelle de la ZFN a été dévoyée pour en faire un outil «d’expropriation, de morcellement et de vente aux enchères publiques de terrains ou d'espaces appartenant à l’Etat. Par exemple en 2016, l’autorité de la zone franche a vendu 600 lots situés dans la zone des cabanons à des privés totalisant des revenus de 8 milliards d'ouguiyas».

Par ailleurs «le régime fiscal et douanier accordé par la zone franche est venu se superposer aux autres régimes dérogatoires au niveau de Nouadhibou: régime commun, régime Société nationale industrielle et minière (SNIM), régime Poly Hong Dong, régime points francs, régime Code de la pêche, régime des hydrocarbures et régime des Codes des investissements».

Ces conclusions de la mission gouvernementale recoupent parfaitement l’opinion de nombreux observateurs s’exprimant à travers les réseaux sociaux.

C’est le cas notamment de Mohamed Yahya ould Haiba, qui soutient qu’en créant la ZFN, «les décideurs de l’époque l’ont voulue comme un mirage pour cacher des malversations. L’essentiel pour eux n’était pas la réussite du projet, mais son usage des fins privées (emplois fictifs, morcellements de terrains distribués au patron de la décennie écoulée et ses proches, des usines de conserves de poissons, de farine et d'huile de poissons qui ont fleuri comme des champignons, des bateaux qui pêchaient dans les eaux sans payer aucune taxe, des appels d’offres systématiquement attribués à des proches».

Enorme manque à gagner pour le fisc dont les ressources sont nécessaires à la réduction de la pauvreté, nouvelle mafia foncière et impact marginal sur l’emploi, il faut alors imaginer un nouveau paradigme de fonctionnement à travers la réforme de la loi 2013.

C'est l'option privilégiée par le gouvernement.

Depuis sa création la zone franche de Nouadhibou (ZFN) affiche les chiffres suivants: «452 entreprises agréées. Parmi celles-ci, 294 restent encore en activité, 130 sont en cours d’installation et 28 enregistrements ont changé de régime».

Ces sociétés opèrent dans la pêche, l’industrie, le tourisme, notamment.

Par De notre correspondant à Nouakchott
Amadou Seck




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Commentaires (4)

  • LA VERITE SUR LA MAURITANIE (H) 09/10/2020 13:27 X

    Les employés de la ZFN se comptent par centaines avec des salaires faramineux et un rendement moins un (-1) ! Ces cadres ne viennent à leurs bureaux qu’à 17 heures, quand il n’y a plus personne ! L’autorité de la zone franche à Nouadhibou est devenue tout simplement un club des larrons. Le grand malheur, pour ne pas dire la plus sévère malédiction qui ait frappée la ville de NOUADHIBOU depuis son indépendance est la création de la zone franche de NOUADHIBOU

  • LA VERITE SUR LA MAURITANIE (H) 09/10/2020 12:58 X

    Aziz et sa bande ont pillé les recettes minières, halieutiques et foncières de Nouadhibou. Avec son système de guichet unique à Nouadhibou zone franche, il a orienté tous les tuyaux financiers vers sa poche. Il a favorisé certains politiciens, hauts fonctionnaires et hommes d’affaires de s'enrichir, au détriment de l’environnement, du peuple parfois des valeurs humaines et éthiques. Nouadhibou est devenue une ville ruinée et meurtrie La zone franche est une affaire d’un clan, d’une mafia avec des affaires criminelles, louches. Les gens de Nouadhibou crient aujourd’hui et à tout moment haut et fort, qu’ils ne gagnent rien dans la création de cette zone franche ! Face à ce constat accablant, le president ghazouany doit supprimer cette zone franche .Pourquoi continue -t-on à entretenir une mafia .

  • El-kheir (H) 09/10/2020 11:48 X

    Vous investissez en Mauritanie partout sauf dans la ZFN et l'etat vous octroie outre des avantages comparables à la ZFN un terrain ou concession dont les frais sont en moyenne 600UM/m2. Bastaa La ZFN demande les mêmes dossiers et au lieu de mettre à disposition le terrain, vous devez payer l'accès au même titre qu'ailleurs sur le territoire, mais en plus un loyer annuel equivalant??? En échange ils ne fournissent ni l'eau, ni le courant, ni un accès rourier sur les zones industrielles.

  • El-kheir (H) 09/10/2020 11:40 X

    Entre autres malversations, la ZFN fait recenser et enregistrer les permis d'occuper des zones de cabanons pour régularisation puis pour soi-disant un projet prioritaire requisitionne et passe au buldozer tous les terrains sous 30 jours sauf un ou deux pour des proches du sultant. Dans les fait aucun projet prioritaire du type marina n'est réalisé, un goudron prévu au plan d'aménagement de la zone est construit et les cabanons revendus et transmis aux gouvernants de la décénie et leur clan. Toute la population de Nouadhibou s'est vue privée illégalement de ses plages et campings qui fesaient la douceur de vivre sur la presqu'ile. Rendez-nous nos cabanons, vous avez la liste, nous avons droit à une parcelle en bord de mer sur les cendres nos cabanons.